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Notre-Dame de Paris

Notre-Dame de Paris

Titel: Notre-Dame de Paris Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Victor Hugo
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dernière phrase ; qu’on y ajoute la voix enrouée et le geste essoufflé de maître Charmolue :
    «  Ideo, Domni, coram stryga demonstrata, crimine patente, intentione criminis existente, in nomine sanctæ ecclesiæ Nostræ-Dominæ Parisiensis, quæ est in saisina habendi omnimodam altam et bassam justitiam in illa hac intemerata Civitatis insula, tenore præsentium declaramus nos requirere, primo, aliquandam pecuniarium indemnitatem ; secundo, amendationem honorabilem ante portalium maximum Nostræ-Dominæ, ecclesia cathedralis ; tertio, sententiam in virtute cujus ista stryga cum sua capella, seu in trivio vulgariter dicto la Grève, seu in insula exeunte in fluvio Sequanæ, juxta pointam jardini regalis, executatæ sint {105}  ! »
    Il remit son bonnet, et se rassit.
    «  Eheu ! soupira Gringoire navré, bassa latinitas {106}  ! »
    Un autre homme en robe noire se leva près de l’accusée. C’était son avocat. Les juges, à jeun, commencèrent à murmurer.
    « Avocat, soyez bref, dit le président.
    – Monsieur le président, répondit l’avocat, puisque la défenderesse a confessé le crime, je n’ai plus qu’un mot à dire à messieurs. Voici un texte de la loi salique : « Si une stryge a mangé un homme, et qu’elle en soit convaincue, elle paiera une amende de huit mille deniers, qui font deux cents sous d’or. » Plaise à la chambre condamner ma cliente à l’amende.
    – Texte abrogé, dit l’avocat du roi extraordinaire.
    – Nego {107} , répliqua l’avocat.
    – Aux voix ! dit un conseiller ; le crime est patent, et il est tard. »
    On alla aux voix sans quitter la salle. Les juges opinèrent du bonnet , ils étaient pressés. On voyait leurs têtes chaperonnées se découvrir l’une après l’autre dans l’ombre à la question lugubre que leur adressait tout bas le président. La pauvre accusée avait l’air de les regarder, mais son œil trouble ne voyait plus.
    Puis le greffier se mit à écrire ; puis il passa au président un long parchemin.
    Alors la malheureuse entendit le peuple se remuer, les piques s’entre-choquer et une voix glaciale qui disait :
    « Fille bohème, le jour qu’il plaira au roi notre sire, à l’heure de midi, vous serez menée dans un tombereau, en chemise, pieds nus, la corde au cou, devant le grand portail de Notre-Dame, et y ferez amende honorable avec une torche de cire du poids de deux livres à la main, et de là serez menée en place de Grève, où vous serez pendue et étranglée au gibet de la ville ; et cette votre chèvre pareillement ; et paierez à l’official trois lions d’or, en réparation des crimes, par vous commis et par vous confessés, de sorcellerie, de magie, de luxure et de meurtre sur la personne du sieur Phœbus de Châteaupers, Dieu ait votre âme !
    – Oh ! c’est un rêve ! » murmura-t-elle, et elle sentit de rudes mains qui l’emportaient.

IV – « LASCIATE OGNI SPERANZAI {108}  »
    Au moyen âge, quand un édifice était complet, il y en avait presque autant dans la terre que dehors. À moins d’être bâtis sur pilotis, comme Notre-Dame, un palais, une forteresse, une église avaient toujours un double fond. Dans les cathédrales, c’était en quelque sorte une autre cathédrale souterraine, basse, obscure, mystérieuse, aveugle et muette, sous la nef supérieure qui regorgeait de lumière et retentissait d’orgues et de cloches jour et nuit ; quelquefois c’était un sépulcre. Dans les palais, dans les bastilles, c’était une prison, quelquefois aussi un sépulcre, quelquefois les deux ensemble. Ces puissantes bâtisses, dont nous avons expliqué ailleurs le mode de formation et de végétation , n’avaient pas simplement des fondations, mais, pour ainsi dire, des racines qui s’allaient ramifiant dans le sol en chambres, en galeries, en escaliers comme la construction d’en haut. Ainsi, églises, palais, bastilles avaient de la terre à mi-corps. Les caves d’un édifice étaient un autre édifice où l’on descendait au lieu de monter, et qui appliquait ses étages souterrains sous le monceau d’étages extérieurs du monument, comme ces forêts et ces montagnes qui se renversent dans l’eau miroitante d’un lac au-dessous des forêts et des montagnes du bord.
    À la bastille Saint-Antoine, au Palais de Justice de Paris, au Louvre, ces édifices souterrains étaient des prisons. Les étages de ces prisons, en s’enfonçant dans le sol, allaient se rétrécissant

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