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Le Chant des sorcières tome 2

Le Chant des sorcières tome 2

Titel: Le Chant des sorcières tome 2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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légendaire cité.
    Mounia se mordait la joue. Son esprit galopait. Tout ce qu'avait raconté Catarina trouvait un écho en sa mémoire. L'esprit des Géants, cette nuit, le lui avait légué. Elle redessina de mémoire les circonvolutions étonnantes de la carte. Elle était de peau. Ce n'était donc pas l'original comme son père le lui avait affirmé, mais une copie. Un doute la prit. Pourquoi son père, agissant contre son tempérament, avait-il fouillé les bagages du prince Djem au Caire ? Avant d'en découvrir un soigneusement caché dans un coffret, il ne lui avait jamais parlé de ces flacons pyramides. Ce jour-là, alors qu'elle pleurait à l'idée de se sacrifier dans le lit de Djem, il lui avait affirmé que ces fioles étaient nécessaires pour déterminer l'emplacement de ce qu'il prétendait être un nouveau monde. Comment avait-il pu reconnaître l'une d'entre elles ? Sur la carte, elles n'étaient symbolisées que par des triangles. En admettant qu'il n'ait pas jugé utile de tout lui expliquer, pourquoi en la découvrant ne l'avait-il pas volée directement au lieu de la forcer, elle, sa propre fille, aux épousailles, et, faisant fi du danger auquel il l'exposait, de lui demander de la lui rapporter à la première occasion ? Pensait-il que le prince connaissait la cache des autres et le lui confierait ? En ce cas, pourquoi ne pas le lui avoir dit clairement ? Cela n'avait pas de sens. Jusque-là, impressionnée par le savoir de son père, par l'attrait et le respect que cette carte avait éveillés en elle, Mounia s'était soumise, ne s'était posé aucune question sur lui. Mais ce jourd'hui, les zones d'ombre sur les motivations de celui qu'elle vénérait noircissaient ses pensées. D'autant que sa mère était la descendante directe du dernier des pharaons. Était-ce à cause de cela qu'il l'avait épousée ? Pour qu'elle leur enseigne leur parler, jalousement transmis de génération en génération, ce parler qui cette nuit lui avait permis de communiquer avec les Géants et à eux de deviner qui elle était ?
    Le cœur douloureux du sentiment d'avoir été flouée, elle releva la tête.
    — Nous devons retrouver cette terre, Catarina.
    — Ceci est votre destin en effet, affirma la Sarde en se dressant.
    Son heure de gloire, celle pour laquelle sa grand-mère avait voulu la préparer, était arrivée. Elle tira sur sa jupe, noua ses doigts l'un dans l'autre, prit une profonde inspiration et déclara d'une voix solennelle :
    — En vérité, plutôt que vous, c'est l'enfant que vous avez conçu cette nuit qui est attendu là-bas. Mais il n'ira pas seul. Ils seront trois. Chacun porteur d'une fiole sacrée, chacun porteur du pouvoir des Anciens pour sauver les Hautes Terres de celui, maléfique de Morlat. S'ils y parviennent, l'un deviendra roi, l'autre reine, quant au troisième, il réveillera la source et rendra son éclat à la cité. Voilà ce que prédisent les Géants depuis vingt-huit années que leur esprit veille sur moi. Voilà pourquoi vous êtes venus là.

33
    Leur accord scellé et Aymar de Grolée laissé en route, Jacques de Sassenage venait de rentrer avec François. La nuit était tombée sur le château de la Bâtie lorsqu'ils mirent pied à terre devant les écuries silencieuses, auréolées du clair de lune qui avait guidé le dernier tronçon de leur chemin.
    — Va te coucher, fils ! Je me charge d'éveiller le palefrenier, intima Jacques à son cadet qui bâillait à s'en décrocher la mâchoire.
    — De nous deux, cette tâche m'incombe en premier, se défendit celui-ci en se redressant, vexé de sa faiblesse.
    Jacques lui tapota l'épaule, affectueux.
    — D'autres t'attendent, plus importantes. Va, te dis-je, je n'ai pas sommeil.
    François hésita un instant encore avant de se détourner. Insister davantage eût froissé son père.
    Jacques noua les longes à un anneau prévu à cet effet puis passa sous le portique. D'un pas sûr, il se dirigea vers la paillasse où il savait trouver le jouvenceau, un rouquin qui sentait plus fort encore que les bêtes qu'il bouchonnait. Un toussotement, assorti d'un timide :
    — C'est vous, monsieur le baron ? le fit pivoter en direction d'une carriole qu'il venait de dépasser.
    Rattrapé par le timbre familier, sans pouvoir l'identifier, il plissa les yeux jusqu'à sonder l'obscurité, portant instinctivement sa main à son épée en voyant une forme se délier et descendre, empruntée, du plateau

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