Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Notre-Dame de Paris

Notre-Dame de Paris

Titel: Notre-Dame de Paris Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Victor Hugo
Vom Netzwerk:
persistez ? dit Jacques Charmolue. Alors, j’en suis désespéré, mais il faut que je remplisse le devoir de mon office.
    – Monsieur le procureur du roi, dit brusquement Pierrat, par où commencerons-nous ? »
    Charmolue hésita un moment avec la grimace ambiguë d’un poète qui cherche une rime.
    « Par le brodequin », dit-il enfin.
    L’infortunée se sentit si profondément abandonnée de Dieu et des hommes que sa tête tomba sur sa poitrine comme une chose inerte qui n’a pas de force en soi.
    Le tourmenteur et le médecin s’approchèrent d’elle à la fois. En même temps, les deux valets se mirent à fouiller dans leur hideux arsenal.
    Au cliquetis de ces affreuses ferrailles, la malheureuse enfant tressaillit comme une grenouille morte qu’on galvanise. « Oh ! murmura-t-elle, si bas que nul ne l’entendit, ô mon Phœbus ! » Puis elle se replongea dans son immobilité et dans son silence de marbre. Ce spectacle eût déchiré tout autre cœur que des cœurs de juges. On eût dit une pauvre âme pécheresse questionnée par Satan sous l’écarlate guichet de l’enfer. Le misérable corps auquel allait se cramponner cette effroyable fourmilière de scies, de roues et de chevalets, l’être qu’allaient manier ces âpres mains de bourreaux et de tenailles, c’était donc cette douce, blanche et fragile créature. Pauvre grain de mil que la justice humaine donnait à moudre aux épouvantables meules de la torture !
    Cependant les mains calleuses des valets de Pierrat Torterue avaient brutalement mis à nu cette jambe charmante, ce petit pied qui avaient tant de fois émerveillé les passants de leur gentillesse et de leur beauté dans les carrefours de Paris.
    « C’est dommage ! » grommela le tourmenteur en considérant ces formes si gracieuses et si délicates. Si l’archidiacre eût été présent, certes, il se fût souvenu en ce moment de son symbole de l’araignée et de la mouche.
    Bientôt la malheureuse vit, à travers un nuage qui se répandait sur ses yeux, approcher le brodequin , bientôt elle vit son pied emboîté entre les ais ferrés disparaître sous l’effrayant appareil. Alors la terreur lui rendit de la force. « Ôtez-moi cela ! » cria-t-elle avec emportement. Et, se dressant tout échevelée : « Grâce ! »
    Elle s’élança hors du lit pour se jeter aux pieds du procureur du roi, mais sa jambe était prise dans le lourd bloc de chêne et de ferrures, et elle s’affaissa sur le brodequin, plus brisée qu’une abeille qui aurait un plomb sur l’aile.
    À un signe de Charmolue, on la replaça sur le lit, et deux grosses mains assujettirent à sa fine ceinture la courroie qui pendait de la voûte.
    « Une dernière fois, avouez-vous les faits de la cause ? » demanda Charmolue avec son imperturbable bénignité.
    – Je suis innocente.
    – Alors, madamoiselle, comment expliquez-vous les circonstances à votre charge ?
    – Hélas, monseigneur ! je ne sais.
    – Vous niez donc ?
    – Tout !
    – Faites », dit Charmolue à Pierrat.
    Pierrat tourna la poignée du cric, le brodequin se resserra, et la malheureuse poussa un de ces horribles cris qui n’ont d’orthographe dans aucune langue humaine.
    « Arrêtez, dit Charmolue à Pierrat. – Avouez-vous ? dit-il à l’égyptienne.
    – Tout ! cria la misérable fille. J’avoue ! j’avoue ! grâce ! »
    Elle n’avait pas calculé ses forces en affrontant la question. Pauvre enfant dont la vie jusqu’alors avait été si joyeuse, si suave, si douce, la première douleur l’avait vaincue.
    « L’humanité m’oblige à vous dire, observa le procureur du roi, qu’en avouant c’est la mort que vous devez attendre.
    – Je l’espère bien », dit-elle. Et elle retomba sur le lit de cuir, mourante, pliée en deux, se laissant pendre à la courroie bouclée sur sa poitrine.
    « Sus, ma belle, soutenez-vous un peu, dit maître Pierrat en la relevant. Vous avez l’air du mouton d’or qui est au cou de monsieur de Bourgogne. »
    Jacques Charmolue éleva la voix.
    « Greffier, écrivez. – Jeune fille bohème, vous avouez votre participation aux agapes, sabbats et maléfices de l’enfer, avec les larves, les masques et les stryges ? Répondez.
    – Oui, dit-elle, si bas que sa parole se perdait dans son souffle.
    – Vous avouez avoir vu le bélier que Belzébuth fait paraître dans les nuées pour rassembler le sabbat, et qui n’est vu que des sorciers ?
    – Oui.
    –

Weitere Kostenlose Bücher