Odyssée
les Troiens et les Akhaiens disaient :
- Père Zeus, qui commandes au haut de l'Ida, trèsglorieux, très-grand ! que celui qui nous a causé tant de maux descende chez Aidés, et puissions-nous sceller une alliance et des traités inviolables !
Ils parlèrent ainsi, et le grand Hektôr au casque mouvant agita les sorts en détournent les yeux, et celui de P‚ris sortit le premier. Et tous s'assirent en rangs, chacun auprès de ses chevaux agiles et de ses armes éclatantes. Et le divin Alexandros, l'époux de Hélénè aux beaux cheveux, couvrit ses épaules de ses belles armes. Et il mit autour de ses jambes ses belles knèmides aux agrafes d'argent, et, sur sa poitrine, la cuirasse de son frère Lykaôn, faite à sa taille ; et il suspendit à ses épaules l'épée d'airain aux clous d'argent. Puis il prit le bouclier vaste et lourd, et il mit sur sa tête guerrière un riche casque orné de crins, et ce panache s'agitait fièrement ; et il saisit une forte pique faite pour ses mains. Et le brave Ménélaos se couvrit aussi de ses armes.
Tous deux, s'étant armés, avancèrent au milieu des Troiens et des Akhaiens, se jetant de sombres regards ; et les Troiens dompteurs de chevaux et les Akhaiens aux belles knèrnides les regardaient avec terreur. Ils s'arrêtèrent en face l'un de l'autre, agitant les piques et pleins de fureur.
Et Alexandros lança le premier sa longue pique et frappa le bouclier poli de l'Atréide, mais il ne perça point l'airain, et la pointe se ploya sur le dur bouclier. Et Ménélaos, levant sa pique, supplia le Père Zeus :
- Père Zeus ! fais que je punisse le divin Alexandros, qui le premier m'a outragé, et fais qu'il tombe sous mes mains, afin que, parmi les hommes futurs, chacun tremble d'outrager l'hôte qui l'aura reçu avec bienveillance !
Ayant parlé ainsi, il brandit sa longue pique, et, la lançant, il en frappa le bouclier poli du Priaimide. Et la forte pique, à travers le bouclier éclatant, perça la riche cuirasse et déchira la tunique auprès du flanc. Et Alexandros, se courbant, évita la noire Kèr. Et l'Atréide, ayant tiré
l'épée aux clous d'argent, en frappa le cône du casque ; mais l'épée, rompue en trois ou quatre morceaux, tomba de sa main, et l'Atréide gémit en regardant le vaste Ouranos :
- Père Zeus ! nul d'entre les Dieux n'est plus inexorable que toi Certes, j'espérais me venger de l'outrage d'Alexandros et l'épée s'est rompue dans ma main, et la pique a été vainement lancée, et je ne l'ai point frappé !
Il parla ainsi, et, d'un bond, il le saisit par les crins du casque, et il le traîna vers les Akhaiens aux belles knèmides. Et le cuir habilement orné, qui liait le casque sous le menton, étouffait le cou délicat d'Alexandros ; et l'Atréide l'e˚t traîné et e˚t remporté une grande gloire, si la fille de Zeus, Aphroditè, ayant vu cela, n'e˚t rompu le cuir de boeuf ; et le casque vide suivit la main musculeuse de Ménélaos. Et celuici le fit tournoyer et le jeta au milieu des Akhaiens aux belles knèmides, et ses chers compagnons l'emportèrent. Puis, il se rua de nouveau désirant tuer le Priamide de sa pique d'airain; mais Aphroditè, étant Déesse, enleva très-facilement Alexandros en l'enveloppant d'une nuée épaisse, et elle le déposa dans sa chambre nuptiale, sur son lit parfumé. Et elle sortit pour appeler Hélénè, queue trouva sur la haute tour, au milieu de la foule des Troiennes. Et la divine Aphroditè, s'étant faite semblable à une vieille femme habile à tisser la laine, et qui la tissait pour Hélénè dans la populeuse Lakédaimôn, et qui aimait Hélénè, saisit celle-ci par sa robe nektaréenne et lui dit:
- Viens ! Alexandros t'invite à revenir. Il est couché, plein de beauté et richement vêtu, sur son lit habilement travaillé. Tu ne dirais point qu'il vient de lutter contre un homme, mais tu croirais qu'il va aux danses, ou qu'il repose au retour des danses.
Elle parla ainsi, et elle troubla le coeur de Hélénè mais dès que celle-ci eut vu le beau cou de la Déesse, et son sein d'o˘ naissent les désirs, et ses yeux éclatants, elle fut saisie de terreur, et, la nommant de son nom, elle lui dit :
- ‘ mauvaise ! Pourquoi veux-tu me tromper encore ? Me conduiras-tu dans quelque autre ville populeuse de la Phrygiè ou de l'heureuse Maioniè, si un homme qui t'est cher y habite ? Est-ce parce que Ménélaos, ayant vaincu le divin Alexandros, veut m'emmener dans ses demeures, moi qui
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