Odyssée
beau corps ? Je pense que tu vas expier tous les maux que tu m'as causés.
Il parla ainsi, et il frappa l'horrible Aigide à franges d'or qui ne craint même point la foudre de Zeus. C'est là que le sanglant Arès frappa de sa longue lance la Déesse. Et celle-ci, reculant, saisit, de sa main puissante, un rocher noir, ‚pre, immense, qui gisait dans la plaine, et dont les anciens hommes avaient fait la borne d'un champ. Elle en frappa le terrible Arès à la gorge et rompit ses forces. Et il tomba, couvrant de son corps sept arpents ; et ses cheveux furent souillés de poussière, et ses armes retentirent sur lui. Et Pallas Athènè rit et l'insulta orgueilleusement en paroles ailées :
Insensé, qui luttes contre moi, ne sais-tu pas que je me glorifie d'être beaucoup plus puissante que toi ? C'est ainsi que les …rinnyes vengent ta mère qui te punit, dans sa colère, d'avoir abandonné les Akhaiens pour secourir les Troiens insolents.
Ayant ainsi parlé, elle détourna ses yeux splendides. Et voici qu'Aphroditè, la fille de Zeus, conduisait par la main, hors de la mêlée, Arès respirant à peine et recueillant ses esprits. Et la Déesse Hèrè aux bras blancs, l'ayant vue, dit à Athènè ces paroles ailées :
- Athènè, fille de Zeus tempétueux, vois-tu cette mouche à chien qui emmène, hors de la mêlée, Arès, le fléau des vivants ? Poursuis-la.
Elle parla ainsi, et Athènè, pleine de joie, se jeta sur Aphroditè, et, la frappant de sa forte main sur la poitrine, elle fit fléchir ses genoux et son coeur.
Arès et Aphroditè restèrent ainsi, étendus tous deux sur la terre féconde ; et Athènè les insulta par ces paroles ailées :
- que ne sont-ils ainsi, tous les alliés des Troiens qui combattent les Akhaiens cuirassés ! que n'ont-ils tous l'audace d'Aphroditè qui, bravant ma force, a secouru Arès ! Bientôt nous cesserions de combattre, après avoir saccagé la haute citadelle d'Ilios.
Elle parla ainsi, et la Déesse Hèrè aux bras blancs rit. Et le Puissant qui ébranle la terre dit à Apollôn :
[435] - Phoibos, pourquoi restons-nous éloignés l'un de l'autre ? Il ne convient point, quand les autres Dieux sont aux mains, que nous retournions, sans combat, dans l'Ouranos, dans la demeure d'airain de Zeus.
Commence, car tu es le plus jeune, et il serait honteux à moi de t'attaquer, puisque je suis l'ainé et que je sais plus de choses. Insensé !
as-tu donc un coeur tellement oublieux, et ne te souvient-il plus des maux que nous avons subis à Ilios, quand, seuls d'entre les Dieux, exilés par Zeus, il fallut servir l'insolent Laomédôn pendant une année ? Une récompense nous fut promise, et il nous commandait. Et j'entourai d'une haute et belle muraille la ville des Troiens, afin qu'elle f˚t inexpugnable ; et toi, Phoibos, tu menais paître, sur les nombreuses cimes de l'Ida couvert de forêts, les boeufs aux pieds tors et aux cornes recourbées. Mais quand les Heures charmantes amenèrent le jour de la récompense, le parjure Laomédôn nous la refusa, nous chassant avec outrage.
Même, il te menaça de te lier les mains et les pieds, et de te vendre dans les Iles lointaines. Et il jura aussi de nous couper les oreilles avec l'airain. Et nous partîmes, irrités dans l'‚me, à cause de la récompense promise qu'il nous refusait. Est-ce de cela que tu es reconnaissant à son peuple ? Et ne devrais-tu pas te joindre à nous pour exterminer ces Troiens parjures, eux, leurs enfants et leurs femmes ?
Et le royal Archer Apollôn lui répondit :
- Poseidaôn qui ébranles la terre, tu me nommerais insensé, si je combattais contre toi pour les hommes misérables qui verdissent un jour semblables aux feuilles, et qui mangent les fruits de la terre, et qui se flétrissent et meurent bientôt. Ne combattons point, et laissons-les lutter entre eux.
Il parla ainsi et s'éloigna, ne voulant point, par respect, combattre le frère de son père. Et la vénérable Artémis, sa soeur, chasseresse de bêtes fauves, lui adressa ces paroles injurieuses :
- Tu fuis, ô Archer ! et tu laisses la victoire à Poseidaôn ? L‚che, pourquoi portes-tu un arc inutile ? Je ne t'entendrai plus désormais, dans les demeures patemelles, te vanter comme auparavant, au milieu des Dieux Immortels, de combattre Poseidaôn à forces égales !
Elle parla ainsi, et l'Archer Apollôn ne lui répondit pas ; mais la vénérable épouse de Zeus, pleine de colère, insulta de ces paroles injurieuses
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