Odyssée
cadavre.
Alors Mèrionès tua un guerrier Troien, le brave Laogôn, fils d'Onètôr, prêtre de Zeus Idaien, et que le peuple honorait comme un Dieu. Il le frappa sous la m‚choire et l'oreille, et l'‚me abandonna aussitôt ses membres, et l'affreux brouillard l'enveloppa. Et Ainéias lança sa pique d'airain contre Mèrionès, et il espérait l'atteindre sous le bouclier, comme il s'élançait; mais celui-ci évita la pique d'airain en se courbant, et la longue pique s'enfonça en terre et vibra jusqu'à ce que le robuste Arès e˚t épuisé sa force. Et la pique d'Ainéias vibrait ainsi parce qu'elle était partie d'une main vigoureuse. Et Ainéias, irrité, lui dit Mèrionès, bien que tu sois un agile sauteur, ma pique t'e˚t rendu immobile à jamais, si je t'avais atteint.
Et Mèrionès illustre par sa lance lui répondit :
- Ainéias, il te sera difficile, malgré ta vigueur, de rompre les forces de tous ceux qui te combattront. Si moi aussi, je t'atteignais de l'airain aigu, bien que tu sois robuste et confiant dans tes forces, tu me donnerais la gloire et ton ‚me à Aidés illustre par ses chevaux.
Il parla ainsi, et le robuste fils de Ménoitios le réprimanda:
- Mèrionès, pourquoi tant parler, étant brave ? ‘ ami ! ce n'est point par des paroles outrageantes que tu repousseras les Troiens loin de ce cadavre.
La fin de la guerre est dans nos mains. Les paroles conviennent à l'agora.
Il ne s'agit point ici de parler, mais de combattre.
Il parla ainsi, et marcha en avant, et le divin Mèrionès le suivit. Et de même que les b˚cherons font un grand tumulte dans les gorges des montagnes, et que l'écho retentit au loin ; de même la grande plaine frémissait sous les guerriers qui frappaient, de leurs épées et de leurs lances, l'airain et le cuir des solides boucliers ; et nul n'aurait plus reconnu le divin Sarpèdôn, tant il était couvert de traits, de sang et de poussière. Et tous se ruaient sans cesse autour de son cadavre, comme les mouches qui bourdonnent, au printemps, dans l'étable, autour des vases remplis de lait.
C'est ainsi qu'ils se ruaient en foule autour de ce cadavre.
Et Zeus, ne détournant point ses yeux splendides de la rude mêlée, délibérait dans son esprit sur la mort de Patroklos, hésitant si l'illustre Hektôr le tuerait de suite avec l'airain, dans la mêlée, sur le divin Sarpèdôn, et lui arracherait ses armes des épaules, ou si la rude mêlée serait prolongée pour la mort d'un plus grand nombre. Et il sembla meilleur à Zeus que le brave compagnon du Pèléide Akhilleus repouss‚t, vers la Ville, Hektôr et les Troiens, et arrach‚t l'‚me de beaucoup de guerriers.
Et c'est pourquoi il amollit le courage de Hektôr qui, montant sur son char, prit la fuite en ordonnant aux Troiens de fuir aussi, car il avait reconnu les balances sacrées de Zeus. Et les illustres Lykiens ne restèrent point, et ils prirent aussi la fuite en voyant leur Roi couché, le coeur percé, au milieu des cadavres, car beaucoup étaient tombés pendant que le Kroniôn excitait le combat. Et les Akhaiens arrachèrent des épaules de Sarpèdôn ses belles armes resplendissantes, et le robuste fils de Ménoitios les donna à ses compagnons pour être portées aux nefs creuses. Et alors Zeus qui amasse les nuées dit à Apollôn :
- Va maintenant, cher Phoibos. Purifie Sarpèdôn, hors de la mêlée, du sang noir qui le souille. Lave-le dans les eaux du fleuve, et, l'ayant oint d'ambroisie, couvre-le de vêtements immortels. Puis, remets-le aux Jumeaux rapides, Hypnos et Thanatos, pour qu'ils le portent chez le riche peuple de la grande Lykiè. Ses parents et ses amis l'enseveliront et lui élèveront un tombeau et une colonne, car c'est là l'honneur des morts.
Il parla ainsi, et Apollôn, se h‚tant d'obéir à son père, descendit des cimes Idaiennes dans la mêlée et enleva Sarpèdôn loin des traits. Et il le transporta pour le laver dans les eaux du fleuve, l'oignit d'ambroisie, le couvrit de vêtements immortels et le confia aux Jumeaux rapides, Hypnos et Thanatos, qui le transportèrent aussitôt chez le riche peuple de la grande Lykiè.
Et Patroklos, excitant Automédôn et ses chevaux, poursuivait les Lykiens et les Troiens, pour son malheur, l'insensé ! car s'il avait obéi à l'ordre du Pèléide, il aurait évité la Kèr mauvaise de la noire mort. Mais l'esprit de Zeus est plus puissant que celui des hommes. Il terrifie le brave que luimême a poussé au
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