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Les révoltés de Cordoue

Les révoltés de Cordoue

Titel: Les révoltés de Cordoue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ildefonso Falcones
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Turcs les portes
de la conquête de Chypre, entreprise à laquelle le sultan s’était attelé après
avoir répondu à son gouverneur à Alger et lui avoir ordonné, en signe de bonne
volonté, d’envoyer deux cents janissaires turcs vers Al-Andalus.
     
    Plus il approchait de Mecina, dont les constructions, comme
dans la majorité des villages des hautes Alpujarras, s’arrimaient, groupées,
aux contreforts de la Sierra Nevada, se chevauchant les unes les autres, plus
Hernando entendait la musique des luths et des pipeaux. Il existait une grande
demeure, celle d’Abén Aboo, cousin d’Abén Humeya, où ce dernier avait
l’habitude de venir se réfugier. Il faisait nuit déjà quand Hernando attacha la
mule et entra à Mecina. Un joyeux tapage guida ses pas. Il n’arrêtait pas de
penser qu’il était tout près de revoir Fatima, laquelle se trouvait sans doute
toujours au camp de la montagne. Qu’allait-il lui dire ? Comment s’excuserait-il ?
    Il arriva juste à temps pour assister au moment où la
mariée, tatouée au henné et vêtue d’une sorte de tunique en guise de chemise,
était conduite à la maison de son époux, assise sur les mains jointes de deux
de ses parents, les yeux fermés, sans que ses pieds touchent un seul instant le
sol. Il se mêla à la bruyante assemblée. Les femmes poussaient des cris de joie
ou des youyous spécifiques aux mariages, suivant ainsi la loi musulmane
établissant que les noces devaient être publiques et manifestes. Après les
recommandations adressées aux nouveaux mariés, plus personne à Mecina ne
pouvait désormais contester cette union. La mariée apparut à la petite entrée
de la maison à deux étages de son époux, alors que la foule était regroupée
dans la ruelle, et quelqu’un lui donna un maillet et un clou qu’elle planta
dans la porte. Puis, au milieu des cris, elle entra dans son nouveau foyer en y
posant d’abord le pied droit.
    À partir de cet instant, la mariée, flanquée de toutes les
femmes qui avaient pu pénétrer dans la petite maison, fut conduite dans la
chambre, située à l’étage supérieur de l’habitation, où elle devait se
recouvrir d’un drap blanc et attendre, allongée et calme, silencieuse, les yeux
clos, pendant que les femmes lui faisaient des cadeaux. Toutes, pressentant
l’écrasement du soulèvement et le retour des prêtres et des bénéficiers prêts à
veiller au bon respect des arrêts et des ordres qui leur interdisaient l’usage
de leurs vêtements et de leurs coutumes, se raccrochaient à leurs rites et
accédèrent à la maison le visage couvert. Elles le dévoileraient seulement dans
l’intimité de la chambre nuptiale, là où les hommes n’étaient pas.
    Hernando eut bien du mal à parvenir jusqu’à la porte de la
maison ; beaucoup trop nombreux étaient ceux qui essayaient d’entrer avec
le marié dans les pièces du rez-de-chaussée, incapables d’accueillir tout le
monde.
    — Je dois voir le roi, dit-il dans le dos d’un vieux
Maure qui, dans la rue, lui barrait le passage.
    L’homme se retourna et le transperça d’un regard fatigué.
Puis il baissa les yeux vers l’épée qui pendait à la taille du garçon. Personne
n’était armé à Mecina.
    — Ici il n’y a pas de roi, le corrigea-t-il.
    Pourtant il le laissa passer et prévint ceux qui le
précédaient de faire de même.
    — Rappelle-toi, insista-t-il au moment où Hernando le
doublait. Ici, il n’y a pas de roi.
    Le message ayant été transmis tout au long de la file
d’hommes qui attendaient, Hernando put accéder depuis la rue à la minuscule
pièce dans laquelle les hommes tournoyaient autour du marié. Il eut du mal à
trouver Abén Humeya. Auparavant, il découvrit Brahim, qui mangeait des gâteaux,
discutant et riant avec des monfíes qu’Hernando connaissait de vue, du camp.
Brahim semblait heureux, pensa-t-il au moment où leurs regards se croisèrent.
Il détourna les yeux de son beau-père et tomba sur ceux d’Abén Humeya, qui le
reconnut aussitôt. Le monarque était habillé simplement, comme n’importe quel
Maure de Mecina. Il s’avança vers lui.
    — La paix, Ibn Hamid, le salua le roi. Quelles
nouvelles m’apportes-tu ?
    Hernando lui raconta le voyage.
    — Je m’en réjouis, le coupa Abén Humeya d’un geste de
la main dès que le garçon lui confirma que, grâce à Dieu, al-Hashum avait sans
doute déjà débarqué aux Barbaresques. Malgré ton âge, tu es un loyal serviteur.
Tu

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