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L'épopée d'amour

Titel: L'épopée d'amour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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rue.
    Il était tout près de quatre heures lorsqu’ils revinrent. Et sans doute ce qu’ils avaient vu devait être horrible, car ils étaient livides, hagards. De plus, ils avaient dû en découdre, car leurs habits étaient en lambeaux, et Saint-Martin perdait du sang par deux blessures.
    – Maréchal ! râla Saint-Martin, on meurtrit les huguenots en masse !… on tue… on…
    Il tomba évanoui, tout d’une masse.
    – Monseigneur ! rugit La Trémoille, on tue mes frères ! Partout ! au Louvre ! dans les maisons ! dans les rues ! Hommes ! femmes ! enfants ! On tue ! On tue ! Au secours, monseigneur !
    – J’y vais ! dit Montmorency d’un accent qui fit courir un long frisson parmi les hommes d’armes.
    Et il commanda, comme jadis quand il partait pour Thérouanne ; d’une voix forte, puissante, il commanda :
    – A cheval, messieurs ! Holà ! mon destrier de bataille !…
    Il y eut dans la cour un rapide tumulte de prise d’armes, de chevaux qu’on amenait, cliquetis d’armes et d’éperons…
    – Messieurs, dit François, nous allons tenter l’impossible : atteindre le Louvre, pénétrer jusqu’au roi, lui parler, lui demander d’arrêter le carnage… et s’il refuse… bataille !
    – Bataille ! rugirent les gentilshommes.
    – Ouvrez la porte ! commanda le maréchal.
    Le suisse se précipita vers la grande porte.
    A ce moment, un étrange tumulte envahit la rue, tumulte de reîtres arrivant au pas de course, de lourds chevaux martelant le pavé, d’épées entrechoquées, armures, jurons, ébrouements de chevaux… et tout ce tumulte s’arrêta devant l’hôtel… et une voix éclatante, terrible, sauvage, hurla :
    – A l’assaut ! au pillage ! à sac ! Sus ! sus ! sus !…
    – Trop tard ! rugit La Trémoille en s’arrachant les cheveux.
    – Mon frère ! gronda François de Montmorency. Mon frère ! Enfin !… Nous allons donc nous retrouver face à face comme dans les bois de Margency !…
    Et d’une voix terrible qui domina les puissantes rafales de la tempête de mort, il cria :
    – Henri ! Henri ! Malheur ! malheur à toi !…
    Un formidable coup de madrier ébranla la grande porte massive.
    – Pied à terre ! commanda Montmorency.
    La manœuvre s’exécuta, les chevaux furent rentrés aux écuries.
    François, en quelques secondes, prit son dispositif de bataille : devant la porte fermée, les quarante hommes d’armes sur un front de dix arquebuses, et sur quatre rangs : le premier rang, prêt à faire feu, les trois autres, l’arme au pied. A gauche de la porte, un groupe de gentilshommes armés de longues piques ; à droite, un autre groupe. Montmorency, sur le perron de l’hôtel, dominant cet ensemble, l’estramaçon au poing.
    Un deuxième coup de madrier retentit sourdement sur la porte.
    – Lâche ! Lâche ! hurla la voix de Damville, je relève ton défi ! Me voici ! Où es-tu, que je te soufflette de ton gant !…
    – Ouvrez la porte ! tonna Montmorency.
    De droite et de gauche, les deux groupes de gentilshommes se précipitèrent, firent tomber les lourdes ferrures, attirèrent à eux les deux énormes vantaux de chêne massif, la porte se trouva grande ouverte !…
    Manœuvre audacieuse, manœuvre sublime ! Et aussi manœuvre admirablement raisonnée ; car les assaillants qui se ruaient pour enfoncer la porte demeurèrent stupéfaits de la voir s’ouvrir – stupéfaits, inquiets, frappés de crainte.
    Il y eut dans la rue un recul désordonné devant cette porte qui s’ouvrait.
    Puissante et calme, la voix de François tomba du haut du perron :
    – Premier rang !… Feu !…
    Les dix arquebuses tonnèrent ; d’effroyables clameurs retentirent ; les dix hommes, déjà, avaient dégagé le deuxième rang et rechargeaient leur armes.
    – En avant ! En avant ! vociféra Damville.
    – Deuxième rang !… Feu !…
    Un rideau de flammes, un nuage de fumée noire, un coup de tonnerre, cris, vociférations, insultes, tourbillon de recul dans la rue…
    – Troisième rang !… Feu !…
    – Quatrième rang !… Feu !…
    Dans la ruelle par où avaient débouché les Pardaillan, les troupes de Damville fuyaient ; trente cadavres jonchaient la rue, à droite et à gauche de la porte, une foule énorme, reîtres, cavaliers, gens du peuple, pêle-mêle, gesticulant, hurlant, et Damville mettant pied à terre, livide de rage, fou furieux, tendant le poing à la forteresse, geste impuissant !…
    –

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