Les spectres de l'honneur

jusqu’au jour de la bataille de Nazara.
    Pour cela et pour les très-hauts et très-grands et très signalés services que depuis jusqu’à présent vous nous avez rendus et rendez chaque jour et pour vous honorer et vous faire hériter en nos royaumes, pour que vous soyez plus honoré et plus fort, vous et ceux qui descendront de votre lignage.
    Nous vous donnons en donation avec droit d’hérédité, afin d’en jouir à cette heure et pour toujours, notre ville de Molina avec le château de la dite ville, voulant que vous vous nommiez duc de Molina, vous et ceux qui descendront de votre lignage et vous donnons de plus la ville de Soria avec le château de la dite ville et la ville d’Aciença avec le château de la dite ville, et la ville d’Almazan avec le château de la dite ville et Moron et Montaigu et la ville de Deçà avec son alcazar et Achela et Seron et Cervora et Arvedo et nous vous donnons ces dites villes et lieux avec tous leurs confins et appartenances, telles qu’elles appartiennent et doivent appartenir et avec toute la juridiction et seigneurie que nous avons en elles et en chacune d’elles et avec toutes les rentes et profits et droits des dites villes et lieux et de chacune d’elles, ainsi et de quelle manière les fruits, péages, douanes et dîmes de ponts et sommes que nous y avons et nous appartiennent et doivent appartenir de quelque manière que ce soit dans les dites villes et lieux et en chacune d’elles et avec tous les autres profits et droits, quels qu’ils soient, dehors ou non dehors et toutes autres choses que ce soit qui appartiennent ou doivent appartenir en quelque manière à la seigneurie des dites villes et lieux et de chacune d’elles, avec la justice civile et criminelle et plein et moyen pouvoir et avec la juridiction haute et basse et avec la seigneurie des dites villes et lieux et de leurs confins et ensemble les montagnes et vallées et prés et pâturages et leurs rivières, eaux courantes et non courantes et fours et bains et moulins et… et jardins et vignes… et… et possessions et avec toutes leurs justices et franchises et libertés, selon que plus complètement les dites villes et lieux et leurs confins les ont obtenus des rois dont nous sommes descendus et des autres seigneurs à qui ils ont appartenu jusqu’à présent. Et nous faisons cette grâce et donation à titre d’héritage, à partir d’aujourd’hui et pour toujours, qu’on pourra donner et vendre et engager et traquer et changer et pour que vous puissiez faire d’elle et en elle comme de votre propre chose, sauf que vous ne puissiez disposer de ces choses avec un homme d’ordre, ni de religion, ni de foi de notre seigneurie ni avec qui que ce soit qui soit ou sera de notre seigneurie et de notre service. Et retenons pour nous et les rois qui après nous régneront en Castille et León les mines d’or, d’argent et d’azur, s’il y en a, ou s’il en trouve d’ici en avant. Et les gabelles et tierçages et services et monnayages et autres droits quels qu’ils soient que nous imposerions dans nos royaumes et le droit de monnaie de sept en sept ans en reconnaissance de notre seigneurie royale et afin que vous le dit messire Bertrand vous nous fassiez plaid et hommages et soyez tenu de tenir les dites villes et châteaux et lieux en la manière et conditions et hommages que les tiennent tous les natifs de Castille à qui les rois de Castille dont nous descendons en ont fait la grâce et comme les tiennent encore de nous à cette heure les natifs à qui nous en donnons. Et aussi que vous nous obéissiez et joigniez à nous et quand nous aurons fini nos jours à l’infant Don Juan mon fils premier héritier ou tel que nous instituerons en notre testament, en les dites villes et lieux et châteaux et en chacun d’eux en haut et en bas, que nous y arrivions avec peu ou beaucoup, de nuit comme de jour et que vous fassiez de la guerre et paix par notre mandement chaque fois que nous le manderons ou enverrons mander et que vous veniez à nos assignations et à nos convocations chaque fois que nous vous enverrons assigner ou convoquer et que vous accomplissiez nos charges et notre mandat selon que c’est accoutumé. Et que si manque la justice et que vous ne la vouliez faire ni remplir, nous puissions vous mander de la faire et remplir et aussi que au moyen des dites grâces que nous vous faisons vous dit messire Bertrand, soyez notre naturel et notre vassal, vous et ceux qui de