Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
L'Homme au masque de fer

L'Homme au masque de fer

Titel: L'Homme au masque de fer Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arthur Bernède
Vom Netzwerk:
bourdonnaient joyeusement les abeilles.
    Après avoir poussé la petite barrière, Gaëtan longea l’allée principale, contourna la maison et s’en fut sur une petite terrasse ombragée de tilleuls d’où l’on découvrait un panorama magnifique sur la vallée de la Garonne.
    Un vieux prêtre à cheveux blancs, un peu cassé par l’âge, le nez chevauché par une énorme paire de besicles, était en train d’émietter du pain, qu’il jetait aux moineaux. L’arrivée du chevalier fit envoler les gentils oiseaux et provoqua un mouvement d’humeur du vénérable prêtre qui se traduisit par ces mots :
    – Ah ça ! qu’est-ce qui vient me déranger et faire peur ainsi à mes petits amis ?
    – Excusez-moi, monsieur le curé, lança Castel-Rajac. Mais rassurez-vous, vos petits amis ne tarderont pas à revenir.
    – Je ne me trompe pas, c’est bien toi, mon cher Gaëtan, s’exclama le prêtre.
    Et, d’un ton un peu chagrin, il ajouta :
    – Décidément, ma vue baisse de plus en plus, mon pauvre enfant ; je ne t’aurais pas reconnu ; j’ai bien peur que, d’ici peu, je ne devienne complètement aveugle.
    Et, avec un accent de résignation il ajouta :
    – Si le bon Dieu le veut, qu’il en soit ainsi. Mais ne nous attardons pas à ces pénibles pensées.
    Après avoir serré affectueusement la main de son ancien élève, l’abbé Murat reprit :
    – Je te croyais parti pour un long voyage.
    – Mais oui, monsieur le curé. Malheureusement, il m’est arrivé en route un accident plutôt fâcheux.
    – Aurais-tu été détroussé par des voleurs ?
    – Non point, monsieur le curé.
    – Alors ?
    – J’ai commis un gros péché.
    – Lequel ? grand Dieu ! s’effarait l’abbé Murat.
    – Je suis papa !
    – Seigneur, s’exclamait le vieux prêtre, en joignant les mains. Que me dis-tu là ? Père, tu es père… en dehors des saintes lois de l’Église !
    – Oui, monsieur le curé.
    – Ah ça ! tu as donc oublié un commandement de Dieu, qui dit : « Œuvre de chair accompliras, en mariage seulement ? »
    – Hélas, oui, monsieur le curé, je l’ai complètement oublié.
    – Malheureux !
    – Mais je me repens amèrement.
    Et, tout en affectant un chagrin qui, à tout autre que le bon vieux curé de Saint-Marcelin, aurait pu apparaître singulièrement exagéré, Gaëtan, qui avait soigneusement préparé son récit, poursuivit :
    – Monsieur le curé, je ne suis pas venu seulement vous demander une absolution, mais je suis venu aussi vous prier de bien vouloir baptiser ce petit innocent dans le plus bref délai.
    – Comment ? il est ici ?
    – Oui, monsieur le curé, à l’hostellerie du Faisan d’Or.
    – Et la mère ?
    – Ah ! la mère, la pauvre, elle est morte en donnant le jour à cet enfant.
    – Dieu ait pitié de son âme !
    – Oh ! oui, monsieur le curé, car, en dehors de sa faute, c’était un ange et c’est moi le seul coupable.
    En voyant ainsi son ancien disciple s’humilier, l’abbé Murat sentit toute son indignation se transformer en une pitié sans bornes.
    – Où demeurait cette jeune personne ? demanda-t-il.
    – Entre Agen et Marmande, et c’était pour la retrouver que j’avais raconté que je partais en voyage.
    – Encore un mensonge de plus.
    – Ah ! monsieur le curé, j’ai sur le dos un bien lourd fardeau de péchés.
    – Elle avait de la famille ?
    – Orpheline, monsieur le curé, déclara Gaëtan, qui jugeait utile de simplifier les choses, elle demeurait chez une de ses parentes qui, d’ailleurs, la rendait très malheureuse.
    Le vieux prêtre réfléchit pendant un instant, puis il reprit :
    – Est-ce que tes parents sont au courant de ce grand malheur ?
    – Je ne leur en ai point parlé encore.
    – Il faudra leur dire toute la vérité.
    – C’était bien mon intention.
    – Cela va bien amener du trouble dans leur existence.
    – Certes, reconnaissait le chevalier, mon père va pousser des hauts cris, me maudire, je le crains… Maman va se lamenter et invoquer le bon Dieu, j’en suis sûr. Mais, quand ils verront le petit, tout rose, tout frais, tout mignon, ne demandant qu’à vivre, ah ! je les connais tous les deux, mon cher père et ma chère mère, ils seront immédiatement désarmés, ils se mettront à aimer ce petit bâtard de Castel-Rajac, tout autant que s’il eût été mon fils légitime. Monsieur le curé, je suis un grand coupable, je l’avoue, mais

Weitere Kostenlose Bücher