Odyssée
Très-puissant, qui ébranles la terre, qu'as-tu dit ? Un Dieu, moins doué de force que toi, n'aurait point cette crainte. Certes, ta gloire se répandra aussi loin que la lumière d'…ôs. Reprends courage, et quand les Akhaiens chevelus auront regagné sur leurs nefs la terre bien-aimée de la patrie, engloutis tout entier dans la mer ce mur écroulé, couvre de nouveau de sables le vaste rivage, et que cette immense muraille des Akhaiens s'évanouisse devant toi.
Et ils s'entretenaient ainsi. Et Hélios se coucha, et le travail des Akhaiens fut terminé. Et ceux-ci tuaient des boeufs sous les tentes, et ils prenaient leurs repas. Et plusieurs nefs avaient apporté de Lemnos le vin qu'avait envoyé le Ièsonide Eunèos, que Hypsipylè avait conçu du prince des peuples lèsôn. Et le Ièsonide avait donné aux Atréides mille mesures de vin. Et les Akhaiens chevelus leur achetaient ce vin, ceux-ci avec de l'airain, ceux-là avec du fer brillant ; les uns avec des peaux de boeufs, les autres avec les boeufs eux-mêmes, et d'autres avec leurs esclaves. Et tous enfin préparaient l'excellent repas.
Et, pendant toute la nuit, les Akhaiens chevelus mangeaient ; et les Troiens aussi et les Alliés mangeaient dans la Ville. Et, au milieu de la nuit, le sage Zeus, leur préparant de nouvelles calamités, tonna terriblement ; et la p‚le crainte les saisit. Et ils répandaient le vin hors des coupes, et aucun n'osa boire avant de faire des libations au très-puissant Kroniôn. Enfin, s'étant couchés, ils go˚tèrent la douceur du sommeil.
Chant 8 :
…ôs au péplos couleur de safran éclairait toute la terre, et Zeus qui se réjouit de la foudre convoqua l'agora des Dieux sur le plus haut faîte de l'Olympos aux sommets sans nombre. Et il leur parla, et ils écoutaient respectueusement :
- …coutez-moi tous, Dieux et Déesses, afin que je vous dise ce que j'ai résolu dans mon coeur. Et que nul Dieu, m‚le ou femelle, ne résiste à mon ordre ; mais obéissez tous, afin que j'achève promptement mon oeuvre. Car si j'apprends que quelqu'un des Dieux est allé secourir soit les Troiens, soit les Danaens, celui-là reviendra dans l'Olympos honteusement ch‚tié. Et je le saisirai, et je le jetterai au loin, dans le plus creux des gouffres de la terre, au fond du noir Tartaros qui a des portes de fer et un seuil d'airain, au-dessous de la demeure d'Aidès, autant que la terre est audessous de l'Ouranos. Et il saura que je suis le plus fort de tous les dieux. Debout, Dieux ! tentez-le, et vous le saurez. Suspendez une chaîne d'or du faîte de l'Ouranos, et tous, Dieux et Déesses, attachez-vous à
cette chaîne. Vous n'entraînerez jamais, malgré vos efforts, de l'Ouranos sur la terre, Zeus le modérateur suprême. Et moi, certes, si je le voulais, je vous enlèverais tous, et la terre et la mer, et j'attacherais cette chaîne au faîte de l'Olympos, et tout y resterait suspendu, tant je suis au-dessus des Dieux et des hommes !
Il parla ainsi, et tous restèrent muets,' stupéfaits de ces paroles, car il avait durement parlé. Et Athènè, la déesse aux yeux clairs, lui dit : notre Père ! Kronide, le plus haut des Rois, nous savons bien que ta force ne le cède à aucune autre ; mais nous gémissons sur les Danaens, habiles à
lancer la pique, qui vont périr par une destinée mauvaise. Certes, nous ne combattrons pas, si tu le veux ainsi, mais nous conseillerons les Argiens, afin qu'ils ne périssent point tous, gr‚ce à ta colère.
Et Zeus qui amasse les nuées, souriant, lui dit :
- Reprends courage, Tritogénéia, chère enfant. Certes, j'ai parlé très-rudement, mais je veux être doux pour toi.
Ayant ainsi parlé, il lia au char les chevaux aux pieds d'airain, rapides, ayant pour crinières des chevelures d'or ; et il s'enveloppa d'un vêtement d'or ; et il prit un fouet d'or bien travaillé, et il monta sur son char.
Et il frappa les chevaux du fouet, et ils volèrent aussitôt entre la terre et l'Ouranos étoilé. Il parvint sur l'Ida qui abonde en sources, o˘ vivent les bêtes sauvages, et sur le Gargaros, o˘ il possède une enceinte sacrée et un autel parfumé. Le Père des hommes et des Dieux y arrêta ses chevaux, les délia et les enveloppa d'une grande nuée. Et il s'assit sur le faîte, plein de gloire, regardant la ville des Troiens et les nefs des Akhaiens.
Et les Akhaiens chevelus s'armaient, ayant mangé en h‚te sous les tentes ; et les Troiens aussi s'armaient dans la Ville ;
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