Marseille, 1198
et
le rappelait près de lui.
Le médecin avait fait ses adieux à son ami Hugues
de Fer et était rentré au Maroc. Il ne devait survivre que peu à son retour en
faveur. Il mourut le 10 décembre 1198 [48] .
Le viguier Hugues de Fer continua de gouverner
Marseille avec le vicomte Roncelin qui épousa la fille du roi d’Aragon. Pendant
ce temps, Hugues des Baux, ayant échoué à devenir vicomte de Marseille, se fit
élire consul d’Arles mais il ne parvint pas davantage à devenir le maître de
cette ville. Il intrigua alors auprès de Rome pour contraindre Roncelin à
rentrer dans son couvent afin de faire, de nouveau, valoir les droits de son
épouse Baralle.
En 1207, ses manigances aboutirent.
Innocent III condamna Roncelin pour apostasie. Le vicomte fut excommunié
en 1209, ainsi que Hugues de Fer, complice selon le pontife. Comme ils n’en
tenaient aucun compte, le pape jeta l’interdit sur Marseille.
C’était une punition d’une extrême gravité, car
plus aucun sacrement n’était célébré. Cette fois repentant, Roncelin partit
pour Rome demander son pardon. Le pape le lui accorda en échange d’une cession
de ses biens à l’évêque de Marseille et à l’abbaye de Saint-Victor.
Les consuls marseillais scellèrent alors une
alliance avec l’Église pour évincer le pouvoir féodal. Cette alliance se fit
autour de Guillaume Vivaud, Hugues de Fer et la confrérie du Saint-Esprit. À
partir de 1212, les recteurs du Saint-Esprit et Hugues de Fer rachetèrent, peu
à peu, les parts de Roncelin, d’Adhémar, et d’Alice, qui avait épousé Raymond
des Baux [49] .
Quant au juif Botin, il continua à participer au
financement du négoce de la ville dont il devait rester un des plus honorables
habitants.
Après le retour de Guilhem, Raymond de
Saint-Gilles, comte de Toulouse, rompit les négociations avec Hugues des Baux.
Il se rapprocha de la maison de Barcelone et du roi d’Aragon, bien que ses ancêtres
aient toujours agi à l’inverse. Au printemps de 1207, il conduisit même une
guerre contre les seigneurs des Baux.
Pour y mettre fin, le légat du pape, Pierre de
Castelnau, lui demanda de faire la paix avec les Baussenques et de consacrer
ses forces à l’extermination des hérétiques cathares.
Raymond refusa et Pierre de Castelnau, dans sa
colère, l’excommunia, frappa ses terres d’interdit et écrivit au pape pour
obtenir la confirmation de cette sentence. Ce devait être le début de la
croisade contre les Albigeois.
Quant aux seigneurs des Baux, malgré de nombreuses
et sanglantes tentatives [50] , ils ne parvinrent jamais à
devenir comtes de Provence. Il ne nous reste d’eux que leurs châteaux ruinés et
cet ultime hommage :
Race d’aiglons, jamais vassale.
Qui, de la pointe de ses ailes,
Effleura la crête de toutes les hauteurs.
Vrai ou faux ?
I bn
Rushd, plus connu en Occident sous le nom d’Averroès, est certainement le plus
illustre des médecins et philosophes arabes du Moyen Âge. Né en 1126 à Cordoue,
médecin, magistrat et réformateur de la justice musulmane, il devint conseiller
et médecin du calife et consacra une partie de sa vie à l’étude et aux
commentaires de l’œuvre d’Aristote. Tolérant dans son interprétation de la
religion, il tenta de séparer la raison et la croyance, ce qui le fera
condamner par les autorités religieuses musulmanes pour avoir déformé les
préceptes de la foi. Exilé en 1195, il fuira et disparaîtra pendant une partie
de l’année 1198. Était-il à Marseille, auprès d’Hugues de Fer ? Nul ne le
sait ! Il sera finalement rappelé par le calife à Marrakech, où il mourra,
réhabilité, à la fin de l’année 1198.
Alice est le prénom simplifié que nous avons
retenu pour l’héritière de la vicomté par la branche aînée. Celle qui épousera
Raymond des Baux était aussi nommée, à son époque, Adalasia, Alacassie, ou
Adalasie.
Nous avons retenu le nom Hugues de Fer, et pas
Hugues Fer, comme on le trouve parfois, suivant en cela la traduction des actes
dans lesquels le viguier a été cité, telle cette phrase : « Je
m’engage envers toi Hugues de Fer et les tiens [51] . »
Si Hugues des Baux et Baralle ont existé, Rostang
de Castillon et Monteil sont des personnages imaginaires. Pourtant, lors de
travaux dans le village des Baux, il fut trouvé dans l’église Saint-Vincent les
restes d’un homme de près de deux mètres cinquante ainsi qu’une énorme molaire.
Le pape
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