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La rose de Raby

La rose de Raby

Titel: La rose de Raby Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
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lèvres souriantes, quand on la provoquait, elle pouvait s'emporter avec passion et ne plus surveiller sa langue. Elle ôta ses gants de samit brodé de perles pour essuyer la goutte de sueur qui coulait de son front. Elle ébauchait son geste quand Bourchier s'exclama tout à coup :
    —
    Là! Là! Vous entendez, maintenant, Kathryn, Simon?
    Il regarda Luberon.
    Ses deux hôtes, qui avaient entendu, hochèrent la tête.
    —
    Des rats! s'écria Bourchier. Des rats partout dans Cantorbéry, partout dans mon palais !
    Il se tourna d'un air furieux vers la grande salle comme si par le simple effet de son regard il pouvait bannir et chasser ce fléau qui s'était soudainement abattu sur sa ville et son église.
    —
    Les Halegrins ! déclara l'archevêque.
    —
    Qu'entendez-vous par là, Votre Éminence? s'enquit Kathryn.
    Bourchier se cala sur son siège.

    —
    C'est un vieux mot qui désignait les violeurs de tombes et ceux qui mangeaient la chair humaine.
    Kathryn trouva qu'il exagérait mais ne dit rien. L'archevêque fit signe à Luberon.
    — Allons, Simon, faites-moi votre rapport.
    Le clerc joignit ses doigts.
    —
    Nous sommes maintenant au début d'avril. D'ici à la fin du mois, Votre Éminence, la cité de Cantorbéry sera pleine de pèlerins. Sa Grâce le roi est déjà à Islip.
    — Oui, oui, je sais tout cela. Mais ce fléau ?
    —
    Il y a toujours eu des rats à Cantorbéry, déclara Luberon d'une voix forte.
    —
    Je le sais ! aboya Bourchier. Certains ont deux jambes !
    Le clerc dévisagea l'archevêque d'un air outré; Kathryn se mordit la lèvre inférieure.
    — Venons-en au fait, Simon !
    Luberon se crispa parce qu'il avait mal au ventre et se demanda de nouveau si la viande qu'il avait mangée dans cette taverne n'était pas avariée. Il se promit d'en toucher un mot à Kathryn. Peut-être pourrait-elle l'aider? Et si la viande avait été corrompue par ces rats?
    — Simon? ronronna l'archevêque.
    —
    Les rats sont apparus au début de mars, vers la Saint-David du pays de Galles. On nous a d'abord rapporté une infestation hors de l'enceinte de la ville, près de la Stour, puis d'autres rapports nous sont arrivés sur des infestations dans les quartiers de Westgate et de Northgate.
    Le clerc haussa les épaules.
    —
    Dès lors, il était trop tard. Il y a des rats partout. Comme vous le savez, Votre Éminence, il existe sous la ville d'anciens égouts et souterrains. Les rats les utilisent
    Luberon étendit les mains.

    —
    Quand ils sortent au grand jour dans les rues, ils trouvent de quoi se nourrir en abondance : monceaux de détritus, déchets des abattoirs, des marchands de volaille, ordures qui encombrent toutes les allées. Ils font beaucoup de dégâts dans les réserves de nourriture, en particulier les céréales — en vérité, tout ce qui est entreposé dans les caves des maisons.
    Quand ils ont faim, ils attaquent ce qu'ils trouvent. Les négociants en vin et les taverniers se plaignent qu'ils rongent le bois : les tonneaux, les fûts et les cuves sont gâchés.
    Bourchier se tourna vers Kathryn.
    —
    Est-ce possible ?
    —
    Je suis médecin, Votre Éminence, pas chasseur de rats.
    —
    Je sais, je sais, mais...
    —
    Les rats mangent tout, se hâta de poursuivre Kathryn. Normalement, ils ne rongent pas le bois ou la vannerie, mais si le bois a contenu de la nourriture ou de la boisson, comme une cuve de vin, alors, oui, ils s'y attaquent. Ils dévorent tout et vivent pour manger et se reproduire...
    —- Comme nombre de fils d'Adam, interrompit sèchement Bourchier.
    — Ils peuvent avoir au moins quatre portées par an, déclara Kathryn.La ville n'a encore jamais connu pareille infestation. Les rats vivent n'importe où, vont n'importe où, ils savent nager, et mangent n'importe quoi. D'après certains médecins, de mauvaises maladies se propagent par eux.
    Pourquoi? s'enquit Bourchier,
    Oubliant la chaleur excessive, Kathryn se pencha en avant, énumérant sur ses doigts ses arguments.
    —
    Premièrement, là où il y a saleté et détritus, les maladies et les rats prolifèrent toujours. Nous ignorons lesquels des deux sont la cause ou l'effet Deuxièmement, leurs urines et leurs excréments doivent être empoisonnés.
    Luberon déglutit péniblement, portant la main à sa bouche. En vérité, il avait un peu mal au cœur.
    —
    Ensuite? s'enquit Bourchier.

    —
    Mon père — que Dieu accorde le repos à son âme, Votre Éminence —, mon père aimait s'entretenir avec

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