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Le guérisseur et la mort

Le guérisseur et la mort

Titel: Le guérisseur et la mort Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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croyais que c’était pour voler son cheval. Je me jetais sur lui quand un benêt venu d’on ne sait où brandit son épée – certainement volée – et me menaça d’attenter à ma vie. De toute évidence, il a mal compris ce qui se passait.
    — Nous en sommes désolé, dit l’évêque en s’avançant pour se montrer au jeune homme. Il y a eu malentendu, certes. Mais, par une étrange coïncidence, nous pensons que vous pourriez être à même de nous aider à identifier le malfaiteur jugé aujourd’hui. Ses amis et lui sont peut-être impliqués dans cette attaque survenue sur la route, et nous espérons que vous l’avez déjà vu.
    Berenguer sortit de la pièce et retrouva sa place parmi les juges.
    Le capitaine poussa Raimon, qui regarda autour de lui, l’air inquiet, avant d’être conduit vers le prétoire.
    Lucà parlait toujours et racontait par le menu le traitement de maître Narcís Bellfont quand Raimon s’arrêta dans l’encadrement de la porte.
    Berenguer leva la main pour interrompre le flot de ses paroles.
    — Maître Raimon, dit-il d’une voix mielleuse, est-ce là l’homme qui vous a attaqué ce matin ?
    — C’est difficile à dire, répondit le jeune homme qui se détourna brusquement de Lucà pour s’adresser aux juges, je ne l’ai pas bien vu avant son attaque, mais ce pourrait être lui.
    En entendant la voix de Raimon, Lucà tourna la tête. Il fut saisi d’étonnement.
    — Josep ? Mais que fais-tu à Gérone ? Je te croyais en Sardaigne avec Joan Cristià. Il t’a envoyé chercher… est-il là, lui aussi ? Dans ce cas, messeigneurs, il pourrait témoigner en ma faveur. Il sait à quel point je suis ignorant, surtout en matière de poisons.
    Raimon était livide.
    — Je n’ai jamais vu cet homme auparavant.
    — C’est faux, répondit Lucà. C’est le garçon dont je vous parlais, celui qui venait dans l’atelier de mon maître pour écouter les récits fabuleux de Rubèn. Je vous en conjure, messeigneurs, faites-lui dire où se trouve Joan Cristià. Il parlera pour moi.
    — Cet homme se méprend, reprit Raimon. Je ne suis jamais allé à Majorque. Je suis originaire de Valence.
    — Comme c’est intéressant ! fit le troisième juge, une lueur de malice dans le regard. Je suis moi-même de Valence. Comment se nomme votre famille ? Je dois certainement la connaître.
    — Je n’ai jamais vu cet homme auparavant, répéta Raimon d’une voix qu’il ne contrôlait plus, le doigt tendu vers le prisonnier.
    — Mais ce n’est pas vrai ! s’exclama Lucà. Il s’appelle Josep, pas Raimon. Il nous aidait à balayer le sol de l’atelier en échange d’un repas, parce que sa mère…
    — Laisse ma mère hors de tout ça ! cria Josep. Espèce de bâtard, fils de catin…
    Ce furent les dernières obscénités que les spectateurs, saisis, réussirent à entendre. Le reste jaillit de sa bouche à un tel débit que c’en était incompréhensible.
    — Oui, c’est lui, intervint Tomás, tout excité aux côtés du capitaine. C’est lui ! C’est l’homme à la pèlerine et au panier, celui qui m’a frappé sous le pont la nuit où il pleuvait tant ! Vous voyez ? ajouta-t-il en s’avançant dans le prétoire et en regardant tout le monde d’un air triomphant. Il parle exactement comme ma mère quand elle se met en colère.
    Derrière lui, Daniel acquiesça.
    — Ils parlent tous ainsi dans le quartier des tanneries de la ville de Majorque.
    Mais, dans le tumulte général, sa voix ne fut perçue que des seuls juges.
    — Jeune homme, dit le premier juge en se penchant pour mieux voir Tomás, es-tu certain que c’est la même personne qui t’a frappé ?
    — Oh oui, monseigneur, c’est bien l’homme à la pèlerine et au panier !
    — Dans ce cas, c’est aussi le messager qui porta les remèdes fatals à maître Narcís et à maître Mordecai. Jeune homme, dit-il calmement en s’adressant à Raimon, qui vous a engagé pour livrer ces flacons ?
    — Mais je n’ai rien à voir avec aucun flacon, dit-il d’une voix de plus en plus aiguë. Je ne sais rien de tout ça !
    — Voilà qui est vraiment intéressant, intervint le troisième juge. Peut-être reviendrons-nous ensuite sur ce point. Mais qui est ce Joan Cristià qui peut se porter garant de l’accusé ? Se trouve-t-il dans ce prétoire ?
    Une voix s’éleva au-dessus des murmures de l’assemblée.
    — Messeigneurs, puis-je répondre à la question qui vient

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