Oeuvres de Napoléon Bonaparte, TOME III.
discordes civiles, ne cherche que des innocens, et ne trouve que des hommes dignes d'excuse ou de pitié.
La constitution reprend son empire. Vous vivrez désormais sous des magistrats qui, presque tous, sont connus de vous par des talens et des vertus ; qui, étrangers aux divisions intestines, n'ont ni haine ni vengeance à exercer. Confiez-vous à leurs soins ; ils rappelleront parmi vous l'harmonie ; ils vous feront jouir du bienfait de la liberté.
Oubliez tous les événemens que le caractère français désavoue ; tous ceux qui ont démenti votre respect pour les lois, votre fidélité à la patrie ; qu'il ne reste de vos divisions et de vos malheurs qu'une haine implacable contre l'ennemi étranger qui les a enfantés et nourris ; qu'une douce confiance vous attache à ceux qui, chargés de vos destinées, ne mettent d'autre prix à leurs travaux que votre estime, qui ne veulent de gloire que celle d'avoir arraché la France aux discordes domestiques, et d'autre récompense que l'espoir de vivre dans votre souvenir.
BONAPARTE.
Au quartier-général de Martigni, le 28 floréal an 8 (18 mai 1800).
Au ministre de l'intérieur.
Citoyen ministre,
Je suis au pied des grandes Alpes, au milieu du Valais.
Le grand Saint-Bernard a offert bien des obstacles qui ont été surmontés avec ce courage héroïque qui distingue les troupes françaises dans toutes les circonstances. Le tiers de l'artillerie est déjà en Italie ; l'armée descend à force ; Berthier est en Piémont ; dans trois jours tout sera passé.
BONAPARTE.
Au quartier-général de Milan, le 17 prairial an 8 (6 juin 1800).
A l'armée de réserve.
PROCLAMATION.
Soldats !
Un de nos départemens était au pouvoir de l'ennemi ; la consternation était dans tout le midi de la France.
La plus grande partie du territoire du peuple ligurien, le plus fidèle ami de la république, était envahi.
La république cisalpine, anéantie dès la campagne passée, était devenue le jouet du grotesque régime féodal.
Soldats ! Vous marchez... et déjà le territoire français est délivré ! la joie et l'espérance succèdent dans notre patrie à la consternation et à la crainte.
Vous rendrez la liberté et l'indépendance au peuple de Gênes. Il sera pour toujours délivré de ses éternels ennemis.
Vous êtes dans la capitale de la Cisalpine !
L'ennemi épouvanté n'aspire plus qu'à regagner ses frontières. Vous lui avez enlevé ses hôpitaux, ses magasins, ses parcs de réserve.
Le premier acte de la campagne est terminé.
Des millions d'hommes, vous l'entendez tous les jours, vous adressent des actes de reconnaissance.
Mais aura-t-on donc impunément violé le territoire français ? Laisserez-vous retourner dans ses foyers l'armée qui a porté l'alarme dans vos familles ? Vous courez aux armes !...
Eh bien marchez à sa poursuite, opposez-vous à sa retraite ; arrachez-lui les lauriers dont elle s'est parée, et par-là apprenez au monde que la malédiction est sur les insensés qui osent insulter le territoire du grand peuple.
Le résultat de tous nos efforts sera gloire sans nuage et paix solide.
Le premier, consul, BONAPARTE.
Au quartier-général de Milan, le 20 prairial an 8 (9 juin 1800).
Aux deux consuls restés à Paris.
Vous aurez vu, citoyens consuls, par les lettres de M. de Melas, qui étaient jointes a ma précédente lettre, que le même jour que l'ordre de lever le blocus de Gênes arrivait au général Ott, le général Masséna, forcé par le manque absolu de vivres, a demandé à capituler. Il paraît que le général Masséna a dix mille combattans ; le général Suchet en a à peu près autant ; si ces deux corps se sont, comme je le pense, réunis entre Oneille et Savonne, ils pourront entrer rapidement en Piémont par le Tanaro, et être fort utiles, dans le temps que l'ennemi serait obligé de laisser quelques troupes dans Gênes.
La plus grande partie de l'armée est dans ce moment à Stradella. Nous avons un pont à Plaisance, et plusieurs trailles vis-à-vis Pavie. Orsi, Novi, Brescia et Crémone sont à nous.
Vous trouverez ci-joints plusieurs bulletins et différentes lettres interceptées, qu'il vous paraîtra utile de rendre publiques.
Je vous salue.
BONAPARTE.
Au quartier-général de Broni, le 2l prairial an 8 (10 juin 1800).
Au citoyen Petiet, conseiller-d'état.
Nous avons eu hier une affaire fort brillante. Sans exagération, l'ennemi a eu quinze cents hommes tués, deux fois autant de blessés ; nous
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