Odyssée
la citadelle de Zéléiè la sainte.
Et il saisit à la fois la flèche et le nerf de boeuf, et, les ayant attirés, le nerf toucha sa mamelle, et la pointe d'airain toucha l'arc, et le nerf vibra avec force, et la flèche aiguÎ s'élança, désirant voler au travers de la foule.
Mais les Dieux heureux ne t'oublièrent point, Ménélaos ! Et la terrible fille de Zeus se tint la première devant toi pour détourner la flèche amère. Elle la détourna comme une mère chasse une mouche loin de son enfant enveloppé par le doux sommeil. Et elle la dirigea là o˘ les anneaux d'or du baudrier forment comme une seconde cuirasse. Et la flèche amère tomba sur le solide baudrier, et elle le perça ainsi que la cuirasse artistement ornée et la mitre qui, par-dessous, garantissait la peau des traits. Et la flèche la perça aussi, et elle effleura la peau du héros, et un sang noir jaillit de la blessure.
Comme une femme Maionienne ou Karienne teint de pourpre l'ivoire destiné à
orner le mors des chevaux, et qu'elle garde dans sa demeure, et que tous les cavaliers désirent, car il est l'ornement d'un roi, la parure du cheval et l'orgueil du cavalier, ainsi, Ménélaos, le sang rougit tes belles cuisses et tes jambes jusqu'aux chevilles. Et le roi des hommes, Agarnemnôn, frémit de voir ce sang noir couler de la blessure ; et Ménélaos cher à Arès frémit aussi. Mais quand il vit que le fer de la flèche avait à
peine pénétré, son coeur se raffermit ; et, au milieu de ses compagnons qui se lamentaient, Againemnôn qui commande au loin, prenant la main de Ménélaos, lui dit en gémissant :
- Cher frère, c'était ta mort que je décidais par ce traité, en t'envoyant seul combattre les Troiens pour tous les Akhaiens, puisqu'ils t'ont frappé
et ont foulé aux pieds des serments inviolables. Mais ces serments ne seront point vains, ni le sang des agneaux, ni les libations sacrées, ni le gage de nos mains unies. Si l'olympien ne les frappe point maintenant, il les punira plus tard ; et ils expieront par des calamités terribles cette trahison qui retombera sur leurs têtes, sur leurs femmes et sur leurs enfants. Car je le sais, dans mon esprit, un jour viendra o˘ la sainte Ilios périra, et Priamos, et le peuple de Priamos habile à manier la lance.
Zeus Kronide qui habite l'Aithèr agitera d'en haut sur eux sa terrible Aigide, indigné de cette trahison qui sera ch‚tiée. ‘ Ménélaos, ce serait une amère douleur pour moi si, accomplissant tes destinées, tu mourais.
Couvert d'opprobre je retournerais dans Argos, car les Akhaiens voudraient aussitôt rentrer dans la terre natale, . et nous abandonnerions l'Argienne Hélénè comme un triomphe à Priamos et aux Troiens. Et les orgueilleux Troiens diraient, foulant la tombe de l'illustre Ménélaos:
- Plaise aux Dieux qu'Agamemnôn assouvisse toujours ainsi sa colère ! Il a conduit ici l'armée inutile des Akhaiens, et voici qu'il est retourné dans son pays bien-aimé, abandonnant le brave Ménélaos ! Ils parleront ainsi un jour ; mais, alors, que la profonde terre m'engloutisse !
Et le blond Ménélaos, le rassurant, parla ainsi :
- Reprends courage, et n'effraye point le peuple des Akhaiens. Le trait aigu ne m'a point blessé à mort, et le baudrier m'a préservé, ainsi que la cuirasse, le tablier et la mitre que de bons armuriers ont forgée.
Et Againemnôn qui commande au loin, lui répondant, parla ainsi :
- Plaise aux Dieux que cela soit, ô cher Ménélaos ! Mais un médecin soignera ta blessure et mettra le remède qui apaise les noires douleurs.
Il parla ainsi, et appela le héraut divin Talthybios :
- Talthybios, appelle le plus promptement possible l'irréprochable médecin Makhaôn Asklépiade, afin qu'il voie le brave Ménélaos, prince des Akhaiens, qu'un habile archer Troien ou Lykien a frappé d'une flèche. Il triomphe, et nous sommes dans le deuil.
Il parla ainsi, et le héraut lui obéit. Et il chercha, parmi le peuple des Akhaiens aux tuniques d'airain, le héros Makhaôn, qu'il trouva debout au milieu de la foule belliqueuse des porte-boucliers qui l'avaient suivi de Trikkè, nourrice de chevaux. Et, s'approchant, il dit ces paroles ailées : Lève-toi, Asklépiade ! Agamemnôn, qui commande au loin, t'appelle, afin que tu voies le brave Ménélaos, fils d'Atreus, qu'un habile archer Troien ou Lykien a frappé d'une flèche. Il triomphe, et nous sommes dans le deuil.
Il parla ainsi, et le coeur de Makhaôn fut ému
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