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Le Fils de Pardaillan

Titel: Le Fils de Pardaillan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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sans attendre la réponse, elle s’élança en riant de la bonne plaisanterie qu’elle croyait avoir faite.
    La pièce dans laquelle se tenaient les deux jeunes filles donnait sur le devant. Elles ne pouvaient donc pas voir arriver le visiteur. Elles n’avaient d’ailleurs aucune inquiétude. Si elles avaient eu le moindre soupçon, Martine ne serait pas allée ouvrir. Elles continuaient paisiblement leur ouvrage.
    Tout à coup, un cri perçant retentit. C’était la voix de Martine. Elles se regardèrent interdites. Et d’un même mouvement, elles s’élancèrent.
    La porte s’ouvrit avant qu’elles n’y fussent arrivées. Un homme âgé, tout de noir vêtu, entra comme chez lui, le chapeau sur la tête. Derrière, quatre gardes, la pique à la main, portant le casque aux armes de M me  l’abbesse de Montmartre. A la fenêtre qui était au rez-de-chaussée, deux autres gardes se montrèrent, coupant la retraite. C’était le bailli et ses acolytes.
    A cette vue, les deux frêles jeunes filles demeurèrent saisies. Et, pareilles à deux pauvres oiselets qui voient fondre le vautour, elles se blottirent l’une contre l’autre, Perrette enlaçant Bertille en un geste gracieux d’instinctive protection.
    Sans saluer, gravement, d’un air très important, comme il convenait à un personnage de son importance, le bailli ânonna sur le ton de quelqu’un qui récite une leçon :
    – Au nom de la très haute, très puissante et très sainte dame Marie de Beauvilliers, abbesse de Montmartre, jeunes filles, je vous arrête !
    Et il les toucha du bout de sa baguette en signe de prise de possession, en ajoutant, toujours très digne :
    – Gardes, emparez-vous des criminelles.
    Et les quatre gardes, très gravement, entourèrent les deux criminelles.
    Bertille, on a pu le voir, était une fille de résolution et d’énergie. Elle se dégagea doucement de l’étreinte de Perrette et se redressant, d’un air de souveraine dignité :
    – Vous m’arrêtez au nom de M me  l’abbesse.… Eh, qu’ai-je affaire avec l’abbesse ?… Prenez garde, monsieur, vous violentez une fille de noblesse, qui est elle-même haute et puissante dame. L’égale en tous points de celle au nom de qui vous agissez. Je n’ai donc rien à voir avec la justice de M me  l’abbesse, dépendant uniquement de celle du roi ; auquel je me plaindrai.
    Sans se troubler le moins du monde, du même air rogue et entendu qui paraissait lui être particulier, le bailli répliqua :
    – Ceci est un point que vous pourrez plaider, plus tard, quand viendra votre procès. Pour l’instant, il vous faut me suivre à la prison de notre sainte mère l’abbesse.
    – Et si je refuse de vous suivre ?
    – En ce cas, dit froidement le bailli, ne vous en prenez qu’à vous-même de la violence à laquelle vous m’obligerez de recourir. De plus, remarquez que vous aggravez singulièrement votre cas par cet acte de rébellion.
    Il paraissait très convaincu et très résolu, le digne bailli. Bertille comprit que toute résistance serait vaine.
    – Soit, dit-elle, je cède à la force et vous suivrai, monsieur. Mais tenez pour assuré que je me plaindrai au roi.
    Le bailli eut un mouvement d’épaules qui signifiait qu’il n’en avait cure. Il avait des ordres formels, il les exécutait ; le reste ne le regardait pas.
    Bertille et Perrette s’enveloppèrent dans leurs mantes, dont elles rabattirent les capuchons, et se tenant par le bras, elles suivirent les gardes qui les encadraient.
    A la porte dérobée, Martine, à demi évanouie, était solidement maintenue par deux estafiers de Saint-Julien. D’un air digne et sévère, le bailli ordonna :
    – Relâchez la servante. Et qu’elle n’y revienne plus !
    A quoi ne devait plus revenir la servante ? Le bailli ne le disait pas. Martine n’eut garde de s’informer. Sans demander son reste, elle fila, emportée par les ailes de la peur, et ne respira que lorsqu’elle se vit à l’abri, toutes portes dûment et solidement verrouillées.
    Aux environs de la porte Montmartre, un homme s’avança, le nez au vent, bayant aux corneilles. C’était Carcagne, qui s’ennuyait tout seul et qui s’en allait tenir compagnie à ses deux compagnons : Gringaille et Escargasse. Visite un peu intéressée, car plus épris que jamais, il caressait l’espoir d’apercevoir le joli minois de Perrette, ne fut-ce qu’une seconde, en passant.
    En bon badaud, il s’arrêta pour

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