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La vengeance d'isabeau

La vengeance d'isabeau

Titel: La vengeance d'isabeau Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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m’a-t-elle dit.
    —  Nous sommes le 24 septembre ! s’écria Marie.
    —  Précisément. Et cette nuit, quarante ans plus tard, l’alignement sera parfait, jubila Philippus en pressant les mains de Marie avec tendresse.
    Ils réunirent les ingrédients dont ils avaient besoin puis apprirent par cœur chacun de leur côté la formule de la liqueur à concevoir, voltant et révoltant sans cesse le vélin entre leurs doigts pour être certains de ne rien oublier ou mal faire.
    Une heure avant le milieu de la nuit, Philippus se laissa choir sur une chaise. Bientôt, la dernière planète serait alignée. À cet instant précis, ils devraient unir toutes les substances et commencer la distillation en chauffant les cornues. Il pressa ses tempes. Une migraine persistante l’avait saisi sournoisement qui allait en s’amplifiant au fil des heures, son estomac lui pesait au point qu’il lui devenait difficile de plus en plus souvent d’étouffer des régurgitations. Il mit ces troubles sur le compte de l’angoisse. S’il échouait, il ne se le pardonnerait pas.
    Marie ne s’étant aperçue de rien, il fixa son attention sur le ciel à l’aide de son astrolabe. Lorsque le moment arriva enfin, il se força à réunir sa pensée escharbotée {10} sous le joug de la douleur.
    —  Maintenant ! dit-il à Marie qui se tenait tellement prête qu’elle bondit de sa chaise.
    Philippus tenait entre ses doigts le vélin et, chaque fois qu’elle mentionnait tout haut l’élément qu’elle ajoutait, il le vérifiait sur la liste. Elle termina comme sa vue à lui se brouillait.
    —  Active les braises sous les cornues, dit-il, la langue pâteuse.
    Toute à sa concentration, Marie ne s’aperçut pas qu’il s’était adossé au mur et essuyait son front blême et suant d’un revers de main.
    —  Voilà, père. Il n’y a plus qu’à attendre, conclut-elle avec satisfaction en se tournant vers lui.
    Elle poussa un cri devant son teint blafard et se précipita comme il tentait un timide sourire.
    —  Je ne me sens pas très bien, affirma-t-il en s’affalant sur un siège qu’elle tira à lui.
    —  Montre-moi ta langue, ordonna Marie saisie d’une intuition.
    Elle était violacée, marbrée d’ocre, tout comme son index qu’elle examina. Mais Philippus avait déjà compris. Ces signes-là, il les avait traités sur François de Chazeron bien des années auparavant. Pour preuve, un spasme le courba en avant et il vomit une bile âcre.
    —  Retrouve Lévi, articula-t-il. Il loge au coin de la troisième rue à droite. Je l’y ai fait suivre hier, ajouta-t-il la tête embrumée. Je craignais sa traîtrise.
    —  Tu ne vas pas mourir, n’est-ce pas ? s’inquiéta Marie comme Ma se mettait à hurler.
    —  Il faut faire vite. Va. Emmène Ma. Les rues… commença-t-il, mais la douleur devint trop violente en son ventre et il se tut en grimaçant.
    Sans plus attendre, elle dévala l’escalier, Ma sur ses talons. Des larmes lui coulaient des yeux mais elle n’en avait cure. Son père ne pouvait pas mourir. Pas maintenant qu’ils touchaient au but.
    Elle parvint au seuil de la porte comme l’Hébreu la claquait, sa voiture rangée à quelques pas. Le grognement de Ma le fit se retourner et une terreur réelle se lut sur son visage tandis que Marie se jetait sur lui. Le cocher voulut intervenir, mais la louve le tenant en respect, il se contenta de rassurer ses chevaux qui piaffaient d’inquiétude à son approche.
    —  Qu’avez-vous fait à mon père ? explosa Marie. Vous allez le guérir, tout de suite, ou je jure devant Dieu que Ma ne vous laissera pas seulement la force de prier !
    —  Calmez-vous, dit l’homme, je vais vous accompagner.
    Il ne tenait pas à ameuter le quartier et à être dénoncé en public. Les tablettes qu’il emportait devaient auparavant être mises en sûreté. Il entraîna Marie par l’épaule et donna l’adresse au cocher avec l’ordre de démarrer. En un instant, ils furent devant la maison de Philippus.
    —  Attendez-moi ici, ordonna Lévi.
    Ils parvinrent dans la pièce comme Philippus vomissait une nouvelle fois. D’un regard, Lévi embrassa la situation. Elle était bien telle qu’il l’avait imaginée. Philippus le dévisagea et chuchota d’une voix hachée :
    —  Le contrepoison. Donnez-moi le contrepoison.
    —  Hélas ! Je ne l’ai pas.
    —  Vous mentez ! hurla Marie, tandis que Ma hérissait ses poils et retroussait les

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