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[Napoléon 2] Le soleil d'Austerlitz

[Napoléon 2] Le soleil d'Austerlitz

Titel: [Napoléon 2] Le soleil d'Austerlitz Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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l’Église.
    Certes, on peut toujours rompre un mariage religieux. Mais pourquoi multiplier les difficultés ? La rupture d’un mariage civil par le divorce, s’il l’envisage, sera si facile.
    Il sort l’un des premiers du salon.
    Murat plastronne dans un uniforme chatoyant. Caroline, pour une fois, paraît satisfaite. Talleyrand chuchote. « Caroline Murat, dit le ministre, a une tête de Cromwell sur les épaules d’une jolie femme. »
    C’est elle qui mène ce couple, qui vient de décider l’achat d’un grand domaine, celui de La Motte Saint-Héraye. Elle, qui a acquis l’hôtel de Thélusson, pour cinq cent mille francs. Elle, qui a supplié, exigé qu’on accorde à Murat avant son retour à Milan à son poste de commandement, la somme de trente mille francs par mois pour ses dépenses extraordinaires…
    Napoléon a cédé. N’est-ce pas sa famille ?
     
    Le lendemain, aux Tuileries, il préside le grand dîner de mariage en l’honneur des nouveaux époux. Ni Hortense ni Louis n’ont l’air heureux. Louis est songeur, absent. Hortense paraît ne pas le voir, seule Joséphine est éclatante de bonheur. Elle donne l’impression d’avoir oublié sa tristesse de la veille et son mariage religieux manqué. Cette union de Louis et d’Hortense est sa première grande victoire. Au contraire, Letizia Bonaparte, les frères et les soeurs paraissent sombres.
    Est-il donc dit qu’on ne peut jamais unir les hommes dans un même mouvement ? La fusion des factions est-elle impossible, et faut-il seulement que tous, opposés entre eux, se haïssant même, ne se retrouvent que par la reconnaissance d’un chef unique ?
    Ne peut-on « vaincre la nécessité que par un pouvoir absolu » ?
    Il se penche vers Joséphine, lui annonce qu’il part dans quelques jours pour Lyon, où va se tenir une Consulte composée de délégués italiens.
    — On assure que tu vas te faire élire roi d’Italie, dit Joséphine.
    Il rit. Il se souvient de cette tragédie de Voltaire, OEdipe , qu’il avait lue autrefois. Il récite :
    « J’ai fait des souverains et n’ai point voulu l’être. »
     
    Trois jours plus tard, le 8 janvier 1802, alors qu’il vient de quitter les Tuileries pour Lyon, il pense encore à ce repas nuptial, à ces personnes rassemblées autour de lui, frères, soeurs, officiers, dignitaires.
    Il a dû, dans les heures qui ont suivi, sermonner Louis qui, comme un quelconque citoyen, avait envoyé des faire-part de mariage.
    Quand donc comprendront-ils qui je suis ? Ce qu’ils me doivent ? Le respect de leur situation, du nom et des titres qu’ils portent ? Ils n’ont aucune gratitude .
    Il a proposé à Joseph la présidence de la République cisalpine, et celui-ci a refusé avec arrogance, répondant qu’il ne voulait pas supporter le « joug » de son frère et n’être qu’un « mannequin politique ».
    Il a exigé, pour accepter, qu’on retire les troupes françaises, que Murat quitte Milan, qu’on réunisse le Piémont à la République cisalpine.
    Mais que croit-il, ce frère aîné, qu’il a conquis cela lui-même ?
    La voiture roule dans la campagne couverte de neige. Il est deux heures du matin. Napoléon a décidé de coucher à la poste de Lucy-le-Bois, dans le département de la Côte-d’Or, puis de déjeuner à Autun et de faire étape à Chalon. Le 11, il s’arrêtera à Tournus et arrivera à Lyon dans la soirée.
    Un peu avant Lucy-le-Bois, il aperçoit de grands feux allumés sur le bord de la route.
    Quand la voiture approche, les paysans se précipitent, crient : « Vive Bonaparte ! » À l’étape, une petite foule s’est rassemblée devant le relais de poste et manifeste avec enthousiasme. Les mêmes scènes se reproduisent tout au long du parcours.
    Est-ce qu’on l’aime vraiment ? « Qu’est-ce que la popularité ? La débonnaireté ? Qui fut plus populaire, plus débonnaire que le malheureux Louis XVI ? Pourtant, quelle a été sa destinée ? Il a péri. Et, cependant, tout ce qui est fait sans le peuple est illégitime. »
    Napoléon se rencogne dans la voiture qui, à nouveau, s’est élancée, dépassant Tournus, approchant de Lyon.
    En qui avoir confiance ?
    « L’amitié n’est qu’un mot : je n’aime personne. Non, je n’aime pas mes frères. Joseph, peut-être un peu : encore, si je l’aime, c’est par habitude, c’est parce qu’il est mon aîné. Duroc ? Ah ! oui, je l’aime… Quant à moi, cela

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