Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les émeraudes Du Prophète

Les émeraudes Du Prophète

Titel: Les émeraudes Du Prophète Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
Vom Netzwerk:
mais je ne crois pas que nous nous reverrons demain : je vais dormir jusqu’à l’heure du train. Dormir et réfléchir…
    — Alors je vous souhaite un bon retour, Luisa. Heureux d’avoir passé cette soirée auprès de vous.
    — Vous restez encore quelque temps ?
    — Plusieurs jours, je pense. J’ai, comme je vous l’ai dit, une affaire à régler.
    — Quelque merveille à dénicher sans doute ? J’aimerais rester pour en savoir plus mais il faut que je rentre à présent. Bonne chance !
    — Bon voyage !

CHAPITRE V
TOPKAPI SARAÏ
    Le train suivant amena Vidal-Pellicorne mais pas seul. Le grand express transeuropéen n’officiant que trois fois la semaine et les dates concordant assez, Morosini s’était rendu à l’arrivée. Dans le moutonnement des chapeaux occidentaux et des turbans de portefaix, il repéra la haute silhouette et la casquette londonienne de son ami et agita un bras mais, quand il s’approcha, il vit qu’Adalbert était en compagnie d’une ravissante jeune personne : cheveux blonds bouclés sous une petite cloche de feutre beige, jolis yeux d’un bleu candide, visage rond marqué de fossettes et, sous le tailleur beige parfaitement coupé, un corps fin et nerveux terminé par de fort jolies jambes et des pieds, un peu grands peut-être, mais élégamment chaussés de lézard caramel assorti au sac et aux gants. Négligemment porté sur les épaules, un grand manteau de voyage en vigogne. L’œil expert d’Aldo la jaugea sans hésiter : une Anglaise, à coup sûr – ce teint de porcelaine fleurissait surtout aux alentours de Hyde Park – mais habillée à Paris et ne manquant pas de moyens. La suite confirma son analyse :
    — Ah, le voilà ! s’écria l’archéologue rayonnant. Permettez, chère amie, que je vous présente le prince Morosini, mon ami dont je vous ai parlé. Aldo voici miss… ou plutôt l’Honorable Hilary Dawson, une collègue. Nous nous sommes rencontrés au wagon-restaurant le soir du départ.
    — Une collègue, vraiment ? fit Aldo en s’inclinant sur la petite main gantée. C’est difficile à croire…
    — Et pourquoi donc ? fit la nouvelle venue.
    — Parce que je n’ai encore jamais vu d’archéologue qui vous ressemble. Dans la corporation on est plutôt barbu, moustachu, atrabilaire, au moins quadragénaire, avec la poussière des siècles sous les ongles…
    — Eh bien, quel portrait ! fit-elle avec bonne humeur. Je suis ravie de ne pas m’y conformer et pourtant j’appartiens bien au British Muséum, je vous assure.
    — Il faut me rendre à l’évidence.
    Sous la courtoisie légère des paroles, Morosini cachait une vague inquiétude. Il n’aimait pas du tout la mine rayonnante arborée par son ami ni les regards un rien trop tendres dont il couvrait sa nouvelle connaissance. Tomber amoureux d’une échappée du British Muséum était, selon lui, la dernière chose à faire dans les circonstances présentes. Une seule espérance : que cette mignonne créature aille prendre logis chez une amie ou chez un parent quelconque. Mais non elle descendait comme tout le monde au Pera Palace et il fallut attendre qu’elle eût rejoint sa chambre avec ses bagages pour attaquer un Adalbert soudain rêveur qui regardait, avec la mine inspirée de Lamartine contemplant son lac, la fine silhouette s’élever au plafond dans la cage de l’ascenseur.
    — N’est-elle pas adorable ? soupira-t-il d’un ton qui acheva d’exaspérer Morosini.
    Saisissant son ami par le bras, il le remorqua jusqu’au bar, à peu près désert à cette heure.
    — Je n’adorerai jamais une personne fraîche émoulue du British Muséum et je te défends bien de t’y laisser aller ! Tu n’es pas un peu fou de nous avoir ramené cette fille qui est bien capable de fourrer son joli nez dans nos affaires ?
    — Qu’est-ce qui te prend ? Tu vois du mal partout à présent ? fit Adalbert atteint dans sa dignité et ses sentiments.
    — Non, mais une archéologue anglaise est la dernière personne dont nous ayons besoin. Que vient-elle faire ici ? Elle te l’a dit ?
    — Bien sûr ! Nous avons parlé boutique depuis le premier dîner à bord du train. Hilary prépare un ouvrage sur les porcelaines chinoises et a obtenu du gouvernement turc l’autorisation de visiter l’énorme collection rassemblée au Vieux Sérail provenant des services de table des sultans et de cadeaux reçus.
    — Et en échange, noyé dans ses yeux bleus,

Weitere Kostenlose Bücher