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Les Rapines Du Duc De Guise

Les Rapines Du Duc De Guise

Titel: Les Rapines Du Duc De Guise Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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lavaient
uniquement à la fontaine. Le reste du temps, ils ne se décrassaient qu’avec une
toile sèche et du vinaigre, sauf deux fois par mois, quand ils allaient aux
étuves.
    — Il faut garder l’eau pour boire, avait
décidé M. Hauteville. Ce soir, j’irai à la fontaine remplir un seau.
    C’est durant ce repas que leur commis, Jacques
Le Bègue, avait proposé qu’ils établissent un tour de garde et qu’ils s’arment
pour se défendre si les pillards parvenaient à entrer dans la maison. Son père
avait acquiescé et était allé chercher la pertuisane qu’il utilisait pour les
rondes du guet bourgeois. C’était la seule arme de la maison. Le Bègue avait
pris une hache et le valet un long couteau. Sa gouvernante avait gardé le
dernier couteau pour elle. Elle savait quel serait son sort si les pillards
pénétraient chez eux.
    La journée s’était écoulée en prières. Le soir,
son père l’avait embrassé et lui avait longuement parlé de sa mère qui était au
ciel. Ils avaient prié pour elle en lui demandant de l’aide.
    Le lendemain, un
échevin et quelques bourgeois casqués et armés d’arquebuses étaient venus chez
eux. Le commis avait peur de les laisser entrer et son père avait longuement
parlementé avec les visiteurs avant d’ouvrir.
    Mais ils ne faisaient pas partie des pilleurs
et des fanatiques. Olivier s’était glissé dans un coin de la chambre pour
écouter la conversation.
    — Il faut mettre un terme aux violences, avait
dit l’échevin. Le roi n’a jamais voulu ces meurtreries. Sa Majesté ordonne à
tous les bourgeois de Paris de rejoindre leur quartenier pour former un corps
de garde.
    — Pourquoi ces massacres ? avait
interrogé son père. Je n’ai pas osé sortir sinon pour chercher un peu d’eau.
    L’échevin avait raconté le complot présumé de
Coligny et comment le roi s’en était protégé en frappant le premier et en
demandant à ses proches et à la milice urbaine l’exécution des complices. Cela,
c’était justice. Mais ensuite, tout le monde s’était mis au pillage. La veille,
Claude Marcel, l’ancien prévôt des marchands, avait désigné ceux qu’il fallait
tuer. Avec une bande d’écorcheurs, il avait parcouru la ville pour éventrer
femmes, enfants, et nourrissons.
    — La tuerie est finie ? avait
demandé son père.
    — Dans la rue Saint-Martin, qui
appartient au chapitre de Saint-Merry et au prieuré Saint-Martin, oui car elle
abrite peu de protestants. Mais plus haut, vers l’enseigne du Chapeau-Rouge, il y a beaucoup de financiers et de changeurs calvinistes. Là, le massacre
continue. J’ai vu de mes yeux des dizaines de cadavres pendus sur l’échelle
patibulaire de Saint-Martin-des-Champs. Je vous en conjure, monsieur Hauteville,
vous devez venir avec nous pour rétablir l’ordre, sinon, ces morts resteront
sur notre conscience et Dieu nous jugera.
    Son père n’avait pas hésité. Il avait saisi sa
pertuisane et son casque, et était parti avec eux. Il n’était rentré que le
soir, le visage défait.
    — Les chaînes sont tendues dans les rues
et les portes de la ville sont fermées. Le massacre continue dans le quartier
de Saint-Germain-l’Auxerrois où des centaines de huguenots, venus pour assister
aux noces d’Henri de Bourbon, ont été occis. Au milieu des rues sèchent des
ruisseaux de sang, et les cadavres déshabillés sont partout, pendus aux
fenêtres, aux arbres, ou abandonnés sur le sol, avait-il dit à Margotte. Il y a
quantité de maisons pillées aux portes brisées. Presque tous les joailliers du
pont Notre-Dame, qu’ils soient hérétiques ou non, ont été assassinés et jetés
dans la Seine. Une troupe appartenant au duc d’Anjou les a mis au pillage, hier.
    » Des bandes de meurtriers parcourent
encore les rues, enfonçant les portes, égorgeant ceux qu’ils veulent rançonner
et forçant les femmes qu’ils abandonnent nues et ensanglantées dans les rues. Paris
ressemble à une ville en guerre prise d’assaut. Nous avons réussi à protéger
quelques catholiques, mais pour les hérétiques, c’était impossible, on nous
aurait massacrés.
    Dans la rue redevenue calme, Margotte et la
servante, escortées de Gilles et de Jacques Le Bègue, porteur de la hache, étaient
allées chercher de l’eau et avaient pu, à prix d’or, acheter quelques légumes
et du lard. Les marchés étaient fermés, aucun chariot d’approvisionnement n’entrait
dans Paris.
    Son père était

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