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Le Fils de Pardaillan

Titel: Le Fils de Pardaillan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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allèrent tour à tour de Jehan à la troupe, puis au roi. Il ne dit rien. Mais il eut un de ses sourires en lame de couteau et, lui aussi, d’un mouvement vif, il dégagea son épée et se tint prêt.
    Cependant, Concini, d’Epernon et de Neuvy venaient d’apercevoir le roi, qui se tenait en avant de son petit groupe. D’un même mouvement, ils levèrent les chapeaux et crièrent à pleins poumons :
    – Vive le roi !
    Et la troupe tout entière en une formidable clameur, répéta :
    – Vive le roi !
    Et plus loin, là-bas, derrière les cavaliers, plus assourdi, le même cri se fit entendre comme un écho. C’était la foule des curieux, rués au pas de course derrière la cavalcade, c’étaient les habitants des faubourgs, instruits par la rumeur qui courait plus rapide que les chevaux, et qui, tous, répétaient l’acclamation de confiance, sans savoir encore pourquoi.
    Le roi, tout joyeux, remercia de la main, à différentes reprises, et cria :
    – Merci, mes amis !
    Et se tournant vers ceux qui l’accompagnaient, le visage épanoui, il ajouta :
    – Ventre-saint-gris ! s’il est des misérables qui nous veulent la malemort, il est, Dieu merci ! des braves gens, plus nombreux, dont le dévouement se manifeste toujours au moment opportun. Vrai Dieu ! cela réchauffe le cœur !
    Henri IV avait à ce moment, à sa droite, Bellegarde et Liancourt. A sa gauche, Pardaillan et son fils. Pardaillan s’était arrangé de manière à ce que Jehan fût placé à côté du roi. Ce fut à lui qu’il adressa ces paroles en les accompagnant d’un sourire gracieux qui signifiait qu’il avait le droit d’en prendre une bonne part pour lui.
    Jehan, sans rien dire, s’inclina avec une froide ironie. Pardaillan perçut encore cette nuance, de même qu’il vit le regard étincelant qu’en se redressant il dardait sur les trois cavaliers en tête de la colonne. Henri ne remarqua rien parce qu’il fixait les cavaliers qu’il ne parvenait pas encore à reconnaître, un peu parce qu’ils étaient trop loin, beaucoup parce que sa vue baissait de jour en jour. Il recommanda vivement :
    – Messieurs, silence, je vous prie, sur cette affaire, Il ne s’agit que d’un accident. Ne l’oubliez pas.
    Et sans attendre la réponse, il fit deux ou trois pas en avant. C’était un vif-argent qui ne pouvait demeurer longtemps en place.
    Par suite de ce mouvement, Pardaillan et Jehan se trouvèrent à l’écart, derrière le roi et à quelques pas des deux ducs. Eux aussi, ils fixaient des regards menaçants sur les trois cavaliers qui accouraient.
    C’est que, maintenant, ils étaient assez près pour qu’on pût les reconnaître. Et nous avons dit que les deux ducs étaient des ennemis mortels du Florentin. Ils pensaient qu’il était peut-être un des auteurs de l’attentat qui venait d’avorter. Ils ne se trompaient pas, comme on sait. Ils pensaient, en outre – et c’est cela surtout qui déchaînait leur fureur – que c’était peut-être grâce à lui que leur était échue la périlleuse faveur d’être désignés pour accompagner le roi dans cette promenade qui devait être mortelle. Peut-être ne se trompaient-ils pas davantage.
    Pardaillan profita de cet isolement momentané. Comme il aurait répondu à des paroles claires et précises, il répondit aux jeux de physionomie de son fils, et dans un souffle à peine perceptible, répétant les propres paroles du roi :
    – Parmi ces braves gens dont le dévouement se manifeste toujours au moment opportun, se trouve le meurtrier.
    Jehan ne s’étonna pas de se voir si bien compris sans qu’il eût besoin de s’expliquer. Plus rien ne l’étonnait maintenant de la part de Pardaillan. Il répondit sur le même ton, en désignant du regard toute la colonne :
    – Dites les meurtriers !… Sans compter ceux qui sont rentrés prudemment au logis… et ceux qui se sont terrés au couvent.
    A ces mots, Pardaillan comprit que son fils en savait aussi long, sinon plus, que lui-même.
    – Quoi ! reprit-il, même le grand prévôt ?
    – Non, pas celui-là !… Je n’en jurerais pourtant pas.
    – Diable ! murmura Pardaillan qui jeta sur Henri IV un coup d’œil apitoyé.
    Parvenus près du roi, les trois cavaliers mirent pied à terre et firent quelques pas. De Neuvy se trouvait en tête, Concini et d’Epernon lui cédant volontairement le pas. Ils avaient leurs raisons pour agir ainsi.
    En effet, en route, ils avaient employé

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