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Les révoltés de Cordoue

Les révoltés de Cordoue

Titel: Les révoltés de Cordoue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ildefonso Falcones
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Adra. Face aux bancs de sable
et aux champs stériles qui s’étendaient vers la mer, ils durent attendre qu’il
fasse complètement nuit. Le monfí était un homme réservé, ainsi qu’Hernando
avait pu le constater tout au long du chemin, sans être pour autant sauvage ou
rébarbatif. Il laissait même entrevoir un caractère plutôt bon, ce qui, chez un
bandit des montagnes, ne laissait pas de surprendre le garçon. Cette nuit-là,
ils s’assirent tous deux au sommet d’une colline et, tandis qu’ils observaient
l’eau de la mer changer de couleur à mesure que le soleil se couchait, Hernando
écouta son compagnon lui parler davantage qu’au cours des journées précédentes.
    — Adra est aux mains des chrétiens.
    Le monfí essaya de susurrer, mais sa grosse voix naturelle
l’en empêchait.
    — C’est ici, au début du soulèvement, que furent trahis
El Daud et d’autres frères de l’Albaicín de Grenade qui voulaient passer aux
Barbaresques pour chercher de l’aide. Ils trouvèrent une embarcation, comme
nous devons le faire, mais le Maure qui leur servit d’intermédiaire, que Dieu
le condamne à l’enfer ! troua la barque et colmata les trous avec de la
cire. Le bateau se mit à prendre l’eau à proximité de la côte ; les
chrétiens eurent juste à attendre El Daud et les siens sur la plage pour les
arrêter.
    — Tu connais… quelqu’un de confiance ? demanda
Hernando.
    — Je crois que oui.
    L’eau commençait à s’obscurcir.
    — Je vois que tu marches désormais plus facilement,
lança alors al-Hashum : les onguents t’ont soigné l’entrejambe.
    Même dans la pénombre, Hernando se cacha le visage, mais le
monfí insista ; partant des causes manifestes à l’origine de cette brûlure
particulière, al-Hashum finit par lui parler de sa femme et de ses enfants. Il les
avait laissés à Juviles et, comme tout le monde, il ignorait si, la nuit du
massacre, ils se trouvaient dans l’église ou en dehors.
    — Morts ou esclaves ? murmura-t-il, cette fois
avec un filet de voix. Quel est le pire destin ?
    Ils continuèrent à discuter tandis que la nuit tombait, et
Hernando parla de Fatima et de sa mère.
    Puis ils se cachèrent dans la maison d’un couple de vieux
Maures qui n’avaient pu fuir dans les montagnes quand la révolte avait éclaté à
Adra, et qui s’occupaient d’un jardin et de quelques arbres fruitiers à
l’extérieur de la ville. L’homme, qui s’appelait Zahir, leur demanda de faire
entrer la mule à l’intérieur de l’habitation.
    — Nous ne possédons pas d’animaux, allégua-t-il. Une
mule chez nous attirerait les soupçons.
    L’épouse de Zahir veillait à garder l’intérieur de sa maison
très propre, mais elle approuva les paroles de son mari ; ils attachèrent
la bête dans ce qui était, leur dirent-ils avec orgueil, la chambre de leurs
deux jeunes fils partis combattre pour le Dieu unique.
    Ils restèrent cachés plusieurs jours sans sortir de la
maison. Zahir négociait avec discrétion une embarcation. Hernando et al-Hashum
surent instantanément qu’ils pouvaient faire confiance à leurs hôtes, mais
qu’en était-il des hommes avec qui traitait le vieux Maure ?
    — Aucun doute ! assura fermement Zahir devant leur
méfiance. Ils sont musulmans ! Ils prient avec moi, et que ce soit en
ville ou sur la plage, sans prendre les armes, ils collaborent avec nos jeunes.
Ils sont tous conscients de l’importance qu’il y a à transporter cet or aux
Barbaresques. Les nouvelles qui proviennent de certains endroits des Alpujarras
ne sont en rien encourageantes. Nous avons besoin de l’aide de nos frères turcs
et arabes !
    Les nouvelles ! Chaque soir, en mangeant les quelques
aliments que le couple pouvait leur offrir, ils écoutaient avec anxiété les
nouvelles que Zahir leur apportait de la guerre.
    — Les villages continuent à se rendre, leur raconta un
soir le vieil homme. On dit qu’Ibn Umayya erre dans les montagnes, sans armes
ni provisions, en compagnie de moins d’une centaine d’inconditionnels.
    Hernando trembla à la seule pensée de Fatima et d’Aisha
perdues dans les ravins de la Sierra Nevada, sans la protection d’une armée.
Face à la douleur qu’il percevait chez le garçon, le monfí fronça les sourcils.
    — Pourquoi se rendent-ils ? cria-t-il alors.
    Zahir, en signe d’impuissance, hocha négativement la tête.
    — Par peur, jugea-t-il. Il ne reste plus grand monde
avec Ibn Umayya, et

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