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Le Gué du diable

Le Gué du diable

Titel: Le Gué du diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marc Paillet
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Wadalde.
    — Absolument aucun doute : c’était Wadalde.
    Un long silence s’ensuivit, comme si chacun évaluait déjà l’importance et les répercussions de ce meurtre. A cet instant, comme pour confirmer les craintes que suscitait l’assassinat de cet homme d’armes, pénétra dans la salle Isembard qui se maîtrisait à grand-peine et qui lança :
    — Je t’avais prévenu, comte Ermenold ! Je l’avais dit à tous : Frébald et les siens sont capables de tout ! Wadalde, ils ont tué sauvagement Wadalde ! Des méfaits, des forfaits, combien n’en avaient-ils pas commis ! Mais pas encore le pire… Un meurtre ! Et quel meurtre : celui d’un de mes vassaux les plus valeureux ! Voilà leur dernier coup ! Quelle honte, quelle ignominie, quel scandale !
    — Est-ce ainsi qu’on doit se présenter aux missionnaires de l’empereur ? intervint sèchement Childebrand. Et qu’est-ce qui te permet de formuler des accusations aussi graves ? L’assassin a-t-il été aperçu, reconnu, identifié avec certitude ? Pourrais-tu le nommer ?
    — Ce qui me le permet ? s’écria Isembard. Mais Wadalde s’était rendu au Gué du diable pour y rencontrer un émissaire de Frébald, prétendument afin d’ouvrir des pourparlers… Ah oui !… des pourparlers ? Frébald !… Oh ! la canaille !… J’avais bien raison de me méfier…
    Il ricana.
    — … Un guet-apens, oui ! Une forfaiture, un piège, un crime ! Oh ! mais, ma riposte est prête : si, à cet instant, je ne puis dire encore, avec certitude, lequel des Nibelung est coupable, l’enquête que je vais diligenter aura tôt fait de le démasquer. Cette monstruosité ne restera pas longtemps impunie !
    — Tu ne diligenteras aucune enquête, intervint Erwin posément. L’assassinat de Wadalde constitue une violation flagrante et incontestable du ban impérial. Tu le sais mieux que quiconque. Dès lors, tu ne peux te prévaloir de tes droits de justice ( 10 ). Les investigations seront menées par Ermenold, comte d’Auxerre.
    — Quoi ! s’exclama Isembard. Menées par lui ? L’un des miens est assassiné et je serais dessaisi ? Mais quelle justice est-ce là ?…
    — Celle de l’empereur, interrompit Erwin. Elle garantit l’impartialité. Comme tous, tu t’y soumettras !
    — L’impartialité d’Ermenold ? C’est un comble ! Lui ? Voilà donc où nous en sommes ? s’exclama Isembard.
    — Il suffit ! jeta le Saxon.
    Puis, se tournant vers le comte d’Auxerre, il ordonna :
    — Toi, comte d’Auxerre, tu es donc chargé, en vertu des dispositions générales des capitulaires impériaux, d’entreprendre au plus tôt une enquête sur le meurtre de Wadalde, vassal et homme d’armes d’Isembard.
    — Ainsi ferai-je, répondit Ermenold avec satisfaction. Je ne négligerai rien pour que soit découvert puis châtié ce meurtrier, selon le bon exercice de ma justice.
    — Ta justice ? ponctua Isembard avec un air outré. Faut-il que je me fie à ta justice ?… Quelle pitié !
    Le seigneur des Gérold tourna le dos à l’assistance et quitta la salle en grommelant.

CHAPITRE II
     
    A Toucy, à la résidence de son vicaire Arger, le comte d’Auxerre avait commencé son enquête en s’adressant d’une manière si rude aux colons qui avaient découvert le cadavre de Wadalde qu’il n’en avait rien obtenu.
    Doremus, auquel les missi avaient demandé de suivre les investigations, ayant observé que la méthode brutale du comte Ermenold ne faisait qu’effrayer les témoins, demanda à celui-ci l’autorisation « de poser une ou deux questions ».
    — Fais donc ! approuva sèchement le comte.
    L’ancien rebelle passa la main sur son crâne chauve, se tourna vers le doyen Favier et lui demanda tout à trac :
    — Et le cheval ?
    — Quel cheval ?
    — Je ne suppose pas que Wadalde soit venu à pied depuis Luchy. Donc, il était à cheval. S’il a été tué au Gué du diable ou à proximité, je demande : où est sa monture ?
    — Personne, je veux dire aucun d’entre nous, n’a aperçu de cheval. Peut-être s’est-il enfui ? Il sera retrouvé sans tarder. Peut-être est-on déjà en train de le ramener aux Gérold.
    — Peut-être… Autre chose maintenant : a-t-on dérobé quelque chose à Wadalde ?
    — Belle question ! s’exclama Ermenold avec condescendance. Comment pourrait-on y répondre, puisqu’on ne sait pas ce que Wadalde portait avant d’être tué ?
    — Et

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