Odyssée
Astéropaios qui, hors du fleuve, l'attendait, deux lances aux mains ; car le Xanthos, irrité à cause des jeunes hommes qu'Akhilleus avait égorgés dans ses eaux, avait inspiré la force et le courage au Pèlégonide. Et quand ils se furent rencontrés, le divin Pèléide aux pieds rapides lui parla ainsi :
- qui es-tu parmi les hommes, toi qui oses m'attendre ? Ce sont les fils des malheureux qui s'opposent à mon courage.
Et l'illustre fils de Pèlégôn lui répondit :
- Magnanime Pèléide, pourquoi demander quelle est ma race ? Je viens de la Paioniè fertile et lointaine, et je commande les Paiones aux longues lances. Il y a onze jours que je suis arrivé dans Ilios. Je descends du large fleuve Axios qui répand ses eaux limpides sur la terre, et qui engendra l'illustre Pèlégôn ; et on dit que Pèlégôn est mon père.
Maintenant, divin Akhilleus, combattons !
Il parla ainsi, menaçant. Et le divin Akhilleus leva la lance Pèliade, et le héros Astéropaios, de ses deux mains à la fois, jeta ses deux lances ; et l'une, frappant le bouclier, ne put le rompre, arrêtée par la lame d'or, présent d'un Dieu ; et l'autre effleura le coude du bras droit. Le sang noir jaillit, et l'arme, avide de mordre la chair, s'enfonça en terre.
Alors Akhilleus lança sa pique rapide contre Astéropaios, voulant le tuer ; mais il le manqua, et la pique de frêne, en frémissant, s'enfonça presque en entier dans le tertre du bord. Et le Pèléide, tirant son épée aiguÎ, se jeta sur Astéropaios qui s'efforçait d'arracher du rivage la lance d'Akhilleus. Et, trois fois, il l'ébranla pour l'arracher, et comme il allait, une quatrième fois, tenter de rompre la lance de frêne de l'Aiakide, celui-ci lui arracha l'‚me, l'ayant frappé dans le ventre, au nombril. Et toutes les entrailles s'échappèrent de la plaie, et la nuit couvrit ses yeux. Et Akhilleus, se jetant sur lui, le dépouilla de ses armes, et dit, triomphant:
Reste là, couché. Il n'était pas aisé pour toi de combattre les enfants du tout-puissant Kroniôn, bien que tu sois né d'un fleuve au large cours, et moi je me glorifie d'être de la race du grand Zeus. Pèleus Aiakide qui commande aux nombreux Myrmidones m'a engendré, et Zeus a engendré Aiakos.
Autant Zeus est supérieur aux fleuves qui se jettent impétueusement dans la mer, autant la race de Zeus est supérieure à celle des fleuves. Voici un grand fleuve auprès de toi ; qu'il te sauve, s'il peut. Mais il n'est point permis de lutter contre Zeus Kroniôn. Le roi Akhéloios lui-même ne se compare point à Zeus, ni la grande violence du profond Okéanos d'o˘ sont issus toute la mer, tous les fleuves, toutes les fontaines et toutes les sources. Mais lui-même redoute la foudre du grand Zeus, l'horrible tonnerre qui prolonge son retentissement dans l'Ouranos.
Il parla ainsi, et arrachant du rivage sa lance d'airain, il le laissa mort sur le sable, et baigné par l'eau noire. Et les anguilles et les poissons l'environnaient, mangeant la graisse de ses reins. Et Akhilleus se jeta sur les cavaliers Paiones qui s'enfuirent le long du fleuve tourbillonnant, quand ils virent leur brave chef, dans le rude combat, tué d'un coup d'épée par les mains d'Akhilleus.
Et il tua Ibersilokos, et Mydôn, et Astypylos, et Mnèsos, et Thrasios, et Ainios, et Orphélestès. Et le rapide Akhilleus e˚t tué beaucoup d'autres Paiones, si le fleuve aux profonds tourbillons, irrité, et semblable à un homme, ne lui e˚t dit du fond d'un tourbillon :
- ‘ Akhifieus, certes, tu es très-brave ; mais tu égorges affreusement les hommes, et les Dieux eux-mêmes te viennent en aide. Si le fils de Kronos te livre tous les Troiens pour que tu les détruises, du moins, les chassant hors de mon lit, tue-les dans la plaine. Mes belles eaux sont pleines de cadavres, et je ne puis mener à la mer mon cours divin entravé par les morts, et tu ne cesses de tuer. Arrête, car l'horreur me saisit, ô prince des peuples
Et Akhilleus aux pieds rapides lui répondit :
- Je ferai ce que tu veux, divin Skamandros ; mais je ne cesserai point d'égorger les Troiens insolents avant de les avoir enfermés dans leur Ville, et d'avoir trouvé Hektôr face à face, afin qu'il me tue, ou que je le tue.
Il parla ainsi et se jeta comme un Daimôn sur les Troiens. Et le fleuve aux profonds tourbillons dit à Apollôn :
- Hélas ! fils de Zeus, toi qui portes l'arc d'argent, tu n'obéis pas au Kroniôn qui t'avait commandé de
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