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Notre-Dame de Paris

Notre-Dame de Paris

Titel: Notre-Dame de Paris Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Victor Hugo
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regarda en face. « Je vous ai dit demain matin. »
    C’était un de ces regards auxquels on ne réplique pas.
    Après un silence, Louis XI éleva de nouveau la voix. « Mon compère Jacques, vous devez savoir cela ? Quelle était… » Il se reprit : « Quelle est la juridiction féodale du bailli ?
    – Sire, le bailli du Palais a la rue de la Calandre jusqu’à la rue de l’Herberie, la place Saint-Michel et les lieux vulgairement nommés les Mureaux assis près de l’église Notre-Dame-des-Champs (ici Louis XI souleva le bord de son chapeau), lesquels hôtels sont au nombre de treize, plus la Cour des Miracles, plus la Maladerie appelée la Banlieue, plus toute la chaussée qui commence à cette Maladerie et finit à la porte Saint-Jacques. De ces divers endroits il est voyer, haut, moyen et bas justicier, plein seigneur.
    – Ouais ! dit le roi en se grattant l’oreille gauche avec la main droite, cela fait un bon bout de ma ville ! Ah ! monsieur le bailli était roi de tout cela ! »
    Cette fois il ne se reprit point. Il continua, rêveur et comme se parlant à lui-même :
    « Tout beau, monsieur le bailli ! vous aviez là entre les dents un gentil morceau de notre Paris. »
    Tout à coup il fit explosion : « Pasque-Dieu ! qu’est-ce que c’est que ces gens qui se prétendent voyers, justiciers, seigneurs et maîtres chez nous ? qui ont leur péage à tout bout de champ, leur justice et leur bourreau à tout carrefour parmi notre peuple ? de façon que, comme le Grec se croyait autant de dieux qu’il avait de fontaines, et le Persan autant qu’il voyait d’étoiles, le Français se compte autant de rois qu’il voit de gibets ! Pardieu ! cette chose est mauvaise, et la confusion m’en déplaît. Je voudrais bien savoir si c’est la grâce de Dieu qu’il y ait à Paris un autre voyer que le roi, une autre justice que notre parlement, un autre empereur que nous dans cet empire ! Par la foi de mon âme ! il faudra bien que le jour vienne où il n’y aura en France qu’un roi, qu’un seigneur, qu’un juge, qu’un coupe-tête, comme il n’y a au paradis qu’un Dieu ! »
    Il souleva encore son bonnet, et continua, rêvant toujours, avec l’air et l’accent d’un chasseur qui agace et lance sa meute : « Bon ! mon peuple ! bravement ! brise ces faux seigneurs ! fais ta besogne. Sus ! sus ! pille-les, pends-les, saccage-les !… Ah ! vous voulez être rois, messeigneurs ? Va ! peuple ! va ! »
    Ici il s’interrompit brusquement, se mordit la lèvre, comme pour rattraper sa pensée à demi échappée, appuya tour à tour son œil perçant sur chacun des cinq personnages qui l’entouraient, et tout à coup saisissant son chapeau à deux mains et le regardant en face, il lui dit : « Oh ! je te brûlerais si tu savais ce qu’il y a dans ma tête ! »
    Puis, promenant de nouveau autour de lui le regard attentif et inquiet du renard qui rentre sournoisement à son terrier :
    « Il n’importe ! nous secourrons monsieur le bailli. Par malheur nous n’avons que peu de troupe ici en ce moment contre tant de populaire. Il faut attendre jusqu’à demain. On remettra l’ordre en la Cité, et l’on pendra vertement tout ce qui sera pris.
    – À propos, Sire ! dit le compère Coictier, j’ai oublié cela dans le premier trouble, le guet a saisi deux traînards de la bande. Si Votre Majesté veut voir ces hommes, ils sont là.
    – Si je veux les voir ! cria le roi. Comment ! Pasque-Dieu ! tu oublies chose pareille ! – Cours vite, toi, Olivier ! va les chercher. »
    Maître Olivier sortit et rentra un moment après avec les deux prisonniers, environnés d’archers de l’ordonnance. Le premier avait une grosse face idiote, ivre et étonnée. Il était vêtu de guenilles et marchait en pliant le genou et en traînant le pied. Le second était une figure blême et souriante que le lecteur connaît déjà.
    Le roi les examina un instant sans mot dire, puis s’adressant brusquement au premier :
    « Comment t’appelles-tu ?
    – Gieffroy Pincebourde.
    – Ton métier ?
    – Truand.
    – Qu’allais-tu faire dans cette damnable sédition ? »
    Le truand regarda le roi, en balançant ses bras d’un air hébété. C’était une de ces têtes mal conformées où l’intelligence est à peu près aussi à l’aise que la lumière sous l’éteignoir.
    « Je ne sais pas, dit-il. On allait, j’allais.
    – N’alliez-vous pas attaquer

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