Oeuvres de Napoléon Bonaparte, TOME III.
y a déjà eu plusieurs parlementages pour se rendre ; mais ils sont dans la plus grande anarchie.
Le pacha est prisonnier : c'est ce si célèbre Mustapha qui a battu les Russes plusieurs fois la campagne passée. Nous avons pris plus de deux cents drapeaux, et quarante canons de campagne, la plupart de 4 de modèle français. Le général Fugières et le général Murat, le chef de brigade Morangié et Cretin ont été blessés : ce dernier est mort ; le chef de brigade Duvivier a été tué, ainsi que l'adjudant-général Leturc, et mon aide-de-camp Guibert. La cavalerie s'est couverte de gloire : nous avons eu cent hommes tués et quatre cents blessés. Si vous êtes au Caire, retournez le plus tôt possible dans la Haute-Egypte, pour y achever la levée des impositions et des six cents dromadaires ; je vous recommande surtout de faire filer les hommes du septième de hussards, du troisième, du quatorzième et quinzième de dragons.
BONAPARTE.
Au général Reynier.
Vous avez reçu en route, citoyen commandant, l'ordre de retourner dans la Scharkieh.
Ne perdez pas un instant, puisque l'inondation approche, pour lever les impositions.
L'ennemi avait débarqué quinze mille hommes à Aboukir, pas un ne s'est échappé ; plus de huit mille hommes se sont noyés en voulant rejoindre les bâtimens :
leurs cadavres ont été jetés sur la côte au même endroit où furent, l'année dernière, jetés les cadavres anglais et français.
Le pacha a été fait prisonnier.
L'on m'assure que le visir, avec huit mille hommes, est arrivé à Damas ; et qu'il avait le projet de se rendre dans la Scharkieh. Aux moindres nouvelles que vous en auriez, réunissez toute votre division à Belbeis ; ayez soin que Salahieh soit approvisionné ; faites-y une visite pour activer les travaux de manière que les redoutes soient à l'abri d'un coup de main.
Je donne ordre pour qu'on vous fasse passer de Rahmanieh un obusier et une pièce de 8 ; nous ne manquons pas de pièces de 4, car nous en avons pris trente à l'ennemi ; nous avons eu cent hommes tués et quatre cents blessés ; Murat, Fugières, Morangié sont des seconds ; Leturc, Cretin, Duvivier et mon aide-de-camp Guibert, sont des premiers.
Le bataillon de la quatre-vingt-cinquième, qui est à Rosette, va retourner au Caire.
BONAPARTE.
Au général Dugua.
L'état-major vous aura instruit du résultat de la bataille d'Aboukir, c'est une des plus belles que j'aie vues ; de l'armée ennemie débarquée, pas un homme ne s'est échappé.
Le bataillon de la quatre-vingt-cinquième part de Rosette pour se rendre au Caire.
Aux moindres nouvelles de Syrie, réunissez toutes les troupes de la division Reynier à Belbeis.
J'écris au général Desaix de retourner dans la Haute-Egypte.
Le général Lanusse se rend à Menouf.
Le général Kléber sera à Damiette lorsque vous recevrez cette lettre.
Je reste ici quelques jours pour débrouiller ce chaos : d'Alexandrie, au moindre événement, je puis être au Caire dans trois jours.
Comme il est possible que je passe par Rosette, envoyez-m'y les dépêches importantes, que vous m'adresseriez par duplicata.
Je pense rester à Alexandrie jusqu'au 12.
BONAPARTE.
Au général Menou.
La place d'Aboukir est un poste important, je n'ai pas cru pouvoir la confier en meilleures mains que celles de l'adjudant-général Jullien.
Le bataillon de la soixante-neuvième va se rendre auprès de vous pour remplacer celui de la quatre-vingt-cinquième, qu'il est très-urgent de faire passer au Caire.
Dix-huit vaisseaux de guerre français ont passé de Brest à Toulon, où ils sont bloqués par l'escadre anglaise. L'hiver les fera arriver.
Restez à votre position jusqu'à ce que le fort soit pris.
La moitié de la garnison veut se rendre, et l'autre moitié aime mieux se noyer. Ce sont des animaux avec lesquels il faut beaucoup de patience. Au reste, la reddition ne nous coûtera que des boulets.
BONAPARTE.
Au quartier-général d'Alexandrie, le 9 thermidor an 7 (27 juillet 1799).
Au Directoire exécutif.
Bataille d'Aboukir.
Je vous ai annoncé, par ma dépêche du 21 floréal, que la saison des débarquemens me déterminait à quitter la Syrie.
Le 23 messidor, cent voiles, dont plusieurs de guerre, se présentent devant Alexandrie, et mouillent à Aboukir. Le 27, l'ennemi débarque, prend d'assaut, et avec une intrépidité singulière, la redoute palissadée d'Aboukir. Le fort capitule ; l'ennemi débarque son artillerie de campagne,
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