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Le Fils de Pardaillan

Titel: Le Fils de Pardaillan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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se dirigeait vers la rue de l’Arbre-Sec. Il ne pensait qu’à son fils – il essayait de se le persuader, du moins. De bonne foi, il se disait :
    « Corbleu !… je veux savoir s’il n’est pas allé aux carrières !… C’est que je veux être là, moi, quand il viendra déterrer le trésor… Ce trésor qui lui appartient. Ira-t-il ou n’ira-t-il pas ?… Il me tarde d’être fixé ! »
    Mais, tout en ayant l’air de ne se préoccuper que de Jehan, tout en s’affirmant qu’il ne pensait qu’à lui, son esprit travaillait, malgré tout. Tant et si bien que, parvenu au carrefour du Trahoir, il fit brusquement demi-tour en se disant :
    « Eh bien, non ! Par Pilate et Barrabas ! il y a quelque chose là-dessous… Et je veux en avoir le cœur net. »
    Ayant pris une décision, toute trace d’hésitation disparut et il s’achemina vers le Louvre d’un pas ferme et résolu. La première personne auprès de laquelle il se renseigna lui apprit que le roi venait de sortir, il y avait un bon quart d’heure.
    – Pour aller à Saint-Germain-des-Prés ? dit spontanément Pardaillan.
    – Oui, monsieur.
    – Ah ! pardieu ! rugit le chevalier dans son esprit, je commence à voir clair dans cette affaire !… Pourvu que j’arrive à temps maintenant !
    Il s’informa du nom du capitaine de service. C’était M. de Vitry. Il le connaissait. Il se fit conduire à lui. Coupant court aux interminables préambules de politesse, il lui dit à brûle-pourpoint :
    – Monsieur de Vitry, il faut que je rattrape au plus tôt Sa Majesté qui vient de sortir sans escorte, m’a-t-on dit. Il me faut un cheval rapide… Il n’y a pas une seconde à perdre.
    Vitry connaissait Pardaillan. Il comprit que quelque chose de très grave se passait. Sans interroger, sans hésiter, il dit simplement :
    – Venez, monsieur de Pardaillan, je vais vous donner mon meilleur cheval.
    Quelques secondes plus tard, Pardaillan sautait en selle et filait ventre à terre par les quais.
    C’est ainsi que nous l’avons vu derrière son fils rue du Colombier, le long du jardin clos de la reine Marguerite, femme répudiée du roi Henri IV.
    q

Chapitre 23
    E n quelques foulées, Pardaillan, mieux monté, se trouva côte à côte avec son fils. En galopant, il répéta sa question :
    – Où diable courez-vous ainsi ?
    Jehan, d’un geste, désigna la campagne et répondit laconiquement :
    – Le roi !
    Dans l’angoisse qui l’étreignait, dans son ardeur au sauvetage, il ne pensa pas à s’expliquer plus clairement. Il ne parut pas s’étonner de voir que Pardaillan avait compris quand même.
    Ils continuèrent de galoper silencieusement. Au bout de la rue du Colombier, passé le mur d’enceinte de l’abbaye, ils perçurent à leur gauche, le carrosse royal.
    Les quatre chevaux qui le traînaient étaient lancés à une allure folle. Le cocher, debout sur son siège, désespérément cramponné à ses guides, tirait dessus de toutes ses forces, décuplées par l’imminence du péril. Il s’épuisait vainement, sans parvenir à maîtriser les bêtes affolées.
    Le carrosse venait de dépasser la chapelle des Saints-Pères. A partir de là, la rue devenait route. Sur sa gauche se trouvaient encore quatre ou cinq maisons, puis c’était la campagne piquée d’arbres çà et là. Un peu plus loin, les fourches patibulaires de l’abbé. Plus loin encore, la Seine, dont la berge – comme l’avait fait observer la Galigaï – était à pic et élevée de plusieurs toises.
    Sur sa droite, les jardins non clos de la reine Marguerite. (Ces jardins, ainsi que l’hôtel, occupaient une grande partie de l’ancien Pré aux Clercs.) Ces jardins étaient dominés par une petite éminence, sur laquelle se dressait un moulin.
    Les chevaux filaient droit devant eux, avec cette rigidité de ligne suivie, particulière aux chevaux emballés. Ils allaient tout droit à la rivière et l’on eût pu croire qu’ils y étaient attirés par quelque force irrésistible, car ils avaient tourné d’eux-mêmes, à diverses reprises, pour se maintenir dans cette direction.
    Il est probable que la liqueur qu’on leur avait fait boire avait excité leur soif. Ils sentaient l’eau à proximité et ils s’y ruaient d’instinct, sans que rien pût les faire changer de direction.
    Ils étaient obligés de passer au pied du moulin. Un peu plus loin, sur leur gauche, se trouvaient deux gros arbres, deux chênes touffus. Ensuite,

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