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L'épopée des Gaulois

L'épopée des Gaulois

Titel: L'épopée des Gaulois Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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heureusement apporté en grand nombre. Il fit rentrer dans la ville toutes les troupes qu’il avait établies sous ses murs. Et, ayant décrété la peine de mort contre tous ceux qui n’obéiraient pas à ses ordres, il se résigna à subir les rigueurs d’un siège dans l’espoir qu’arriverait bientôt une armée de secours, ce qui obligerait alors les Romains à se battre sur deux fronts. Mais ce qui lui donnait tant de confiance, c’était que la ville d’Alésia, entourée de solides murailles, ne pourrait jamais être prise d’assaut. Il fallait patienter en attendant le moment favorable pour reprendre la lutte.
    Pendant que les Romains poursuivaient leurs travaux de fortifications autour d’Alésia, les cavaliers envoyés dans toute la Gaule par Vercingétorix accomplirent leur mission. Les chefs de tous les peuples se réunirent en assemblées. Ils décidèrent qu’il convenait non pas d’appeler tous les hommes en état de porter les armes, mais de demander à chaque tribu, à chaque peuple, un contingent déterminé de fantassins et de cavaliers. On voulait éviter que, dans la confusion d’une multitude, il devînt impossible de maintenir la discipline, et qu’on pût distinguer les troupes selon leur appartenance afin de pourvoir à leur ravitaillement dans les meilleures conditions. En dehors des Rémi, obstinément fidèles à l’alliance romaine, tous les peuples de la Gaule, qui désiraient recouvrer leur indépendance et témoigner de leur attachement aux traditions de leurs ancêtres, envoyèrent des contingents et promirent d’en assurer l’armement et le ravitaillement.
    On réunit donc huit mille cavaliers et cent quarante mille fantassins sur le territoire des Éduens. On procéda à leur recensement et à leur dénombrement, ainsi qu’à la nomination de leurs chefs. On confia le commandement supérieur de cette armée à quatre hommes influents, Commios l’Atrébate, les Éduens Viridomaros et Éporédorix, et l’Arverne Vercassivellaunos, cousin de Vercingétorix. Enfin, on leur adjoignit des délégués des divers peuples dont la mission était de former un conseil chargé de la conduite des opérations. Alors, sans plus tarder, cette armée gauloise partit pour Alésia, pleine de confiance et d’espoir.
    Cependant, les jours passaient. À Alésia, on commença à manquer de blé et surtout, ignorant ce qui s’était passé chez les Éduens, on s’inquiétait grandement de l’avenir. Vercingétorix convoqua une assemblée pour délibérer de la stratégie à adopter. Des avis divergents furent exprimés, les uns voulant que l’on se rendît, les autres qu’on fît une sortie tandis qu’on en avait encore la force. Mais ce fut alors que se leva Critognatos, qui appartenait à une noble famille des Arvernes et qui jouissait d’un grand prestige non seulement parmi les siens mais chez beaucoup d’autres peuples gaulois.
    — Je m’abstiendrai de répondre à ceux qui parlent de reddition ! s’écria-t-il, car ce serait me souiller que d’évoquer ce mot qui voile le plus honteux esclavage !… J’estime que ces gens-là ne doivent pas être considérés comme membres de notre communauté et ne peuvent pas prétendre assister à ce conseil. Je les ignorerai donc et je ne m’adresserai qu’à ceux qui sont partisans d’une sortie, seule possibilité où je veux reconnaître le souvenir des vertus héroïques de nos ancêtres. C’est lâcheté et non pas courage que de ne pas supporter quelque temps les privations. Aller au-devant de la mort, c’est de bien loin préférable à l’acceptation de la servitude, surtout une servitude honteuse, car vous savez tous que César voudra se venger sur nous de tous les revers qu’il a essuyés jusqu’à présent et qu’il est capable de tout pour nous humilier dans ce que nous avons de plus cher, notre fierté et notre honneur !…
    « Certes, si vous en décidiez comme ces gens-là vous le proposent, continua Critognatos, je me rangerais à cet avis. Mais, je vous en conjure, pensez que nous n’engageons pas seulement notre existence, mais celle des autres. Avant de prendre une décision, nous devons tourner nos regards vers la Gaule entière, que nous avons appelée à notre secours. De quel cœur estimez-vous que ces hommes, venus de si loin, combattront si, en un même lieu, avaient péri quatre vingt mille hommes de leurs familles et de leur sang, et s’ils sont forcés de livrer bataille sur leurs

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