Oeuvres de Napoléon Bonaparte, TOME III.
à les faire rentrer dans la place. Ils ont perdu beaucoup de monde ; nous avons eu trente blessés et douze à quinze tués, parmi lesquels le chef de la quatre-vingt-cinquième, qui était de tranchée. Après-demain nous plaçons nos pièces de 24 pour faire une brèche, et dès l'instant qu'elle sera praticable, nous donnons un assaut général et en masse.
BONAPARTE.Au camp devant Acre, le 13 floréal an 7 (2 mai 1799).
Au commandant du génie.
Je vous prie, citoyen commandant, d'envoyer les citoyens Jacotin et Favier, ingénieurs-géographes, pour lever à la main le cours du Jourdain et les différentes gorges qui y aboutissent, ainsi que la position du général Kléber. Ils se rendront aujourd'hui au camp de ce général.
BONAPARTE.
A l'ordonnateur en chef.
Je vous envoie, citoyen ordonnateur, un ordre au payeur de tenir en Egypte cent mille francs à votre disposition. Il fera escompter sur cette somme tout ce que l'ordonnateur chargé du service aura dépensé.
Faites activer le plus qu'il vous sera possible l'évacuation de vos blessés et de vos malades sur Damiette.
BONAPARTE.
Au même.
Donnez, citoyen ordonnateur, au citoyen Desgenettes, une ordonnance de 2,000 francs sur le Caire. J'ai écrit à Paris, pour qu'il soit payé la même somme à la femme du citoyen Larrey.
BONAPARTE.
Au camp devant Acre, le 20 floréal an 7 (9 mai 1799).
Au contre-amiral Perrée.
Le contre-amiral Ganteaume vous fait connaître, citoyen général, ce que vous avez à faire pour enlever quatre à cinq cents blessés que je fais transporter à Tentoura, et qu'il est indispensable que vous transportiez à Alexandrie et à Damiette : vous vaincrez, par votre intelligence, vos connaissances nautiques et votre zèle, tous les obstacles que vous pourriez rencontrer ; vous et vos équipages acquerrez plus de gloire par cette action que par le combat le plus brillant : jamais croisière n'aura été plus utile que la vôtre, et jamais frégates n'auront rendu un plus grand service à la république.
BONAPARTE.
Au camp devant Acre, le 21 floréal an 7 (10 mai 1799).
Au Directoire exécutif.
Je vous ai fait connaître qu'Achmet Djezzar, pacha d'Acre, de Tripoli et de Damas, avait été nommé pacha d'Egypte, qu'il avait réuni un corps d'armée, et avait porté son avant-garde à El-Arich, menaçant le reste de l'Egypte d'une invasion prochaine ;
Que les bâtimens de transport turcs se réunissaient dans le port de Miri, menaçant de se porter devant Alexandrie, dans la belle saison ; que par les mouvemens qui existaient dans l'Arabie, on devait s'attendre que le nombre des gens d'Yambo qui avaient passé la mer Rouge, augmenterait au printemps.
Vous avez vu, par ma dernière dépêche, la rapidité avec laquelle l'armée a passé le désert, la prise d'El-Arich, de Gaza, de Jaffa, la dispersion de l'armée ennemie, qui a perdu ses magasins, une partie de ses chameaux, ses outres et ses équipages de campagne.
Il restait encore deux mois avant la saison propre au débarquement, je résolus de poursuivre les débris de l'armée ennemie, et de nourrir pendant deux mois la guerre dans le coeur de la Syrie.
Affaire de Kakoun.
Le 25 ventose, à dix heures du matin, nous aperçûmes, au delà du village de Kakoun, l'armée ennemie, qui avait pris position sur nos flancs ; sa gauche composée de gens de Naplouse, anciens Samaritains, était appuyée à un mamelon d'un accès difficile ; la cavalerie était formée à droite.
Le général Kléber se porta sur la cavalerie ennemie ; le général Lannes attaqua la gauche ; le général Murat déploya sa cavalerie au centre.
Le général Lannes culbuta l'ennemi, tua beaucoup de monde, et le poursuivit pendant deux lieues dans les montagnes.
Le général Kléber, après une légère fusillade, mit en fuite la droite des ennemis, et les poursuivit vivement ; ils prirent le chemin d'Acre.
Combat de Caïffa.
Le 27, à huit heures du soir, nous nous emparâmes de Caïffa ; une escadre anglaise était mouillée dans la rade.
Quatre pièces d'artillerie de siége, que j'avais fait embarquer à Alexandrie sur quatre bâtimens de transport, furent prises à la hauteur de Caïffa par les Anglais.
Plusieurs bateaux chargés de bombes et de vivres échappèrent et vinrent mouiller à Caïffa : les Anglais voulurent les enlever ; le chef d'escadron Lambert les repoussa, leur blessa ou tua cent hommes, fit trente prisonniers, et s'empara d'une grosse chaloupe avec une caronade de
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