Odyssée
aussitôt, il sauta de son char avec ses armes ; et, comme le divin Hektôr, les autres Troiens sautèrent aussi de leurs chars, et ils ordonnèrent aux conducteurs de ranger les chevaux sur le bord du fossé ; et, se divisant en cinq corps, ils suivirent leurs chefs.
Avec Hektôr et l'irréprochable Polydamas marchaient les plus nombreux et les plus braves, ceux qui désiraient avec le plus d'ardeur enfoncer la muraille ; et leur troisième chef était Kébrionès, car Hektôr avait laissé
à la garde du char un moins brave guerrier. Et le deuxième corps était commandé par Alkathoos, P‚ris et Agènôr. Et le troisième corps obéissait à
Hélénos et au divin Dèiphobos, deux fils de Priamos, et au héros Asios Hyrtakide que ses chevaux au poil roux et de haute taille avaient amené
d'Arisba et des bords du Sellèis. Et le chef du quatrième corps était le noble fils d'Ankhisès, Ainéias ; et avec lui commandaient les deux Anténorides, Arkélokhos et Akamas, habiles au combat. Et Sarpèdôn, avec Glaukos et le magnanime Astéropaios, commandait les illustres Alliés. Et ces guemers étaient les plus courageux après Hektôr, car il les surpassait tous.
Et s'étant couverts de leurs boucliers de cuir, ils allèrent droit aux Danaens, ne pensant pas que ceux-ci pussent résister, et certains d'envahir les nefs noires. Ainsi les Troiens et leurs alliés venus de loin obéissaient au sage conseil de l'irréprochable Polydamas ; mais le Hyrtakide Asios, prince des hommes, ne voulut point abandonner ses chevaux et leur conducteur, et il s'élança avec eux vers les nefs rapides.
Insensé ! Il ne devait point, ayant évité la noire Kèr, fier de ses chevaux et de son char, revenir des nefs vers la haute Ilios ; et déjà la triste Moire l'enveloppait de la lance de l'illustre Deukalide Idoméneus.
Et il se rua sur la gauche des nefs, à l'endroit o˘ les Akhaiens ramenaient dans le camp leurs chevaux et leurs chars. Il trouva les portes ouvertes, car ni les battants, ni les barrières n'étaient fermés, afin que les guerriers, dans leur fuite, pussent regagner les nefs. Plein d'orgueil, il poussa ses chevaux de ce côté, et ses compagnons le suivaient avec de perçantes clameurs, ne pensant pas que les Akhaiens pussent résister, et certains d'envahir les nefs noires.
Les insensés ! Ils rencontrèrent devant les portes deux braves guerriers, fils magnanimes des belliqueux Lapithes. Et l'un était le robuste Polypoitès, fils de Peirithoos, et l'autre, Léonteus, semblable au tueur Arès. Et tous deux, devant les hautes portes, ils se tenaient comme deux chênes, sur les montagnes, bravant les tempêtes et la pluie, affermis par leurs larges racines. Ainsi, certains de leurs forces et de leur courage, ils attendaient le choc du grand Asios et ne reculaient point.
Et, droit au mur bien construit, avec de grandes clameurs, se ruaient, le bouclier sur la tête, le prince Asios, Iamènès, Orestès, Adamas Asiade, Thoôn et Oinomaos. Et, par leurs cris, les deux Lapithes exhortaient les Akhaiens à venir défendre les nefs. Mais, voyant les Troiens escalader la muraille, les Danaens pleins de terreur poussaient de grands cris. Alors, les deux Lapithes, se jetant devant les portes, combattirent tels que deux sangliers sauvages qui, sur les montagnes, forcés par les chasseurs et les chiens, se retournent impétueusement et brisent les arbustes dont ils arrachent les racines. Et ils grincent des dents jusqu'à ce qu'un trait leur ait arraché la vie.
Ainsi l'airain éclatant résonnait sur la poitrine des deux guerriers frappés par les traits ; et ils combattaient courageusement, confiants dans leurs forces et dans leurs compagnons.
Et ceux-ci lançaient des pierres du haut des tours bien construites, pour se défendre, eux, leurs tentes et leurs nefs rapides. Et de même que la lourde neige, que la violence du vent qui agite les nuées noires verse, épaisse, sur la terre nourricière, de même les traits pleuvaient des mains des Akhaiens et des Troiens. Et les casques et les boucliers bombés sonnaient, heurtés par les pierres. Alors, gémissant et se frappant les cuisses, Asios Hyrtakide parla ainsi, indigné :
- Père Zeus ! certes, tu n'aimes qu'à mentir, car je ne pensais pas que les héros Akhaiens pussent soutenir notre vigueur et nos mains inévitables.
Voici que, pareils aux guêpes au corsage mobile, ou aux abeilles qui b
‚tissent leurs ruches dans un sentier ardu, et qui n'abandonnent
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