Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen

Le Fils de Pardaillan

Titel: Le Fils de Pardaillan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
Vom Netzwerk:
physionomie l’instant d’avant si terrible prit une expression de douceur extraordinaire, ces yeux noirs si étincelants se voilèrent, semblèrent demander grâce. De quoi ?… Peut-être de l’avoir défendue sans son assentiment.
    Le roi passa la main sur son front où perlait la sueur et murmura :
    – Ouf !… J’ai vu la mort !…
    Quant à l’inconnu, il regardait tour à tour la jeune fille et le jeune homme et un mince sourire errait sur ses lèvres narquoises pendant qu’il songeait :
    – Voilà donc le joli tendron pour qui ce maître fou a osé tenir tête au plus puissant monarque de la terre, l’obliger, lui pauvre hère, à mettre flamberge au vent, le réduire à implorer l’assistance d’un passant !… Morbleu ! il me plaît, ce jeune lion ! Et elle !… Ma foi, elle est assez belle pour justifier aussi insigne folie !… Mais, décidément, c’est une belle chose que l’amour !
    En son déshabillé de laine blanche, le léger manteau d’or fin et duveteux de son opulente chevelure retombant en plis harmonieusement ondulés sur la frange de sa robe, adorable dans sa grâce virginale, Bertille s’avança lentement jusqu’au bord du perron doucement éclairé par les sept cires du flambeau d’argent que, sur le seuil, dame Colline Colle élevait au bout de son bras tremblant d’émotion.
    Pendant le temps très court qu’elle mit à franchir les quelques pas qui la séparaient du bord du perron, la jeune fille tint constamment son regard lumineux, brillant d’une naïve admiration, fixé sur les yeux de Jehan. De ces trois hommes immobiles qu’elle dominait du haut des marches, il semblait qu’elle ne vît que lui. Et il faut croire que ce regard si candide, si pur, parlait un langage muet d’une éloquence singulièrement expressive, car le jeune homme qui n’avait pas tremblé en menaçant le roi, se sentit frissonner de la nuque aux talons, il sentit le sang affluer à son cœur qu’il comprima de sa main crispée, et il se courba dans une attitude de vénération qui était presque un agenouillement.
    Il faut croire que le langage de ces yeux était singulièrement clair, car le roi pâlit lui aussi, et lui qui, peut-être, avait oublié son audacieux agresseur, il ramena sur lui un œil froid qui était une condamnation.
    Quant à l’inconnu dont le geste opportun venait de sauver la vie au roi, il contemplait le couple si jeune, si gracieux, si idéalement assorti, dont toutes les attitudes trahissaient l’amour le plus chaste, le plus pur, avec une visible sympathie, et ses yeux se reportant sur le visage convulsé par la jalousie de Henri, une lueur de pitié brilla dans son œil railleur et il murmura :
    – Pauvres enfants !…
    Quand elle eut suffisamment remercié le jeune homme, car toute son attitude était à la fois un cantique d’amour et d’actions de grâces, Bertille se tourna vers le roi, s’inclina dans une révérence gracieuse que plus d’une grande dame eût admirée, et d’une voix harmonieuse, admirablement timbrée, douce comme un chant d’oiseau, elle dit, avec un ton de dignité déconcertant chez une aussi jeune et aussi ignorante enfant :
    – Daigne Votre Majesté honorer de sa présence l’humble logis de noble demoiselle Bertille de Saugis.
    La foudre tombant à grand fracas n’eût pas produit sur les deux principaux acteurs de cette scène l’effet que produisirent ces paroles.
    D’un bond, le roi franchit les trois marches et fut sur la jeune fille qu’il dévorait d’un regard ardent. Il était livide et tout secoué d’un frisson qui n’échappa pas à l’œil perçant de l’inconnu qui contemplait cette scène d’un air intéressé.
    Henri bégaya :
    – Vous avez dit Saugis ?… Saugis ?…
    – C’est mon nom, sire.
    Henri passa la main sur son front ruisselant.
    – J’ai connu, dit-il lentement, péniblement, dans le pays chartrain, une dame de Saugis… Blanche de Saugis.
    – C’était ma mère.
    « Miséricorde ! cria en lui-même Henri, bouleversé, c’est ma fille !… Et j’ai failli !… »
    Instinctivement ses yeux se portèrent sur Jehan le Brave qui paraissait pétrifié et il ajouta :
    « Dieu soit loué qui l’a placé sur ma route pour m’épargner le remords de cet épouvantable crime ! »
    Voyant que le roi se taisait, Bertille, ignorante sans doute des règles de l’étiquette, demanda :
    – Votre Majesté ne le savait-elle pas en venant ici ?
    Il y

Weitere Kostenlose Bücher