L'holocauste oublié
raciales qui suivaient tous les tsiganes déportés, mais aussi que l’on repérait les tsiganes aptes à subir les différentes expériences médicales. Il y eut un jour un beau remue-ménage à la porte du camp car un tsigane avait été autorisé par erreur à partir en convoi. Tout l’état-major de Dachau, commandant en tête, examina, papiers en main, l’ensemble des partants et le tsigane retrouvé, insulté, frappé – comme si c’était lui qui avait commis l’erreur – fut traîné au bunker. Je ne sais pas ce qu’il est devenu.
Le médecin général Karl Brandt, l’autorité suprême dans les domaines médicaux du Reich, a affirmé devant les juges qui le condamnèrent à mort à Nuremberg, qu’Hitler avait eu l’idée de ces expérimentations en 1935.
— Il avait émis cette opinion à l’occasion d’une opération subie à la gorge en 1935. Il avait déclaré à l’époque qu’il serait logique d’utiliser des criminels pour mettre au point des problèmes médicaux (174) .
Devant les mêmes juges, le professeur Gebhart, ami d’enfance d’Himmler, médecin général et chef occulte des médecins S.S., confirma la déclaration de Brandt. Il alla même un peu plus loin :
— Les expériences de Rascher ordonnées par Himmler, avaient été exposées au Führer et Hitler avait décidé qu’en principe, les expériences humaines étaient permises lorsque l’intérêt de l’État était en jeu. À ce moment elles étaient protégées par la loi, non soumises à des sanctions, et, au contraire, celui qui n’aurait pas accepté d’exécuter cet ordre militaire, aurait été puni. D’après Himmler, le chef de l’État pensait qu’on ne pouvait laisser intacts certains des prisonniers des camps de concentration, alors que les soldats combattaient et que des femmes et des enfants souffraient des raids et des bombes.
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Expériences sur l’eau de mer.
Depuis 1935, les Services de recherche allemands de la Marine et de l’Aviation étudiaient l’eau de mer en laboratoire et procédaient à des expérimentations animales. Des travaux identiques étaient abordés à la même époque par toutes les grandes armées. Avec la Deuxième Guerre mondiale, les chercheurs furent pressés par les responsables militaires : les naufragés et les pilotes abattus devaient être obligatoirement dotés d’un appareillage simple ou de produits chimiques capables de rendre l’eau de mer potable.
Au printemps 1944, les Services techniques de l’armée de l’air adressèrent à Himmler (le seul qui pouvait décider d’une expérimentation humaine sur des condamnés à mort) un rapport précisant le point de leurs connaissances sur le sujet.
— Notre service a étudié deux procédés pour rendre l’eau de mer potable.
1. La méthode de l’I.G.-Farben, qui utilise principalement des nitrates d’argent. Ce procédé nécessite une vaste usine exigeant environ deux cents tonnes de fer, et coûtant environ 250 000 marks. La quantité du produit nécessité par l’armée de l’air et la marine, demande deux tonnes et demie à trois tonnes d’argent pur par mois. De plus, l’eau rendue potable par ce procédé, doit être aspirée par un filtre, afin d’éviter l’absorption des substances chimiques précipitées. Ces faits rendent l’application de la méthode pratiquement impossible.
2. Le deuxième procédé s’appelle la méthode Berka. D’après cette méthode, les sels qui se trouvent dans l’eau de mer ne sont pas précipités, mais sont traités de telle façon que lorsqu’on boit cette eau, ils ne sont pas désagréables au goût. Ils passent à travers le corps sans le sursaturer de sel, et sans causer de soif anormale. Il n’est pas nécessaire d’avoir des usines spéciales pour produire les préparations nécessaires, qui n’exigent pas de matériaux rares.
— On peut prévoir que cette méthode sera introduite dans l’armée de l’air et dans la marine d’ici peu de temps. Maintenant que la technique scientifique allemande a réellement réussi à rendre l’eau de mer potable, il n’est plus de première importance de savoir comment les pays étrangers essayent de résoudre ce problème. Naturellement, notre service est extrêmement intéressé par la façon dont les États-Unis en particulier, ont résolu la question, et il demande que cette information soit obtenue sans compromettre cependant qui que ce soit ou quelque service que
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