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Les hommes naissent tous le même jour - Crépuscule - Tome II

Les hommes naissent tous le même jour - Crépuscule - Tome II

Titel: Les hommes naissent tous le même jour - Crépuscule - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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à Gallway, il fait la liaison entre les deux gouvernements, je ne le vois que… »
    Catherine était sortie du bain, elle se frictionnait les cheveux, debout dans l’escalier.
    — Ce récital de Sarah, reprenait-elle. Serge était fou de rage. Il passait quelques jours à Paris, pour une fois, leur anniversaire, le 1 er  janvier, comme toi, n’est-ce pas ? Tu as quarante ans aussi ?
    Allen l’observait cependant qu’elle parlait. Les bras levés, les cheveux dissimulés par la serviette, il lui découvrait un visage rond et lourd, une vulgarité vigoureuse, celle qui s’exprimait quand elle faisait l’amour.
    — Quarante, dit Allen, oui, quarante.
    Il pensa à nouveau aux vers de Dante «  In mezzo del camin, à mi-parcours de cette vie » et ils demeurèrent en lui jusqu’au soir, si bien que Sarah Berelovitz, qui avait pris le bras d’Allen dès qu’il était arrivé chez elle, le forçait à quitter le salon – la grande pièce plutôt, celle qui donnait sur le quai de Béthune – l’entraînait dans le bureau, aux fenêtres ouvertes sur la petite cour fleurie, l’accusait d’être distrait.
    Elle s’asseyait près d’Allen sur le divan de cuir noir et Do, le chat, surgissait d’on ne savait où, bondissait sur les genoux de Sarah, commençait à ronronner.
    — À quoi rêvez-vous, Allen ? demandait Sarah.
    Elle caressait le chat qui s’étirait, posait une patte sur le bras d’Allen.
    — Ce récital, je ne vous ai pas raconté ? À je ne sais combien de mètres sous terre, une salle immense, des canons énormes, de véritables tours, très impressionnant, Allen. Une forteresse. Indestructible, j’en suis sûre, l’écho se prolongeait, chaque note…
    Sarah riait.
    — Très bien, dit Allen machinalement, très bien.
    Il voulait dire : ces forteresses de la ligne Maginot, quels magnifiques tombeaux. Il se retint, prit une cigarette, caressa le chat.
    — Je n’ai pas vu Catherine, dit Sarah. Tout va bien, Allen ?
    Elle s’inquiétait toujours des accidents de sa vie privée, elle l’interrogeait comme le fait un médecin avec un malade incurable. À voix basse, en se penchant vers lui, elle ajouta :
    — Vous ne pensez plus à cette…
    Allen secoua la tête.
    — Tina, dit-il, je vous ai raconté, Sarah, Tina mariée avec mon meilleur ami bien sûr – il rit – un fils, vieille histoire. Elle m’envoie ses livres.
    Il sourit, se souvint.
    La concierge lui remettait un paquet surchargé de tampons imprimés-books, Malcolm Publishers and Co, New York. Allen s’installait au « Sélect », commandait son petit déjeuner, un geste suffisait, le garçon connaissait ses habitudes. Allen buvait rapidement une tasse de café, feuilletait les journaux, puis demandait un couteau, ouvrait le paquet. Un livre, dont il découvrait d’abord le dos : une photographie occupait toute la couverture. Il reconnut ce communiste chinois qu’il avait interviewé dans les années 30. Allen avait déjà rencontré Tina et parce qu’elle le fuyait, il avait accepté ce reportage en Chine. Les années avaient défilé comme arbres au bord d’une route mais le Chinois Lee Lou Ching avait peu changé. Ses avant-bras appuyés à une table sur laquelle on distinguait une boîte marquée COFFEE et un étui d’appareil photographique, il faisait face à l’objectif sans paraître le voir, regardant au-delà, vers les collines dénudées du Yunnan qu’on apercevait à l’arrière-plan de la photo. Lee portait la tenue des communistes, une vareuse, une casquette souple marquée de l’étoile rouge. Richard Bowler était assis à la gauche de Lee Lou Ching. Impossible d’en vouloir à Bowler : il avait le même sourire ironique et tendre qu’autrefois, au temps où il publiait dans sa revue les premiers textes de Gallway. Gallway avait posé le livre, demandé un autre café, lu lentement la légende de la photo : «  Richard Bowler a rencontré au Yunnan les principaux dirigeants communistes. On le voit ici avec Lee Lou Ching, qui, né dans les environs de Shanghai, vers 1900, est considéré comme le plus occidentalisé des chefs de la république du Yunnan. »
    Allen retourna le livre. Le fond de la couverture était bleu, les lettres rouges.
    Richard Bowler
    With
    Tina Deutcher
    RED RIVER
    THE COMMUNIST REPUBLIC OF YUNNAN
    À peine une douleur.
    — Tina écrit aussi ? demanda Sarah Berelovitz.
    Allen haussa les épaules :
    — Un jour ou l’autre, dans notre

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