Oeuvres de Napoléon Bonaparte, Tome IV.
bataille.
Il s'est passé des faits qui honorent le soldat français : l'état-major s'occupe de les recueillir.
La consommation en munitions à canon a été considérable ; elle a été beaucoup moindre en munitions d'infanterie.
L'aigle d'un des bataillons du dix-huitième régiment ne s'est pas retrouvée ; elle est probablement tombée entre les mains de l'ennemi. On ne peut en faire un reproche à ce régiment ; c'est, dans la position où il se trouvait, un accident de guerre ; toutefois l'empereur lui en rendra une autre lorsqu'il aura pris un drapeau à l'ennemi.
Cette expédition est terminée, l'ennemi, battu, est rejeté à cent lieues de la Vistule. L'armée va reprendre ses cantonnements, et rentrer dans ses quartiers-d'hiver.
A Preussich-Eylau, le 14 février 1807.
Cinquante-neuvième bulletin de la grande armée.
L'ennemi prend position derrière la Pregel. Nos coureurs sont sur Koenigsberg, mais l'empereur a jugé convenable de mettre son armée en quartiers, en se tenant à portée de couvrir la ligne de la Vistule.
Le nombre des canons qu'on a pris depuis le combat de Bergfried se monte à près de soixante. Les vingt quatre que l'ennemi a laissés à la bataille d'Eylau viennent d'être dirigés sur Thorn.
L'ennemi a fait courir la notice ci-jointe : tout y est faux. L'ennemi a attaqué la ville, et a été constamment repoussé ; il avoue avoir perdu vingt mille hommes tués ou blessés. Sa perte est beaucoup plus forte. La prise de neuf aigles est aussi fausse que la prise de la ville.
Le grand-duc de Berg a toujours son quartier-général à Wittemberg, tout près de la Prégel.
Le général d'Hautpoult est mort de ses blessures. Il a été généralement regretté. Peu de soldats ont eu une fin plus glorieuse. Sa division de cuirassiers s'est couverte de gloire à toutes les affaires. L'empereur a ordonné que son corps serait transporté à Paris.
Le général de cavalerie Bouardi-Saint-Sulpice, blessé au poignet, ne voulut pas aller à l'ambulance, et fournit une seconde charge. Sa majesté a été si contente de ses services, qu'elle l'a nommé général de division.
Le maréchal Lefebvre s'est porté le 12 sur Marienwerder. Il y a trouvé sept escadrons prussiens, les a culbutés, leur a pris trois cents hommes, parmi lesquels un colonel, un major et plusieurs officiers, et deux cent cinquante chevaux. Ce qui a échappé à ce combat s'est réfugié dans Dantzick.
A Preussich-Eylau, le 17 février 1807.
Soixantième bulletin de la grande armée.
La reddition de la Silésie avance. La place de Schweidnitz a capitulé. Ci-joint la capitulation. Le gouvernement prussien de la Silésie a été cerné dans Glatz, après avoir été forcé dans la position de Frankenstein et de Neubrode par le général Lefebvre. Les troupes de Wurtemberg se sont fort bien comportées dans cette affaire. Le régiment bavarois de la Tour-et-Taxis, commandé par le colonel Teydis, et le sixième régiment de ligne bavarois, commandé par le colonel Baker, se sont fait remarquer. L'ennemi a perdu dans ces combats une centaine d'hommes tués, trois cents faits prisonniers.
Le siége de Kosel se poursuit avec activité.
Depuis la bataille d'Eylau, l'ennemi s'est rallié derrière la Prégel. On concevait l'espoir de le forcer dans cette position, si la rivière fût restée gelée ; mais le dégel continue, et cette rivière est une barrière au-delà de laquelle l'armée française n'a pas intérêt de le jeter.
Du côté de Willemberg, trois mille prisonniers russes ont été délivrés par un parti de mille Cosaques.
Le froid a entièrement cessé ; la neige est partout fondue, et la saison actuelle nous offre le phénomène, au mois de février, du temps de la fin d'avril.
L'armée entre dans ses cantonnemens.
Preussich-Eylau, le 16 février 1807.
Proclamation.
Soldats !
Nous commencions à prendre un peu de repos dans nos quartiers d'hiver, lorsque l'ennemi a attaqué le premier corps et s'est présenté sur la Basse-Vistule. Nous avons marché à lui ; nous l'avons poursuivi l'épée dans les reins pendant l'espace de quatre-vingts lieues. Il s'est réfugié sous les remparts de ses places, et a repassé la Prégel. Nous lui avons enlevé, aux combats de Bergfried, de Deppen, de Hoff, à la bataille d'Eylau, soixante-cinq pièces de canon, seize drapeaux, et tué, blessé ou pris plus de quarante mille hommes. Les braves qui, de notre côté, sont restés sur le champ d'honneur, sont morts
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