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Oeuvres de Napoléon Bonaparte, Tome IV.

Oeuvres de Napoléon Bonaparte, Tome IV.

Titel: Oeuvres de Napoléon Bonaparte, Tome IV. Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Napoléon Bonaparte
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mais sans qu'on pût reconnaître que sa cavalerie avait battu, en retraite toute la nuit. Le général Suwarow et plusieurs autres officiers ennemis ont été tués. L'ennemi a abandonné un grand nombre de blessés. On en avait ramassé douze cents ; on en ramassait à chaque instant. Sept pièces de canon et deux drapeaux sont les trophées de la victoire. L'ennemi a laissé treize cents cadavres sur le champ de bataille. De notre côté, nous avons perdu soixante hommes tués et quatre à cinq cents blessés ; mais une perte vivement sentie est celle du général de brigade Campana, qui était un officier d'un grand mérite et d'une grande espérance. Il était né dans le département de Marengo. L'empereur a été très-peiné de sa perte. Le cent-troisième régiment s'est particulièrement distingué dans cette affaire. Parmi les blessés sont le colonel Duhamel, du vingt-unième régiment d'infanterie légère, et le colonel d'artillerie Nourrit.
L'empereur a ordonné au cinquième corps de s'arrêter et de prendre ses quartiers d'hiver. Le dégel est affreux. La saison ne permet pas de rien faire de grand : c'est celle du repos. L'ennemi a le premier levé ses quartiers ; il s'en repent.

Osterode, le 28 février 1807.
    Soixante-troisième bulletin de la grande armée.
Le capitaine des grenadiers à cheval de la garde impériale, Auzouï, blessé à mort à la bataille d'Eylau, était couché sur le champ de bataille. Ses camarades viennent pour l'enlever et le porter à l'ambulance. Il ne recouvre ses esprits que pour leur dire : «Laissez-moi, mes amis ; je meurs content, puisque nous avons la victoire, et que je puis mourir sur le lit d'honneur, environné de canons pris à l'ennemi et des débris de leur défaite. Dites à l'empereur que je n'ai qu'un regret ; c'est que, dans quelques momens, je ne pourrai plus rien pour son service et pour la gloire de notre belle France. A elle mon dernier soupir.» L'effort qu'il fit pour prononcer ces paroles épuisa le peu de forces qui lui restaient.
Tous les rapports que l'on reçoit s'accordent à dire que l'ennemi a perdu à la bataille d'Eylau vingt généraux et neuf cents officiers tués et blessés, et plus de trente mille hommes hors de combat.
Au combat d'Ostrolenka, du 16, deux généraux russes ont été tués et trois blessés.
Sa Majesté a envoyé à Paris les seize drapeaux pris à la bataille d'Eylau. Tous les canons sont déjà dirigés sur Thorn. Sa Majesté a ordonné que ces canons seraient fondus, et qu'il en serait fait une statue en bronze du général d'Hautpoult, commandant la deuxième division de cuirassiers, dans son costume de cuirassier.
L'armée est concentrée dans ses cantonnemens, derrière la Passarge, appuyant sa gauche à Marienwerder, à l'île du Nogat et à Elbing, pays qui fournissent des ressources.
Instruit qu'une division russe s'était portée sur Braunsberg, à la tête de nos cantonnemens, l'empereur a ordonné qu'elle fût attaquée.
    Le prince de Ponte-Corvo chargea de cette expédition le général Dupont, officier d'un grand mérite.
Le 26, à deux heures après-midi, le général Dupont se présenta devant Braunsberg, attaqua la division ennemie, forte de dix mille hommes, la culbuta à la baïonnette, la chassa de la ville et lui fit repasser la Passarge, lui prit seize pièces de canon, deux drapeaux, et lui fit deux mille prisonniers. Nous avons eu très-peu d'hommes tués.
Du côté de Gustadt, le général Léger-Belair se porta au village de Peterswalde à la pointe du jour du 25, sur l'avis qu'une colonne russe était arrivée dans la nuit à ce village, la culbuta, prit le général baron de Korff qui la commandait, son état-major, plusieurs lieutenans-colonels et officiers, et quatre cents hommes. Cette brigade était composée de dix bataillons, qui avaient tellement souffert qu'ils ne formaient que seize cents hommes présens sous les armes.
L'empereur a témoigné sa satisfaction au général Savary pour le combat d'Ostrolenka, lui a accordé la grande décoration de la légion-d'honneur, et l'a rappelé près de sa personne. Sa Majesté a donné le commandement du cinquième corps au maréchal Masséna, le maréchal Lannes continuant à être malade.
A la bataille d'Eylau, le maréchal Augereau couvert de rhumatismes, était malade et avait à peine connaissance ; mais le canon réveille les braves : il revole au galop à la tête de son corps, après s'être fait attacher sur son cheval.

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