Mort d'une duchesse
loin
d’ici. Enfin, aussi heureux qu’il pourra l’être.
Benno réfléchit, ce qui lui donna un air d’idiotie béate.
— Vous allez pouvoir faire ce que vous voulez, maintenant
que vous avez gagné la reconnaissance du duc, n’est-ce pas ?
— Non. La gratitude des princes est pesante. On doit
être là pour en manifester les effets. Les princes veulent faire voir que les
services rendus sont récompensés.
Benno suça en silence l’extrémité du pilon. Une musique
assourdissante retentit tandis qu’on apportait un nouveau plat, et il dut
attendre qu’elle se calme pour pouvoir se faire entendre.
— Je suppose que vous voulez dire que ce sera mon dernier
festin avant longtemps ? dit-il enfin.
Sigismondo sourit et vida sa coupe.
— Qu’est-ce qui te fait penser que je vais te garder avec
moi ?
Benno leva son pilon.
— Deux raisons. Une, je peux prendre l’air idiot, ce qui
fait que les gens disent devant moi des choses qu’ils tairaient devant un autre.
Et deux…
— Même s’ils savent que tu es à mon service ?
— Et deux, s’ils savent que je suis à votre service, ils
pensent que vous avez le cœur trop tendre.
Benno lâcha un rot.
— Et c’est ce qui les tue.
Sigismondo lui donna un second pilon.
— Emplis-toi la panse pendant qu’il est temps. Nous
partons demain.
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