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Le pays de la liberté

Le pays de la liberté

Titel: Le pays de la liberté Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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Lizzie parlait trop fort, riait beaucoup trop et se moquait ouvertement des manières recherchées et des vêtements moulants des jeunes dandys qui s'efforçaient de lui faire la cour.
    Ć'est parce que tu as grandi sans un homme dans la maison, ajouta sa mère.
    Cela t'a rendue trop indépendante. ª Là-dessus, elle monta dans la voiture.
    Lizzie traversa la terrasse caillouteuse de Jamisson Castle, pour se diriger vers les écuries du côté est. Elle avait trois ans quand son père était mort : c'était à peine donc si elle se souvenait de lui. quand on lui demandait ce qui l'avait tué, sa mère répondait vaguement: ´Le foie.ª Il les avait laissées sans un penny. Pendant des années, Mère s'était débrouillée, hypothéquant de plus en plus le domaine des Hallim, en attendant que Lizzie grandisse et épouse un homme riche qui résoudrait tous leurs problèmes. Lizzie aujourd'hui avait vingt ans et le moment était venu pour elle de suivre son destin.
    C'était à n'en pas douter pourquoi les Jamisson s'en revenaient visiter leur propriété écossaise après toutes ces années et pourquoi leurs invités d'honneur étaient précisément leurs voisines, Lizzie et sa mère, qui n'habitaient qu'à une quinzaine de kilomètres. Le prétexte de la réception, c'était le vingt et unième anniversaire de Jay, le fils cadet. Mais la vraie raison, c'était qu'on voulait marier Lizzie au fils aîné, Robert.
    Mère était favorable à ce projet : Robert était l'héritier d'une grande fortune. Sir George voyait cela d'un bon úil car il voulait ajouter le domaine Hallim aux terres que possédait déjà la famille Jamisson. Robert n'avait pas l'air d'être hostile à cette idée, à en juger par la façon dont, depuis leur arrivée, il avait prodigué ses attentions à la jeune fille : mais on avait toujours du mal à savoir ce que Robert avait au fond du cúur.
    Elle l'aperçut, planté dans la cour des écuries, attendant qu'on selle les chevaux. Il ressemblait au
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    portrait de sa mère accroché dans le hall du ch‚teau : une femme à l'air grave et sans beauté, avec des cheveux fins, des yeux clairs et une bouche au pli déterminé. Il n'y avait rien à reprocher à Robert : il n'était pas particulièrement laid, ni maigre, ni gros, il ne sentait pas mauvais, il ne buvait pas trop, il ne s'habillait pas de façon efféminée. C'était un beau parti, se dit Lizzie et, s'il lui demandait sa main, elle accepterait sans doute. Elle n'était pas amoureuse de lui, mais elle savait quel était son devoir.
    Elle décida de badiner un peu avec lui. Ć'est vraiment manquer d'égards de votre part que de vivre à Londres, dit-elle.
    - Manquer d'égards? répéta-t-il en fronçant les sourcils. Pourquoi donc ?
    - Vous nous laissez sans voisins. ª II avait toujours l'air intrigué. Il ne semblait pas avoir un grand sens de l'humour. Elle expliqua donc : ´
    quand vous n'êtes pas là, il n'y a pas une ‚me entre ici et Edimbourg. ª
    Une voix derrière elle lança : ´ ¿ part une centaine de familles de mineurs et plusieurs villages de fermiers.
    - Vous savez ce que je veux direª, dit-elle en se retournant. L'homme qui venait de parler lui était inconnu. Avec sa franchise coutumière, elle dit: ´ D'ailleurs, qui êtes-vous ?
    - Jay Jamisson, dit-il en s'inclinant. Le frère plus intelligent de Robert. Comment avez-vous pu oublier ?
    - Oh ! ª Elle avait entendu dire qu'il était arrivé tard la veille au soir, mais elle ne l'avait pas reconnu. Cinq ans auparavant, il avait une dizaine de centimètres de moins, des boutons sur le front et quelques poils blonds au menton. Il était plus beau aujourd'hui. Mais il n'était pas bien malin en ce temps-là et elle doutait qu'il e˚t changé sur ce plan.
    ´Je me souviens de vous, dit-elle. Je reconnais votre suffisance. ª
    II eut un grand sourire. Śi seulement, Miss Hal-23
    lim, j'avais eu à m'inspirer de l'exemple que vous donnez d'humilité et d'effacement.
    - Bonjour, Jay, dit Robert. Bienvenue à Jamisson Castle. ª
    Jay prit soudain un air boudeur. ´Laisse tomber tes airs de propriétaire, Robert. Tu es peut-être le fils aîné, mais tu n'as pas encore hérité du domaine. ª
    Liz intervint pour dire: ´Félicitations pour votre vingt et unième anniversaire.
    - Je vous remercie.
    - Vas-tu venir à cheval jusqu'à l'église avec nous ? ª demanda Robert d'un ton impatient.
    Lizzie vit la haine dans le regard de Jay, mais il répondit d'un ton neutre : Óui.

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