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Les révoltés de Cordoue

Les révoltés de Cordoue

Titel: Les révoltés de Cordoue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ildefonso Falcones
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informée de la mort du père du petit avant le retour
de Brahim, ne contredit pas la version de son fils. Fatima non plus. Cependant,
malgré la douleur qu’affichait la jeune fille et le fait que son époux était
supposé toujours en vie, Brahim continua à la regarder lascivement et sans
vergogne.
     
    Cette nuit-là, Hernando ne put trouver le sommeil : les
sanglots contenus de Fatima tambourinaient en lui, plus fortement que la
musique et les chants qu’on entendait dans le camp.
    — Je suis désolé, chuchota-t-il pour la énième fois,
allongé à ses côtés, bien après minuit.
    Fatima sanglota une réponse inintelligible.
    — Tu l’aimais beaucoup…
    La phrase d’Hernando resta suspendue entre l’affirmation et
la question. Fatima laissa passer quelques instants.
    — On a grandi ensemble… Je le connaissais depuis
l’enfance. C’était un apprenti de mon père, un tout petit peu plus âgé que moi.
Nous marier nous a semblé le plus…
    La jeune fille tenta de trouver le bon mot.
    — Le plus naturel. Il avait toujours été là…
    Les pleurs de Fatima laissèrent place à une plainte
désespérée.
    — À présent nous sommes seuls, Humam et moi,
parvint-elle à articuler. Qu’allons-nous devenir ? Nous n’avons plus
personne…
    — Je suis là, moi, susurra-t-il.
    Sans réfléchir, il avança une main vers la jeune fille, mais
elle ne la prit pas. Fatima demeura silencieuse. Hernando entendait sa
respiration entrecoupée, qui se confondait avec le tapage du camp maure. Avant
que la musique et les chants gagnent en force, Fatima bredouilla :
    — Merci.
     
    Le marquis de Mondéjar accorda quelques jours de répit à
l’armée maure cantonnée à Ugíjar. Il recevait les chefs des lieux qui venaient
se rendre à lui ; il envoyait des groupes d’hommes attaquer les grottes
dans lesquelles se cachaient des Maures et, finalement, avant Ugíjar il se
dirigea vers Cádiar.
    Ces journées permirent aux espions maures, qui surveillaient
tout ce qui se passait à Grenade, de revenir à Ugíjar avec un grand nombre de
nouvelles. Hernando se joignit avec curiosité au cercle d’hommes qui entourait
l’un des nouveaux venus.
    — Tous nos frères emprisonnés dans la Chancellerie ont
été assassinés, réussit à entendre Hernando.
    Il y avait tant d’hommes qu’il n’arrivait pas à distinguer
le centre du cercle. L’espion demeura silencieux pendant le temps que durèrent
les rumeurs, les imprécations et les insultes par lesquelles les hommes
accueillirent sa déclaration. Puis il reprit :
    — Les soldats chrétiens ont attaqué la prison devant
des geôliers passifs, et ont tué les nôtres comme des chiens, enfermés dans
leurs cachots, alors qu’ils n’avaient aucune possibilité de se défendre. Plus
d’une centaine d’entre eux ! Ensuite, ils ont confisqué toutes leurs
propriétés, toutes leurs possessions. Il s’agissait des hommes les plus riches
de Grenade !
    — Seuls nos biens les intéressent ! cria
quelqu’un.
    — Tout ce qu’ils veulent, c’est s’enrichir !
renchérit quelqu’un d’autre.
    — Les deux marquis, de Mondéjar et de los Vélez, ont de
sérieux problèmes avec leurs armées respectives.
    Hernando reconnut de nouveau la voix de l’espion. La foule
s’était approchée du groupe et il se trouvait pris entre les nombreux Maures
qui prêtaient attention au récit.
    — Les soldats désertent dès qu’ils obtiennent un
esclave ou une part du butin. Mondéjar a perdu une grande partie de ses hommes
à partir du moment où il a franchi le pont de Tablate pour entrer dans les Alpujarras,
mais des renforts le suivent, arrivent, des gens avides de devenir riches avant
de rentrer chez eux.
    — Que sont devenus les hommes âgés, les femmes et les
enfants de Juviles ? demanda quelqu’un.
    Plus de deux mille hommes avaient laissé leurs familles dans
le château, et les rumeurs qui avaient couru depuis les nouvelles apportées par
Hernando les avaient plongés dans l’incertitude.
    — Près de mille femmes et enfants ont été vendus aux
enchères comme butin de guerre sur la place de Bibarrambla…
    La voix de l’espion s’éteignait.
    — Parle plus fort ! le pressa-t-on de l’arrière.
    — Elles ont été vendues comme esclaves ! s’efforça
de crierl’homme. Mille d’entre elles !
    — Seulement mille !
    Hernando entendit dans son dos l’exclamation étouffée et
trembla.
    — Elles ont été publiquement

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