Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen

L'épopée d'amour

Titel: L'épopée d'amour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
Vom Netzwerk:
de la pauvre démente correspondait-il avec les pensées de la jeune fille, car elle tressaillit, puis, portant la main à ses yeux, se prit à pleurer doucement.
    – Il vient ! répéta Jeanne.
    – Hélas ! hélas ! murmura Loïse. Où est-il ?…
    Le maréchal entra à ce moment. Il vit cette scène si douce et si triste d’un seul coup d’œil. Il saisit la mère et la fille dans ses bras et les serra convulsivement contre lui, en proie à une angoisse inexprimable.
    Et Jeanne de Piennes souriait… Loïse laissait couler ses larmes, et la même pensée, confuse chez la pauvre folle, poignante chez la jeune fille, se traduisait par le même mot qui s’adressait à deux êtres différents…
    – Où est-il ? Quand reviendra-t-il ?
    Vers deux heures du matin, tout dormait dans l’hôtel, en cette nuit du samedi, hormis les gens d’armes du corps de garde. Le silence était profond. Jeanne de Piennes et Loïse reposaient dans la même chambre, l’une dormant de ce sommeil profond qu’elle avait depuis que son esprit avait sombré, l’autre sommeillant et rêvant à demi.
    Le maréchal, vers dix heures, s’était retiré dans son appartement, comme d’habitude.
    Il faut ici esquisser un plan de l’hôtel, bâti d’ailleurs sur le modèle des demeures seigneuriales de l’époque.
    Une cour pavée, séparée de la rue par une forte muraille que perçaient une grande porte à double battant et une autre plus petite. A gauche de la cour, un bâtiment élevé ; c’était le logis des gens d’armes, corps de garde, écuries au rez-de-chaussée, deux étages et un grenier. En avant, la loge du suisse ; à droite, un autre corps de logis où se trouvaient les appartements des gentilshommes et, tout en haut, les chambres des laquais, cuisiniers, sommeliers, etc. Au fond de la cour, séparé de ces deux bâtiments mais les touchant presque, l’hôtel proprement dit, avec son rez-de-chaussée où se trouvaient les salles d’honneur et de réception, son unique étage richement orné de sculptures, son perron, par où on descendait dans la cour par six marches de marbre.
    C’était, on le voit, la même disposition que l’hôtel Coligny, disposition adoptée par la plupart des grands seigneurs du temps.
    Les premiers mugissements des cloches réveillèrent François de Montmorency.
    Il s’habilla, revêtit une cuirasse de buffle, ceignit son épée de bataille, s’arma d’une dague et ouvrit une fenêtre.
    Au ciel, brillaient encore quelques étoiles, de leur dernier éclat pâli.
    Une étrange rumeur venait du fond de Paris et semblait gagner les rues de proche en proche. Au loin, de sourdes détonations éclataient. Les cloches sonnaient le tocsin. Des cris s’élevaient, cris de fureur, plaintes déchirantes…
    Pendant quelques minutes, le maréchal écouta cette énorme rumeur. Son visage s’assombrit, ses tempes battirent le rappel de l’angoisse.
    Alors, il courut à la chambre où dormaient Jeanne de Piennes et Loïse.
    Loïse, dès le premier coup de cloche, s’était habillée, et maintenant elle aidait sa mère à se vêtir.
    – Tu n’as pas peur, mon enfant ? dit le maréchal.
    – Je n’ai pas peur, répondit la jeune fille. Mais que se passe-t-il ? Pourquoi ces cloches et ces clameurs ?
    – Je vais le savoir. Mets tes vêtements de route, mon enfant, et tiens toi prête à tout !
    François serra les deux femmes dans ses bras et s’élança au dehors. En traversant la grande salle du rez-de-chaussée, il entendit l’horloge sonner la demie de trois heures.
    Dans la cour, il trouva ses gentilshommes armés, écoutant l’horrible tumulte dont les rafales allaient grandissant de minute en minute. Les gens d’armes étaient à leur poste.
    – Monseigneur, s’écria l’un des gentilshommes, le jeune La Trémoille, que le vieux duc de La Trémoille avait placé auprès de Montmorency pour y apprendre, avait-il dit, l’honneur, le courage et la vertu – monseigneur, je suis sûr que les guisards attaquent le Louvre ! Il faut courir au secours du roi [30]  ! Ecoutez ! écoutez ! On se bat au Louvre !…
    Le maréchal secoua la tête. Une inexprimable inquiétude l’envahissait. Non ! Il ne s’agissait pas d’un coup de force tenté par Guise !… Guise eût procédé plus vite, plus silencieusement ! Mais quoi alors ?…
    – La Trémoille, dit-il, et vous, Saint-Martin, poussez une pointe jusqu’à la Seine…
    Les deux jeunes gens s’élancèrent dans la

Weitere Kostenlose Bücher