Odyssée
et les adolescents et les belles vierges dansaient avec ardeur en se tenant par la main. Et celles-ci portaient des robes légères, et ceux-là des tuniques finement tissées qui brillaient comme de l'huile. Elles portaient de belles couronnes, et ils avaient des épées d'or suspendues à des baudriers d'argent. Et, habilement, ils dansaient en rond avec rapidité, comme la roue que le potier, assis au travail, sent courir sous sa main. Et ils tournaient ainsi en s'enlaçant par dessins variés ; et la foule charmée se pressait autour. Et deux sauteurs qui chantaient, bondissaient eux-mêmes au milieu du choeur.
Puis, Hèphaistos, tout autour du bouclier admirablement travaillé, représenta la grande force du Fleuve Okéanos.
Et, après le bouclier grand et solide, il fit la cuirasse plus éclatante que la splendeur du feu. Et il fit le casque épais, beau, orné, et adapté
aux tempes du Pèléide, et il le surmonta d'une aigrette d'or. Puis il fit les knèmides d'étain flexible.
Et, quand l'illustre Boiteux des deux pieds eut achevé ces armes, il les déposa devant la mère d'Akhilleus, et celle-ci, comme l'épervier, sauta du faîte de l'Olympos neigeux, emportant les armes resplendissantes que Hèphaistos avait faites.
Chant 19 :
…ôs au péplos couleur de safran sortait des flots d'Okéanos pour porter la lumière aux Immortels et aux hommes. Et Thétis parvint aux nefs avec les présents du Dieu. Et elle trouva son fils bien-aimé entourant de ses bras Patroklos et pleurant amèrement. Et, autour de lui, ses compagnons gémissaient. Mais la Déesse parut au milieu d'eux, prit la main d'Akhilleus et lui dit :
- Mon enfant, malgré notre douleur, laissons-le, puisqu'il est mort par la volonté des Dieux. Reçois de Hèphaistos ces armes illustres et belles, telles que jamais aucun homme n'en a porté sur ses épaules.
Ayant ainsi parlé, la Déesse les déposa devant Akhilleus, et les armes merveilleuses résonnèrent. La terreur saisit les Myrmidones, et nul d'entre eux ne put en soutenir l'éclat, et ils tremblèrent ; mais Akhilleus, dès qu'il les vit, se sentit plus furieux, et, sous ses paupières, ses yeux br˚laient, terribles, et tels que la flamme. Il se réjouissait de tenir dans ses mains les présents splendides du Dieu ; et, après avoir admiré, plein de joie, ce travail merveilleux, aussitôt il dit à sa mère ces paroles ailées :
- Ma mère, certes, un Dieu t'a donné ces armes qui ne peuvent être que l'oeuvre des Immortels, et qu'un homme ne pourrait faire. Je vais m'armer à
l'instant. Mais je crains que les mouches pénètrent dans les blessures du brave fils de Ménoitios, y engendrent des vers, et, souillant ce corps o˘
la vie est éteinte, corrompent tout le cadavre.
Et la Déesse Thétis aux pieds d'argent lui répondit :
- Mon enfant, que ces inquiétudes ne soient point dans ton esprit. Loin de Patroklos j'écarterai moi-même les essaims impurs des mouches qui mangent les guerriers tués dans le combat. Ce cadavre resterait couché ici toute une année, qu'il serait encore sain, et plus frais même. Mais toi, appelle les héros Akhaiens à l'agora, et, renonçant à ta colère contre le prince des peuples Agamemnôn, h‚te-toi de t'armer et revêts-toi de ton courage.
Ayant ainsi parlé, elle le remplit de vigueur et d'audace ; et elle versa dans les narines de Patroklos l'ambroisie et le nektar rouge, afin que le corps f˚t incorruptible.
Et le divin Akhilleus courait sur le rivage de la mer, poussant des cris horribles, et excitant les héros Akhaiens. Et ceux qui, auparavant, restaient dans les nefs, et les pilotes qui tenaient les gouvernails, et ceux mêmes qui distribuaient les vivres auprès des nefs, tous allaient à
l'agora o˘ Akhilleus reparaissait, après s'être éloigné longtemps du combat. Et les deux serviteurs d'Arès, le belliqueux Tydéide et le divin Odysseus, boitant et appuyés sur leurs lances, car ils souffraient encore de leurs blessures, vinrent s'asseoir aux premiers rangs. Et le Roi des hommes, Againemnôn, vint le dernier, étant blessé aussi, Koôn Anténoride l'ayant frappé de sa lance d'airain, dans la rude mêlée. Et quand tous les Akhaiens furent assemblés, Akhilleus aux pieds rapides, se levant au milieu d'eux, parla ainsi :
- Atréide, n'e˚t-il pas mieux valu nous entendre, quand, pleins de colère, nous avons consumé notre coeur pour cette jeune femme ? Pl˚t aux Dieux que la flèche d'Artémis l'e˚t tuée sur
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