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Le temps des adieux

Le temps des adieux

Titel: Le temps des adieux Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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sur l’efficacité de la garde, rétorqua sèchement l’empereur.
    Petronius était furieux contre moi.
    — César, il y aura des grincements de dents, c’est évident. Mais permets-moi de te dire que je vois un signal dans la témérité de ce vol. Quelqu’un déclare une guerre ouverte…
    — À qui ? aboya Vespasien. À toi ? À moi ?
    — À la garde, répondit calmement Petro. Donc à l’État. Et très certainement à d’autres bandes rivales. Dans ce contexte, je suis certain que le mal va se propager à d’autres secteurs de Rome…
    — Alors ça dépasse tes attributions, trancha l’empereur. (Il était resté tatillon sur les prérogatives de chacun.) Il faut mettre en place une action coordonnée.
    — Oui, César, acquiesça immédiatement Petronius. J’avais naturellement l’intention d’alerter le tribun responsable de ma cohorte et le préfet de la cité.
    Quel beau menteur !
    Vespasien réfléchit quelques instants.
    — Il vaut mieux que je voie moi-même ton tribun. Et aussi tous les autres.
    Il adressa un léger signe de tête à un homme en tunique blanche. Cet homme, d’une discrétion absolue jusque-là, était plus qu’un simple secrétaire. Les notes qu’il prenait sur une tablette étaient des instructions. Il connaissait la règle d’or de l’administration : toujours se protéger derrière quelqu’un.
    — Conférence après le déjeuner. Préviens Titus.
    L’empereur avait beau s’être exprimé calmement, Petro et moi avions déjà compris que nous l’avions convaincu au-delà de nos espérances et que ça allait inévitablement nous retomber sur le nez.
    — Il faut d’abord parer au plus urgent et apaiser l’émeute, ajouta Vespasien. Que suggérez-vous ?
    L’expérience m’ayant appris que l’homme qui suscite une émeute pense rarement à la façon dont il pourra l’arrêter, je jugeai opportun d’avancer moi-même une suggestion :
    — Tu pourrais apaiser quelque peu leur mécontentement en offrant une compensation, César.
    — Une compensation ? s’étrangla-t-il.
    Je venais de mettre les pieds dans le plat.

11
    — Merci pour ton aide, Falco !
    Nous étions de retour sur notre banc dans le couloir. Le chambellan qui introduisait les visiteurs ne parvenait pas à dissimuler sa curiosité. L’officiel en tunique blanche s’éloigna dignement. Vespasien ayant prononcé le mot déjeuner, nous avions compris que les « quelques minutes d’attente » qu’on nous avait imposées se traduiraient par plusieurs heures.
    Petronius Longus était furieux.
    — Tu avais bien besoin de parler d’argent ! ragea-t-il encore. Le pauvre vieux est maintenant parti s’allonger dans sa chambre pour se calmer !
    Vespasien était connu pour garder les cordons de la bourse très serrés.
    — T’inquiète pas pour ça. Si notre suggestion ne lui plaît pas, il dira non, c’est tout.
    —  Ta suggestion, insista mon ami.
    Je ne vis pas la nécessité de commenter et nous restâmes silencieux pendant un moment.
    — Par Junon ! Dans quoi as-tu réussi à me fourrer ? grommela-t-il encore un peu plus tard.
    — Dans un petit moment, nous allons nous retrouver à disserter sur le crime devant les gens les plus importants de l’Empire. Voilà où je t’ai fourré.
    — Ce que je voudrais, moi, c’est retourner à mon enquête.
    — Enfin quoi, Petro ! Tu vas peut-être avoir la chance de ta vie.
    — Foutaises ! grogna-t-il, pas convaincu pour deux sesterces.
     
    Les choses commencèrent à bouger à l’heure du déjeuner. D’abord, la tunique blanche vint nous chercher. Pour nous tirer les vers du nez. Nous n’avions rien contre, à condition de partager son repas.
    Il se présenta sous le nom de Tiberius Claudius Læta. Il s’agissait de toute évidence d’un affranchi du palais qui était tenu en très grande estime par l’empereur. On avait mis une pièce à sa disposition qui était deux fois plus grande que tout mon appartement. Quand Vespasien n’avait pas besoin d’un souffre-douleur, c’est là que le brave Læta tuait le temps en se tournant les pouces. Deux personnages d’un rang inférieur au sien lui apportèrent des plateaux débordant de victuailles.
    — Superbe ! nous exclamâmes-nous à l’unisson.
    Petro et moi. Mais il ne nous échappa pas qu’il n’y avait qu’une coupe pour le vin. Mon cher camarade ne tarda pas à en dénicher deux autres, un peu poussiéreuses, derrière des coffres emplis de

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