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Marseille, 1198

Marseille, 1198

Titel: Marseille, 1198 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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les yeux fulminant de colère.
    Castellaire avait soutenu son regard un instant
avant de baisser la tête.
    — Je confesse ma faute, avait-il dit. Et je
suis prêt à en payer le prix. Pour ma défense, je peux seulement dire que je
l’ai fait pour l’Église.
    — Pour l’Église ? Mais c’était
folie ! La ville haute et la ville basse vivent en harmonie ! Que
cherchiez-vous, sinon à prendre ma place ? s’était exclamé l’évêque,
consterné.
    — J’avais des ordres du Saint-Père,
monseigneur. Je devais tout faire pour qu’un jour Rome entre en possession du
port de Marseille. Or, depuis que je suis arrivé, j’ai deviné que le viguier
s’opposerait toujours à nous. J’ai cru faire avancer la cause de l’Église.
    — Vous vous êtes lourdement trompé. Hugues de
Fer n’a jamais été l’adversaire de l’Église, avait affirmé l’évêque.
    Castellaire avait alors murmuré d’une voix à peine
audible :
    — Quand le seigneur Hugues de Fer m’a
contraint à lui remettre ce Perse démoniaque, j’ai compris qu’il n’hésiterait
jamais à utiliser la force pour imposer sa volonté. Même si les deux Italiens
parvenaient à remettre au noble Roncelin la lettre que notre Saint-Père leur
avait remise, même si notre seigneur vicomte revenait libre à Marseille, Hugues
de Fer n’accepterait jamais que la ville appartienne à Rome.
    — En effet, avait approuvé Fer. Vous m’avez
bien jugé. Mais peut-être y aurait-il eu d’autres solutions. Des compromis
auraient été possibles. C’était à l’évêque de m’en parler. Heureusement pour
vous, et pour moi, vous vous êtes adressé à l’homme le plus loyal que j’aie
jamais connu.
    — Comment saviez-vous que Guilhem partait aux
Baux ? Nous ne l’avions dit à personne, avait alors demandé Robert de
Locksley qui était jusqu’alors resté silencieux.
    Le juge ecclésiastique s’était tourné vers lui
sans laisser paraître qu’il le connaissait. Il avait tout de même marqué une
hésitation avant de répondre.
    — Après que le viguier est parti avec le
Perse, j’ai fait surveiller sa maison par un moine. L’après-midi, deux
chevaliers sont venus, m’avait-il dit, ainsi qu’un notaire. Quand ils sont
sortis, il a suivi les chevaliers à leur auberge. Il a demandé leurs noms à un
garçon d’écurie, et quand il a vu l’Anglais repartir – je suppose que
c’est vous – il est venu me prévenir. Je savais que celui qui restait se
nommait Guilhem d’Ussel.
    Hugues de Fer avait consulté Roncelin du regard.
    — Seigneur vicomte, c’est à vous de décider
du châtiment de cet homme, avait-il dit.
    Roncelin était apparu embarrassé. À son tour il
avait regardé l’évêque, qui avait baissé les yeux, comme s’il lui laissait
l’entière responsabilité de la décision qu’il prendrait, puis son regard était
revenu vers Michel de Castellaire.
    — Voici ma décision. Il n’y a pas eu crime et
j’ai vu trop de sang durant ces jours écoulés. Vous quitterez la ville avant la
tombée de la nuit, vous partirez à pied sans rien sinon une robe de bure et
vous rentrerez à Rome demander votre pardon.
    L’évêque s’était levé et avait ajouté :
    — Si à la nuit vous êtes encore dans les murs
de Marseille, vous serez saisi et pendu devant les Accoules.
    Après cette sentence, Hugues de Fer avait informé
les consuls du retour de leur vicomte et leur avait demandé de se réunir le
lendemain au Tholoneum, à la première heure. Roncelin l’accompagnerait.
    L’arrivée de Guilhem et de Robert de Locksley à la
fin de la nuit perturba un peu ce qu’il avait préparé, mais cela lui donna
l’avantage d’interroger Aurélien avant la réunion consulaire. Le syndic des
tanneurs fut ensuite jeté au fond d’un cachot de la prison de la ville.
    Le vicomte et le viguier vinrent séparément à
l’ancien palais, Hugues de Fer étant accompagné de Robert de Locksley et de
Guilhem d’Ussel.
    Comme d’habitude, la sombre salle était éclairée
par quelques torches de résine et on avait tendu le long des murs plusieurs bannières
à la croix d’azur sur fond d’argent. Quatre consuls étaient présents. Ils
savaient que l’expédition aux Baux de leur viguier avait réussi et s’en
réjouissaient. Certains étaient cependant mortifiés de n’avoir pas cru en
Hugues de Fer et d’avoir soutenu le remplacement de Roncelin par Adhémar.
    Malgré l’absence de deux d’entre eux,

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