Les panzers de la mort

aujourd’hui que tu t’en aperçois ? dit Porta. Nous, Il y a longtemps qu’on le sait !
    – Nom d’un chien ! jura le légionnaire qui essayait de sauver sa mitraillette sous une pluie de balles. Grethe poussa un Cri, s’arrêta et un jet de sang sortit d’un trou ouvert dans son cou. Petit-Frère se retourna.
    – Ça y est, elle en a !
    Il saisit Trade, la jeta sur son épaule et prit sa course dans un nuage de poussière.
    – Quel malheur ! cria le légionnaire en grimpant le long de la falaise verticale que dominait une maison de convalescence.
    En bas les Russes attaquaient avec des hurlements de fauves. Porta, à mi-chemin du sommet, soutenait, aide par le S. S., un blessé, dans ses bras, mais le tir de l’ennemi le força à lâcher le soldat qui retomba avec un bruit sourd sur la route. Stege et moi, par un feu d’enfer, tentions de contenir l’ennemi jusqu’à ce que le légionnaire ait pu placer sa lourde mitrailleuse au sommet de la falaise. Des secondes passent… une éternité… au-dessus de nos têtes des salves crépitent… Dieu merci ! le légionnaire tire.
    Stege se dressa et commença à grimper. Au même moment, un choc violent m’atteignit dans le ventre et le monde s’obscurcit à ma vue. Je pus tout juste me rendre compte que Petit-Frère tendait Trade à Porta, puis je tombai dans un abîme insondable. La lumière, de nouveau, brilla, pendant que des douleurs atroces me transperçaient comme des lames ; je crois que j’ai crié. Tout résonnait à mes tympans : l’explosion sourde des grenades à mains, le bruit de guêpe des balles, des cris ! En bas un lance-flammes faisait rougeoyer la rue.
    Alte se pencha sur moi. Il était couvert de sang et de boue.
    Comme un sac de farine, Il me jeta sur son épaule et, appuyé sur Petit-Frère, se remit à gravir la pente. Un autre choc ! Coup au poumon… cette idée fulgura dans mon cerveau. J’étouffai…
     
    FIN
     
    Les Panzers de la mort
    « Il se mit de nouveau à sangloter désespérément puis, peu à peu, se calma. Chacun d’entre nous s’enfonça dans ses pensées. Malgré la chaleur du grand poêle dans la hutte, nous avions froid jusqu’au fond de l’âme. Qu’ont-Ils fait de nous qui sommes arrivés à tuer avec plaisir ? »
    Enrôlé de force dans l’armée allemande en 1940, le soldat danois Sven Hassel est affecté au 27 e régiment de blindés, un régiment de droits communs et de « politiques » issus de bataillons disciplinaires. Les Panzers de la mort est le récit du combat de ceux qu’on surnomma les « Hussards noirs de la mort » sur le front de l’Est, le plus terrible de cette guerre.
    Les aventures tragi-comiques de Sven, dont l’auteur avouait qu’elles étaient « à 90 % authentiques », sont une dénonciation au vitriol de l’absurdité de la guerre. Elles constituent un des témoignages les plus étonnants sur la Seconde Guerre mondiale, vue de 1’« autre camp ».
    Du même auteur ; les éditions du Rocher ont déjà publié : La Légion des damnés, Bataillon de marche, Camarades de front, Liquidez Paris !