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Les révoltés de Cordoue

Les révoltés de Cordoue

Titel: Les révoltés de Cordoue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ildefonso Falcones
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les autres endroits des Alpujarras qui se sont soulevés,
prétendant résister, se voient décimés. Le marquis de los Vélez vient
d’affronter nos frères à Ohánez. Ses hommes ont tué plus de mille hommes et
capturé environ deux mille femmes et enfants.
    — Mondéjar leur accorde le pardon, murmura Hernando,
pensant à ce qui pourrait arriver si Fatima était faite prisonnière.
    — Oui. Les deux nobles agissent de manière totalement
différente. Mondéjar considère que « la terre est en paix », et il
l’a fait savoir par écrit au marquis de los Vélez, insistant pour qu’il stoppe
ses attaques contre les Maures et octroie le pardon à tous ceux qui se rendent…
    — Et ? questionna al-Hashum.
    — Le marquis de los Vélez, en revanche, a juré de
persécuter, exécuter ou réduire en esclavage tout notre peuple. Apparemment, la
lettre lui est parvenue après la bataille d’Ohánez. Lorsqu’ils sont arrivés au
village, sur l’escalier de l’église, disposées en rang sur la plus haute
marche, ils ont trouvé les têtes fraîchement décapitées de vingt jeunes filles
chrétiennes. On a pu entendre, dit-on, leurs hurlements réclamant vengeance
jusqu’au plus haut sommet de la montagne.
    Les trois hommes qui étaient assis sur le sol de
l’habitation et l’épouse de Zahir, qui se tenait debout, un peu à l’écart,
gardèrent un long moment le silence.
    — Il faut apporter cet or aux Barbaresques !
s’exclama finalement Hernando.
    Hernando apprit qu’Abén Humeya était à Mecina Bombarón. Le
roi, en cachette, descendait de la montagne jusqu’à Válor, son village et son
fief, en quête de nourriture, de réjouissances et de confort, mais cette nuit
on l’attendait à Mecina Bombarón pour assister à un mariage musulman. Mecina
comptait parmi les nombreuses localités qui s’étaient rendues au marquis, et
comme les chrétiens avaient fui devant les massacres, elle jouissait d’un calme
provisoire. Abén Humeya, toujours prêt à profiter d’une fête, fût-ce dans les
pires circonstances, ne voulait pas manquer celle-là.
    Tirant sur sa mule, seul, attentif au moindre mouvement
suspect, Hernando se rendit à Mecina pour rendre compte au roi du résultat de
sa mission. Il quitta Adra aussitôt que l’embarcation trouvée par Zahir se fût
perdue sur les eaux sombres de la nuit, sans bateau chrétien à ses trousses et
sans trou colmaté à la cire susceptible de la faire chavirer. Sur la plage même
il avait récité des prières au côté du vieux Maure et de deux pêcheurs, dans
lesquelles ils avaient recommandé à Dieu le bon accomplissement de la mission
d’al-Hashum, qui transportait l’or des Maures. Puis il était parti, contre
l’avis de Zahir, à la lumière de la lune. Il était pressé de rentrer. Il
voulait retrouver Fatima et sa mère le plus vite possible.
    Il fit le chemin de retour en se cachant de tout et de tous,
se nourrissant du pain azyme et de la viande marinée que lui avait donnés
l’épouse de Zahir, sans cesser de penser à Fatima, à sa mère, à cette armée qui
devait venir les délivrer, bien au-delà des côtes grenadines.
    Ce que n’imaginait pas Hernando, ni Abén Humeya, ni
al-Hashum lors de sa traversée nocturne, c’était qu’Uluch Ali, bey d’Alger,
tout comme le sultan de la Sublime Porte, avaient leurs propres projets. En
effet, dès que les premières nouvelles du soulèvement maure étaient arrivées,
le bey d’Alger avait fait appel à son peuple pour venir en aide aux Andalous,
mais devant le nombre d’hommes disposés à la guerre qui s’étaient présentés à
la convocation, il avait décidé qu’il valait mieux l’utiliser à ses propres
fins et s’était lancé à la conquête de Tunis, alors aux mains de Muley Hamida.
En contrepartie, il avait dicté un arrêt selon lequel il autorisait tout
aventurier à voyager en Espagne, en même temps qu’il accordait son pardon à
tous les délinquants qui s’enrôleraient dans la guerre d’Al-Andalus. Il avait
également mis à disposition une mosquée dans laquelle il avait recueilli toutes
les armes – nombreuses – que les frères de foi des Andalous voulaient
bien apporter à la révolte, mais, au final, il avait préféré les vendre plutôt
que de les donner. Pour le sultan, à Constantinople, les choses s’étaient
passées différemment : la révolte des Maures espagnols signifiait un
nouveau front de guerre pour le roi d’Espagne et ouvrait aux

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