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L'Homme au masque de fer

L'Homme au masque de fer

Titel: L'Homme au masque de fer Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arthur Bernède
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la chambre, mais il y a en bas un gentilhomme qui désire parler à Monsieur le chevalier.
    – Un gentilhomme, répétait Gaëtan. Vous a-t-il dit son nom ?
    – Oui, mais je ne m’en souviens plus.
    La duchesse intervint :
    – Ne serait-ce point Capeloni ?
    – C’est ça.
    – Mordious !… s’écriait Castel-Rajac, tandis que la duchesse pâlissait légèrement.
    » Dites au comte de Capeloni que je le rejoins.
    – Ou plutôt non, ordonna la duchesse, priez-le de monter sur-le-champ.
    M me  Lopion ne se le fit pas dire deux fois et s’en fut s’acquitter de sa mission avec tout le zèle dont elle était capable.
    Demeuré seul avec la duchesse, Castel-Rajac remarqua la préoccupation répandue sur ses traits :
    – Vous craignez qu’il se soit passé là-bas quelques fâcheux événements ?
    – Je le crains.
    – Le mari ?
    – Nous allons tout savoir. Il est certain, pour que le comte soit venu nous rejoindre aussi rapidement…
    Elle s’arrêta. On frappait à la porte. M me  Lopion faisait entrer dans la pièce M. de Mazarin, qui, s’inclinant devant la duchesse et tendant la main à Castel-Rajac, s’écria :
    – Dieu soit loué, j’arrive à temps !
    Le premier mot de M me  de Chevreuse fut :
    – Et notre amie ?
    Mazarin répliqua :
    – Quand je l’ai quittée, il y a quatre jours environ, elle se portait aussi bien que possible, mais, depuis ce moment, j’ignore ce qui a pu se passer et je ne vous cacherai pas que je suis en proie aux plus vives angoisses.
    Gênée par la présence de Castel-Rajac que, décemment, elle ne pouvait congédier, la duchesse interrogea :
    – Le mari aurait-il vent de quelque chose ?
    – Non ! déclara nettement Mazarin, en mettant aussitôt son langage et son attitude à l’unisson de ceux de M me  de Chevreuse. J’ai même acquis la certitude qu’il n’avait pas l’ombre d’un soupçon. Vous connaissez son indifférence conjugale. J’ai la conviction qu’en ce moment il ne pense nullement à son épouse et qu’il croit fermement celle-ci en train de prier le Seigneur. Mais il n’en est point de même de son… intendant…
    À ces mots, la belle Marie de Rohan eut un mouvement de recul. L’intendant, n’était-ce pas Richelieu ? Mieux que personne, elle savait combien Anne d’Autriche avait à redouter de l’homme d’État qui l’exécrait, non seulement parce qu’elle avait toujours contrecarré sa politique, mais parce qu’elle avait un jour repoussé les offres amoureuses du cardinal qui s’était mis en tête de suppléer à l’insuffisance du roi et de donner un héritier à la couronne de France.
    Aussi ne put-elle s’empêcher de souligner :
    – Si l’intendant a découvert notre secret, tout est perdu.
    Castel-Rajac commençait à bouillir d’impatience :
    – Ah ça ! cet intendant est donc si puissant, pour qu’il vous inspire de pareilles craintes.
    Et, tout en tourmentant la poignée de son épée, il ajouta :
    – Que je sache seulement où il se loge et comment il se nomme, je me charge de lui passer mon épée au travers du corps, aussi facilement que maître Lopion met un dindon à son tournebroche.
    Mazarin répliqua vivement :
    – Mon cher chevalier, modérez vos ardeurs et renoncez à pourfendre ce faquin. Une telle équipée ne pourrait que provoquer un scandale qui compromettrait à tout jamais l’honneur d’une femme, que M me  la duchesse de Chevreuse et moi nous avons le devoir de défendre avec encore plus d’acharnement que vous.
    – Je me tais, dit aussitôt le jeune Gascon, mais sachez que vous pouvez entièrement compter sur moi, en toute heure, en toute circonstance. J’ai juré de veiller sur l’enfant. N’est-ce pas le défendre que défendre aussi sa mère ?
    – Quel brave cœur ! murmura M me  de Chevreuse, en enveloppant le jeune homme d’un regard plein de tendresse.
    Puis, se tournant vers Mazarin :
    – Mon cher comte, continuez, je vous en prie.
    Mazarin déclara :
    – Cet intendant, qui, depuis un certain temps, faisait espionner votre amie, a réussi à découvrir sa retraite et à acquérir la preuve de sa maternité clandestine. Mais, comme, de mon côté, je prévoyais que cet intendant cherchait à s’informer et qu’il était parfaitement capable de découvrir la vérité, je l’ai fait surveiller, moi aussi, et j’ai pu apprendre qu’il avait donné ordre de vous faire rechercher par des agents secrets et de vous

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