Odyssée
me suis odieuse, que tu viens de nouveau me tendre des pièges ? Va plutôt !
abandonne la demeure des Dieux, ne retourne plus dans l'Olympos, et reste auprès de lui, toujours inquiète ; et prends-le sous ta garde, jusqu'à ce qu'il fasse de toi sa femme ou son esclave ! Pour moi, je n'irai plus orner son lit, car ce serait trop de honte, et toutes les Troiennes me bl
‚meraient, et j'ai trop d'amers chagrins dans le coeur.
Et la divine Aphroditè, pleine de colère, lui dit :
- Malheureuse ! crains de m'irriter, de peur que je t'abandonne dans ma colère, et que je te haÔsse autant que je t'ai aimée, et que, jetant des haines inexorables entre les Troiens et les Akhaiens, je te fasse périr d'une mort violente !
Elle parla ainsi, et Hélénè, fille de Zeus, fut saisie de terreur, et, couverte de sa robe éclatante de blancheur, elle marcha en silence, s'éloignant des Troiennes, sur les pas de la Déesse.
Et quand elles furent parvenues à la belle demeure d'Alexandros, toutes les servantes se mirent à leur t‚che, et la divine femme monta dans la haute chambre nuptiale. Aphroditè qui aime les sourires avança un siège pour elle auprès d'Alexandros, et Hélénè, fille de Zeus tempétueux, s'y assit en détournant les yeux ; mais elle adressa ces reproches à son époux :
- Te voici revenu du combat. que n'y restais-tu, mort et dompté par l'homme brave qui fut mon premier mari ! Ne te vantais-tu pas de l'emporter sur Ménélaos cher à Arès, par ton courage, par ta force et par ta lance ? Va !
défie encore Ménélaos cher à Arès, et combats de nouveau contre lui ; mais non, je te conseille plutôt de ne plus lutter contre le blond Ménélaos, de peur qu'il te dompte aussitôt de sa lance !
Et P‚ris, lui répondant, parla ainsi :
- Femme ! ne blesse pas mon coeur par d'amères paroles. Il est vrai, Ménélaos m'a vaincu à l'aide d'Athènè,
mais je le vaincrai plus tard, car nous avons aussi des Dieux qui nous sont amis. Viens ! couchons-nous et aimons-nous ! Jamais le désir ne m'a br˚lé
ainsi, même lorsque, naviguant sur mes nefs rapides, après t'avoir enlevée de l'heureuse Lakédaimôn, je m'unis d'amour avec toi dans l'île de Kranaè, tant je t'aime maintenant et suis saisi de désirs !
Il parla ainsi et marcha vers son lit, et l'épouse le suivit, et ils se couchèrent dans le lit bien construit.
Cependant l'Atréide courait comme une bête féroce au travers de la foule, cherchant le divin Alexandros. Et nul des Troiens ni des illustres Alliés ne put montrer Alexandros à Ménélaos cher à Arès. Et certes, s'ils l'avaient vu, ils ne l'auraient point caché, car ils le haÔssaient tous comme la noire Kèr. Et le roi des hommes, Agamemnôn, leur parla ainsi :
- Ecoutez-moi, Troiens, Dardaniens et Alliés. La victoire, certes, est à
Ménélaos cher à Arès. Rendez-nous donc l'Argienne Hélénè et ses richesses, et payez, comme il est juste, un tribut dont se souviendront les hommes futurs.
L'Atréide parla ainsi, et tous les Akhaiens applaudirent.
Chant 4 :
Les Dieux, assis auprès de Zeus, étaient réunis sur le pavé d'or, et la vénérable Hèbè versait le nektar, et tous, buvant les coupes d'or, regardaient la ville des Troiens. Et le Kronide voulut irriter Hèrè par des paroles mordantes, et il dit :
- Deux Déesses défendent Ménélaos, Hèrè l'Argienne et la Protectrice Athènè ; mais elles restent assises et ne font que regarder, tandis qu'Aphroditè qui aime les sourires ne quitte jamais Alexandros et écarte de lui les Kères. Et voici qu'elle l'a sauvé comme il allait périr. Mais la victoire est à Ménélaos cher à Arès. Songeons donc à ceci. Faut-il exciter de nouveau la guerre mauvaise et le rude combat, ou sceller l'alliance entre les deux peuples ? S'il plaît à tous les Dieux, la ville du roi Priamos restera debout, et Ménélaos emmènera l'Argienne Hélénè.
Il parla ainsi, et les Déesses Athènè et Hèrè se mordirent les lèvres, et, assises à côté l'une de l'autre, elles méditaient la destruction des Troiens. Et Athènè restait muette, irritée contre son père Zeus, et une sauvage colère la br˚lait ; mais Hèrè ne put contenir la sienne et dit : Très-dur Kronide, quelle parole as-tu dite ? Veux-tu rendre vaines toutes mes fatigues et la sueur que j'ai suée ? J'ai lassé mes chevaux en rassemblant les peuples contre Priamos et contre ses enfants. Fais donc, mais les Dieux ne t'approuveront pas.
Et Zeus qui
Weitere Kostenlose Bücher