Oeuvres de Napoléon Bonaparte, TOME III.
après un assaut extrêmement meurtrier, dans un des points les plus essentiels de la place.
Aujourd'hui, nous sommes maîtres des principaux points du rempart.
L'ennemi a fait une seconde enceinte ayant pour point d'appui le château de Djezzar.
Il nous resterait à cheminer dans la ville ; il faudrait ouvrir la tranchée devant chaque maison, et perdre plus de monde que je ne le veux faire.
La saison d'ailleurs est trop avancée ; le but que je m'étais proposé se trouve rempli ; l'Egypte m'appelle.
Je fais placer une batterie de vingt-quatre pour raser le palais de Djezzar, et les principaux monumens de la ville ; je fais jeter un millier de bombes qui, dans un endroit aussi resserré, doivent faire un mal considérable. Ayant réduit Acre en un monceau de pierres, je repasserai le désert, prêt à recevoir l'armée européenne ou turcque, qui, en messidor ou thermidor, voudrait débarquer en Egypte.
Je vous enverrai du Caire une relation des victoires que le général Desaix a remportées dans la Haute-Egypte ; il a déjà détruit plusieurs fois les gens arrivés d'Arabie, et dissipé presque entièrement les mameloucks.
Dans toutes ces affaires, un bon nombre de braves sont morts, à la tête desquels les généraux Caffarelli et Rambaud : un grand nombre sont blessés ; parmi ces derniers, les généraux Bon et Lannes.
J'ai eu, depuis mon passage du désert, cinq cents hommes tués, et le double de blessés.
L'ennemi a perdu plus de quinze mille hommes.
Je vous demande le grade de général de division pour le général Lannes, et le grade de général de brigade pour le citoyen Sougis, chef de brigade d'artillerie.
J'ai donné de l'avancement aux officiers, dont je vous enverrai l'état.
Je vous ferai connaître les traits de courage qui ont distingué un grand nombre de braves.
J'ai été parfaitement content de l'armée : dans des évènemens, et dans un genre de guerre si nouveaux pour des Européens, elle fait voir que le vrai courage et les talens guerriers ne s'étonnent de rien, et ne se rebutent d'aucun genre de privation. Le résultat sera, nous l'espérons, une paix avantageuse, un accroissement de gloire et de prospérité pour la république.
BONAPARTE.
Au camp devant Acre, le 22 floréal an 7 (11 mai 1799).
Au général d'artillerie Dommartin.
Je désire, citoyen général, que vous preniez vos mesures de manière à avoir quarante coups à mitraille par pièce de 24, à tirer dans le cas où l'ennemi voudrait faire des sorties, et dix à boulets ; trente coups de 18 par pièce à mitraille et dix à boulets ; quarante coups à mitraille par pièce de 12, et dix à boulets. Vous réserverez également vos bombes pour les jeter au moment où l'ennemi se réunirait pour faire des sorties : vous pouvez mettre la moitié de la charge ordinaire.
BONAPARTE.
Au camp devant Saint-Jean d'Acre, le 27 floréal an 7 (16 mai 1799).
Bonaparte, général en chef, à l'armée.
Soldats,
Vous avez traversé le désert qui sépare l'Afrique de l'Asie avec plus de rapidité qu'une armée Arabe.
L'armée qui était en marche pour envahir l'Egypte est détruite ; vous avez pris son général, son équipage de campagne, ses bagages, ses outres, ses chameaux.
Vous vous êtes emparés de toutes les places fortes qui défendent les puits du désert.
Vous avez dispersé, aux champs du Mont-Thabor, cette nuée d'hommes accourus de toutes les parties de l'Asie, dans l'espoir de piller l'Egypte.
Les trente vaisseaux que vous avez vus arriver dans Acre, il y a douze jours, portaient l'armée qui devait assiéger Alexandrie ; mais obligée d'accourir à Acre, elle y a fini ses destins : une partie de ses drapeaux orneront votre entrée en Egypte.
Enfin, après avoir, avec une poignée d'hommes, nourri la guerre pendant trois mois dans le coeur de la Syrie, pris quarante pièces de campagne, cinquante drapeaux, fait six mille prisonniers, rasé les fortifications de Gaza, Jaffa, Caïffa, Acre, nous allons rentrer en Egypte : la saison des débarquemens m'y rappelle.
Encore quelques jours, et vous aviez l'espoir de prendre le pacha même au milieu de son palais ; mais, dans cette saison, la prise du château d'Acre ne vaut pas la perte de quelques jours : les braves que je devrais d'ailleurs y perdre sont aujourd'hui nécessaires pour des opérations plus essentielles.
Soldats, nous avons une carrière de fatigues et de dangers à courir.
Après avoir mis l'orient hors d'état de rien faire contre nous
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