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Les émeraudes Du Prophète

Les émeraudes Du Prophète

Titel: Les émeraudes Du Prophète Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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fait à notre retour de Massada était plutôt négatif : elle n’a rien vu d’intéressant et surtout pas le jeune Ézéchiel qui semble avoir disparu de la surface de la terre. Même chose pour les dessins qu’elle nous a montrés. Il y a du talent là-dedans mais pas le moindre indice, même autour de la maison de Goldberg qu’elle a reproduite sous tous les angles possibles…
    L’entrée en scène du lieutenant Mac Intyre qui venait comme chaque soir, seul ou avec des camarades, boire quelques verres au King David vint faire diversion. Paré d’un nouveau coup de soleil qui lui pelait le nez, l’officier avait l’air tellement content qu’il aborda Morosini en français :
    — Splendide ! déclara-t-il. Je suis venant de Ein Guedi où j’ai recouvrir le car de…
    — Parlez anglais, mon vieux, conseilla Aldo. Vous y gagnerez en précision. Vous êtes allé récupérer la voiture de l’armée ? Sans difficultés ?
    — Pas de difficultés du tout ! La pauvre vieille chose qui veillait dessus – Khaled, je crois ? – n’a pas encore compris pourquoi vous avez préféré partir à pied sans même lui dire au revoir alors qu’il était… comment a-t-il dit ? Ah oui : plongé dans l’affliction.
    — L’affliction ? Et de quoi, grands dieux ?
    — Du départ de ses trois fils… la prune de ses yeux qui l’ont abandonné la nuit où vous êtes partis vous-même, emportant avec eux leurs dromadaires et le peu d’argent qu’il avait ! Si vous le voyiez, c’est une pitié !
    Pauvre vieille chose ? Une pitié ? Ni Aldo ni Adalbert ne voyaient Khaled dans ce rôle-là. Il fallait posséder une solide dose de naïveté pour y croire. Ou alors c’était un grand artiste…
    Penchant plutôt vers cette hypothèse, Morosini renonça à poursuivre un débat voué d’avance à la stérilité : pour Mac Intyre la cause était entendue.
    — Je suis désolé pour lui et ravi que tout se termine bien pour vous.
    — Ravi ? Vous n’avez pas l’air, fit le lieutenant qui n’était pas tout à fait aveugle. Vous avez un souci ?
    — Nous ne savons pas encore : il est neuf heures passées et M lle  du Plan-Crépin n’est pas encore rentrée…
    — Ce n’est pas si tard ? Elle est peut-être chez des amis…
    — Elle n’en a pas ici, coupa la marquise. C’est une solitaire qui passe son temps à chercher les coins pittoresques. Dieu sait où elle a pu aller dessiner aujourd’hui ! En tout cas, elle devrait être là…
    De rouge Mac Intyre devint vert.
    — Vous pensez que peut-être… comme la chère princesse ? Dans ce cas il faut la chercher tout de suite ! Je propose que l’on aille chacun dans une direction et je vais demander l’aide de mes camarades, décréta le lieutenant mué comme par enchantement en général d’armée. Il faut fouiller la vieille ville… et Mea Shearim bien entendu.
    — Insuffisant ! dit Adalbert. Il faut fouiller tout Jérusalem… Dieu sait où elle peut être passée ?
    On la chercha toute la nuit avec l’aide de deux camarades de Douglas Mac Intyre sans trouver le moindre indice ni la moindre trace. Pourtant quand, dans une aube parée d’écharpes de brume nacrées, Aldo recru de fatigue regagna l’hôtel en compagnie d’Adalbert qui venait de le rejoindre, ils se figèrent devant le tableau qui s’offrait à eux : Marie-Angéline était couchée en chien de fusil sur la première marche d’accès, son matériel de peintre coiffé de son casque colonial posé soigneusement à côté d’elle.
    — Ça, par exemple ! fit Adalbert. Mais qu’est-ce qu’elle fait là ?
    — Tu le vois bien, elle dort !
    Aldo voulut la réveiller, l’appela doucement puis la secoua sans obtenir d’autre résultat que de voir « Plan-Crépin » se tourner de l’autre côté aussi aisément que dans son lit en émettant un grognement… C’est à ce moment que l’odeur frappa les narines des deux hommes…
    — Mais… elle est ivre ?
    — Parfait diagnostic ! Noyée dans le whisky et saoule comme une grive ! Reste à savoir où elle a pu attraper ça ?
    — On posera la question plus tard. Pour l’instant, il faut la remonter dans sa chambre avant que tout l’hôtel soit au courant. Charge-toi du matériel, moi je l’emporte.
    Dans le meilleur style des pompiers opérant un sauvetage, Morosini hissa la dormeuse sur son dos, s’introduisit avec elle dans l’ascenseur, gagna le deuxième étage et atterrit

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