le collier sacré de Montézuma
facile à croire !
Mais « l’avorton » était loin d’être à bout de ressources et se relevait en s’époussetant de son mieux :
— Monsieur Morosini dit la vérité : il ne m’a jamais vu. Ce qui est tout à mon honneur et prouve que je fais bien mon métier !
— Et c’est quoi, ce métier ?
— Je suis détective privé. Alcide Truchon, de l’agence « L’œil écoute », de Paris. Et aussi de Bruxelles où nous avons une succursale. Voyez plutôt !
Et, d’une poche de sa poitrine, Alcide Truchon tira deux cartes dont il tendit l’une à l’inconnu et l’autre à Morosini qui ne cachait pas sa stupéfaction.
— Puis-je savoir pour le compte de qui vous me suiviez depuis…
— … plus de deux mois… et il nous est interdit de révéler le nom de nos clients, précisa le détective en s’efforçant de retrouver sa dignité.
L’inconnu sortit un revolver de son veston et le braqua sur lui :
— Ou tu parles illico ou tu te tairas pour l’éternité ! fit-il d’un ton las.
— Bon. Le baron Waldhaus, de Vienne, a requis nos services pour surveiller les agissements du prince Morosini ici présent dont il soupçonnait la liaison avec sa femme, la baronne Agathe, née Timmermans.
— Encore cette histoire ! protesta Aldo. Mais je la croyais enterrée depuis ce duel ridicule auquel j’ai été contraint !
— Monsieur le baron ne la considérait pas comme une affaire enterrée. Il est plus persuadé que jamais, au contraire, qu’on lui a joué une habile comédie dont s’est mêlée sa belle-mère, M me Timmermans. J’ai donc reçu des instructions pour m’attacher aux pas du prince et ne le perdre de vue que le moins possible. Ce que j’ai fait !
— Mais c’est de la démence ! s’emporta Aldo. Et si je rentrais chez moi, à Venise, vous seriez prêt à passer des semaines, des mois, voire des années à surveiller ma maison et les miens ?
— Uniquement vous mais le temps qu’il faudra !
— Est-ce qu’il ne serait pas plus aisé… et surtout moins onéreux de suivre la baronne Agathe ?
— Que croyez-vous ? Elle est surveillée, elle aussi ! Comme elle a demandé le divorce, le baron tient à rassembler le maximum de preuves pour avoir barre sur elle et, éventuellement, éviter une séparation qui lui est pénible !
— C’est une histoire de fous !
— Que ce soit ce que ça veut, coupa l’inconnu qui donnait des signes d’agacement depuis quelques instants, cela ne nous intéresse pas ! Désolé, Alcide Truchon de l’agence « L’œil écoute », mais vous allez être séparé de votre précieux gibier sans grand espoir de le revoir. Emmenez-le, ajouta-t-il à l’intention de ses hommes qui avaient apporté le détective.
— On en fait quoi ?
— Mettez-le avec les autres ! On s’occupera de lui après !
— Les autres ? Quels autres ? demanda Aldo qui pensait au jeune Faugier-Lassagne.
— Je ne pense pas que ce soit vos oignons ! Allez ! Emmenez-le ! Nous avons à traiter d’affaires plus importantes que ces sottises…
Il fallut pourtant patienter encore un moment : fort de son bon droit et de sa conscience pure, Alcide Truchon fournit une défense honorable qui réquisitionna trois hommes. On réussit finalement à l’emporter, mais tellement glapissant et fulminant qu’on dut en venir à le bâillonner. Tant qu’il se fit entendre, le chef se tint la tête comme si ces cris lui faisaient mal.
— Je ne supporte pas d’entendre hurler, admit-il quand l’organe perçant du détective se fut éteint. À présent, à nous deux ! Vous avez le collier ?
— Vous avez Gilles Vauxbrun ?
— Il n’est pas ici !
— Où est-il ?
— Je vous le dirai plus tard !
— Pourquoi, alors, ce rendez-vous à l’autre bout de la France quand nous étions convenus de Paris ?
— Rien n’était convenu…
— Sinon que l’on me remettrait Vauxbrun en échange des émeraudes. Je les ai ! Rendez-moi Vauxbrun !
— C’est impossible ! il n’a pas supporté sa captivité et…
— Enfermé dans une caisse au fond de sa propre cave, qui aurait survécu à pareil traitement ?
Les yeux de l’autre s’agrandirent :
— Vous le saviez ?
— C’est moi qui l’ai découvert.
— Vous le saviez et pourtant vous êtes venu avec le collier ? Ou est-ce un coup de bluff ?
— Ce n’est pas la première fois que je traite avec des gens malhonnêtes…
— Ce qui
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